Taxe sur les « surprofits » en Italie : les énergéticiens sortent leurs calculettes

  • AFP
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Le géant italien de l'énergie Enel a estimé lundi "entre 7 et 10 millions d'euros" le coût pour l'entreprise de la taxe sur les "surprofits" des sociétés du secteur instaurée par le gouvernement de Mario Draghi afin d'alléger les factures des familles et entreprises.

L'impact pour Enel de cette mesure annoncée vendredi est quasiment "zéro, c'est environ entre 7 et 10 millions d'euros", a déclaré son PDG, Francesco Starace, sur la chaîne Bloomberg TV. Dans la mesure où le groupe a conclu des contrats à terme garantissant des prix fixes pendant deux ans, il reste à l'abri des fluctuations de cours, et "donc nous n'avons pas de profits ou +surprofits+ dus à la volatilité" du marché, a-t-il assuré.

Interrogé par l'AFP, le groupe italien des hydrocarbures Eni a jugé "prématuré" de "fournir un montant précis". Selon des "estimations provisoires", le coût de la taxe pour l'entreprise serait d'au maximum "quelques centaines de millions d'euros", a indiqué un porte-parole. L'argent récolté grâce à ce nouvel impôt aidera à financer un train de mesures de 4,4 milliards d'euros destiné à alléger la flambée des prix de l'énergie pour les ménages et entreprises.

Une taxe de 10% sera prélevée sur les bénéfices avant impôts "supplémentaires" réalisés entre octobre 2021 et mars 2022, en les comparant aux profits de la même période un an auparavant. "Globalement, l'impact nous semble limité" et il n'est donc "pas clair de quelle manière le gouvernement peut récupérer 4 milliards d'euros de cette contribution", ont commenté les analystes d'Equita.

Les effets de cette taxe "sur les entreprises cotées du secteur ne semblent pas particulièrement importants", ont-il résumé. Enel avait affiché en 2021 un bénéfice net de 3,19 milliards d'euros, alors que Eni a engrangé 5,82 milliards d'euros.

« Spéculation »

Le gouvernement espagnol avait de son côté envisagé de taxer les "surprofits" réalisés par les grands groupes énergétiques en septembre, avant de faire marche arrière en décembre, face à la fronde des entreprises du secteur.

"La volatilité des prix du gaz en Europe est totalement hors de contrôle", a constaté M. Starace, avant de plaider pour un mécanisme permettant de "contrôler, réguler les prix pendant au moins douze mois". "Il est évident que le marché n'est plus le reflet d'échanges commerciaux mais il n'est guidé que par la spéculation", a-t-il fait valoir.

Détenu à 23,6% par l'État italien, Enel est "en train d'arrêter les investissements en Russie" et de "réduire son exposition", et devrait "à terme quitter le pays si la situation reste comme ça", a expliqué M. Starace. Le groupe, présent en Russie depuis 2004, y exploite trois centrales thermiques et deux parcs éoliens. Le retrait de la Russie "est une question de mois", a estimé son PDG.

Eni, contrôlé à 30,3% par l'État italien, avait annoncé début mars céder sa part de 50% dans le gazoduc Blue Stream, qu'il détient à égalité avec le géant russe Gazprom, dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

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