Tensions dans le Golfe : l'Iran exclut de parler avec Washington

  • AFP
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Téhéran a exclu mardi toute négociation avec les États-Unis, où le président Donald Trump semble disposé à rencontrer son homologue iranien tout en menaçant la République islamique à la suite d'attaques contre l'Arabie saoudite que des responsables américains imputent à l'Iran.

Ces attaques sur deux installations pétrolières importantes du royaume ont été revendiquées par les rebelles Houthis du Yémen, qui sont soutenus par l'Iran, le grand rival régional du royaume saoudien. S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un responsable américain a déclaré à l'AFP à Washington que les États-Unis avaient la certitude que ces raids avaient été menés depuis le sol iranien et que des missiles de croisière avaient été utilisés.

L'administration américaine prépare un dossier pour prouver ses dires et convaincre la communauté internationale, notamment les Européens, à l'Assemblée générale de l'ONU la semaine prochaine, a-t-il ajouté. Lundi, l'Arabie saoudite avait affirmé, sans fournir de preuve, que les armes utilisées étaient iraniennes.

Les attaques ont entraîné une chute de moitié de la production saoudienne, à hauteur de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6% de l'approvisionnement mondial de pétrole.

Après leur flambée record de la veille, les prix du pétrole chutaient mardi vers 14h00 GMT après des informations de presse indiquant que la production saoudienne pourrait être rétablie d'ici deux à trois semaines. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord chutait ainsi de 5,35% à 65,35 dollars à Londres, et celui de WTI de 4,36% à 60,16 dollars à New York.

Lundi, le Brent, référence du marché mondial, avait bondi de plus de 14,6%, sa progression la plus forte depuis 1988. Le WTI, baril de référence à New York, avait pris, lui, 14,7%, soit sa plus forte hausse depuis décembre 2008.

« Désescalade »

Parlant devant des étudiants à Téhéran, l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, a exclu toute négociation directe avec les Etats-Unis dans les conditions actuelles.

"Si les États-Unis [...] se repentent de s'être retirés", en 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien, et qu'ils décident d'y revenir, "alors ils pourront participer aux discussions entre l'Iran et les autres membres" parties à cet accord, a-t-il déclaré. "Sinon, aucune négociation n'aura lieu entre la République islamique et des responsables américains à quelque niveau" que ce soit, "à New York" ou ailleurs, a ajouté le numéro un iranien selon un extrait de son discours diffusé par la télévision d'Etat iranienne.

Dimanche, la Maison Blanche avait indiqué que Donald Trump n'excluait pas l'hypothèse d'une rencontre avec le président iranien Hassan Rohani malgré les accusations de certains responsables américains tenant Téhéran pour responsable des attaques de samedi. Celles-ci ont réveillé la crainte d'un affrontement militaire avec l'Iran.

Washington et Téhéran ont frôlé l'affrontement militaire direct en juin. M. Trump avait dit avoir annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes après que la République islamique eut abattu un drone américain. En visite au Caire, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a appelé à la "désescalade".

Un appel similaire a été lancé de Pékin par Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise qui a appelé "toutes les parties concernées à s'abstenir de toute mesure qui mènerait à une escalade". Et la chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que son pays se tiendrait "toujours du côté de la désescalade". "Jusqu'à maintenant la France ne dispose pas de preuves permettant de dire : ces drones sont venus de tel ou tel endroit", a dit M. Le Drian en réponse à une question sur la possible responsabilité de l'Iran.

Accusations « insensées »

Ces dernières semaines, pour tenter de faire baisser les tensions entre Téhéran et Washington, Paris a poussé l'idée d'une rencontre entre MM. Trump et Rohani en marge de l'assemblée générale des Nations unies devant s'ouvrir dans quelques jours à New York.

Mais le président iranien et d'autres responsables à Téhéran ont dit et répété qu'une telle rencontre était exclue tant que les États-Unis maintiendraient les sanctions économiques qu'ils ont imposées ou réimposées à Téhéran depuis août 2018 après leur sortie de l'accord sur le nucléaire iranien.

Lundi, le ministre de la Défense américain Mark Esper avait assuré que le Pentagone travaillait avec les partenaires des États-Unis pour répondre à l'attaque "sans précédent" en Arabie saoudite "et défendre l'ordre international sapé par l'Iran". "Il semble" que Téhéran soit derrière les attaques, mais "je veux savoir avec certitude qui est responsable", avait néanmoins déclaré M. Trump.

Accusé par Riyad et Washington d'armer les Houthis, l'Iran a toujours démenti, et a rejeté comme "insensées" les accusations américaines à son égard.

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