Tensions USA-Venezuela, l'ONU appelle à "éviter toute nouvelle escalade"

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le Secrétaire général Nations unies a appelé mercredi à "éviter toute nouvelle escalade" entre les Etats-Unis et le Venezuela, après un entretien téléphonique avec le président Nicolas Maduro qui a dénoncé auprès de lui "une menace directe contre la souveraineté, le droit international et la paix".

Antonio Guterres "appelle à la retenue et à un apaisement immédiat de la situation", a dit un de ses porte-parole, Farhan Haq lors d'un point presse, au lendemain de l'annonce américaine d'un "blocus total" contre les pétroliers sous sanctions se rendant ou partant du pays.

Au cours de cet entretien, M. Maduro "a dénoncé les récentes déclarations publiques du président des Etats-Unis (...) dans lesquelles il a affirmé de manière inacceptable que le pétrole, les richesses naturelles et le territoire vénézuéliens lui appartenaient", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères vénézuélien.

M. Maduro "a souligné que de telles déclarations doivent être rejetées catégoriquement par les Nations unies, car elles constituent une menace directe contre la souveraineté, le droit international et la paix", ajoute le texte, alertant sur les "graves implications pour la paix régionale".

Malgré l'annonce de blocus, la compagnie pétrolière nationale (PDVSA) a affirmé mercredi que "les opérations d'exportation de pétrole brut et de produits dérivés se déroulent normalement. Les pétroliers continuent de naviguer en toute sécurité".

Pour justifier son annonce qui a fait monter les prix du pétrole sur les marchés, Donald Trump a estimé mardi que le Venezuela utilise le pétrole pour financer "le narcoterrorisme, la traite d'êtres humains, les meurtres et les enlèvements".

Plus tôt mercredi, le ministre de la Défense Vladimir Padrino a affirmé que l'armée vénézuélienne n'est "pas intimidée" par "les menaces grossières et arrogantes" de Trump.

L'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix 2025, qui a quitté Oslo sans que sa destination prochaine ne soit connue, a elle salué le durcissement de la politique américaine contre Caracas et appelé ce week-end à augmenter la "pression" afin que "Maduro comprenne qu'il doit partir".

L'administration Trump accuse Maduro d'être à la tête d'un vaste réseau de narcotrafic, et les Etats-Unis ont déployé depuis cet été un important dispositif militaire dans les Caraïbes, et bombardé des embarcations en provenance du Venezuela au nom de la lutte contre le narcotrafic, tuant au moins 95 personnes sans jamais fournir de preuve de leur implication dans un quelconque trafic.

Le déploiement américain "ne fera que s'accroître, et le choc qu'ils subiront sera sans précédent - jusqu'à ce qu'ils rendent aux Etats-Unis d'Amérique le pétrole, les terres et les autres actifs qu'ils nous ont précédemment volés", a martelé Donald Trump, qui maintient le flou sur une possible intervention terrestre au Venezuela.

- "Souveraineté" -

La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, en a appelé mercredi aux Nations unies pour "éviter une effusion de sang" au Venezuela.

"Qu'elle que soit l'opinion" que l'on peut avoir de Nicolas Maduro, la position du Mexique "sera toujours une opposition aux interventions (...) et aux ingérences étrangères".

La semaine dernière, les forces américaines avaient saisi en mer des Caraïbes un pétrolier à destination de Cuba. Le Skipper transportait entre un et deux millions de barils de brut vénézuélien, selon les sources, pour une valeur de 50 à 100 millions de dollars.

Soumis à un embargo américain depuis 2019, le pétrole vénézuélien, principale ressource du pays, est écoulé sur le marché noir à des prix en dessous du marché, à destination notamment de la Chine.

Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a dit mercredi à son homologue vénézuélien Yvan Gil l'opposition de Pékin à toute tentative d'"intimidation unilatérale" et dit soutenir "chaque pays dans la défense de sa propre souveraineté et de sa dignité nationale".

"Le Venezuela a le droit de développer de manière indépendante une coopération mutuellement bénéfique avec d'autres pays", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans son résumé de l'entretien.

Le blocus américain est "un exemple manifeste de piraterie d'État et de brigandage armé en mer", a estimé le gouvernement iranien dans un communiqué, ajoutant que "les menaces, les blocus économiques et le recours à la force contre un État indépendant, membre des Nations Unies, constituent une violation évidente des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies".

Joaquin Castro, représentant démocrate du Texas, a pour sa part dénoncé sur X le blocus naval, selon lui "incontestablement un acte de guerre. Une guerre que le Congrès n'a jamais autorisée et dont le peuple américain ne veut pas".

La chambre des représentants, à majorité républicaine, devra se prononcer jeudi sur une résolution "enjoignant au président de mettre fin aux hostilités", a-t-il affirmé. Chaque député "aura l'occasion de décider s'il soutient l'envoi d'Américains dans une nouvelle guerre de changement de régime".

Mercredi, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de troupes en Equateur, dont le président Daniel Noboa est un allié de Trump, pour une "opération temporaire" contre le narcotrafic.

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