Le marché carbone européen étendu aux carburants et au chauffage ? Les 27 s'interrogent...

  • AFP
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Les Vingt-Sept examinent "les façons de rendre supportable et acceptable socialement" le projet controversé de Bruxelles visant à renchérir le prix des carburants et du fioul de chauffage dans l'UE, tout en évaluant son efficacité, a indiqué la France à l'issue d'une réunion des ministres européens terminée samedi.

Pour sabrer davantage les émissions de CO2 de l'UE, la Commission européenne avait proposé mi-juillet d'étendre le marché carbone existant : après les industriels et énergéticiens, les fournisseurs de carburant routier et de fioul domestique pourraient être eux aussi contraints d'acheter des "quotas d'émissions" dès 2025. Une majorité d'États membres, qui doivent désormais examiner le texte, avaient aussitôt exprimé leur vive opposition, s'inquiétant du probable surcoût répercuté sur les entreprises et les ménages les plus fragiles, en dépit du "fonds social" prévu par Bruxelles.

Réunis à Amiens (nord de la France) entre jeudi et samedi, les ministres européens de l'Environnement et de l'Énergie ont eu des "échanges très riches" et "constructifs", et "pas simplement des prises de position de posture", a déclaré la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili à l'issue de la rencontre. "Nous nous sommes demandés si c'était l'outil le plus efficace, le bon levier" pour réduire les émissions carbone, par rapport par exemple à des "mesures réglementaires" pour imposer aux entreprises des seuils maximaux d'émissions, a-t-elle expliqué.

Alors que le dispositif "suscite de nombreuses expressions d'inquiétude", les ministres se sont penchés sur "l'impact prévisible pour les ménages, notamment les plus modestes" et ont réfléchi "aux outils qu'on peut mettre en place pour que cette mise en place éventuelle d'un (second marché carbone) puisse être supportable et acceptable socialement, et par tous les pays", a insisté Barbara Pompili. "On n'est pas encore arrivé à faire se rejoindre tous les points de vue, mais clairement cette discussion a été utile", a-t-elle conclu.

Les États doivent s'accorder sur le projet de Bruxelles, avant des négociations avec les eurodéputés. Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement européen et proche du président français Emmanuel Macron, est farouchement hostile à la proposition, redoutant "un effet gilet jaunes européen". "Nous pensons que ce marché carbone est un outil efficace pour atteindre nos objectifs de décarbonation. Et si les États n'en veulent pas, il faut le remplacer par des mesures alternatives" pour sabrer les émissions dans les transports routiers et les bâtiments, a cependant prévenu à Amiens, le commissaire à l'Environnement Virginijus Sinkevicius.

Commentaires

Denis Gourgouillon

Plutôt que les oukazes et diktat de nos ecolos ces idées sont bienvenues et rassurantes.
Oui à la recherche et à. l'innovation NON aux dictateurs écolos Rappelez vous la convention citoyenne beaucoup de dictat pas un brin d'innovation
Normal le chef était Tobiana

FLUCHERE

Si on doit faire un marché du carbone et si on n'inclue pas les carburants et le chauffage aux produits fossiles, faudra t'-il l'étendre au jus d'orange ?

Jean BLIN

Et les voila à nous faire payer l'air en en faisant une marchandise "le marché carbone" : Les capitalistes de tous poils émettent du CO2 lors des fabrications. Ils peuvent racheter des Droits à polluer auprès d'autres capitalistes qui ne produisent pas CO2 lors des fabrications de leurs produits, ça c'est de l'écologie ! Et nous qui sommes obligés d'acheter des biens frappés d'une "taxe carbone" payons ces droits à polluer : Ils nous vendent vraiment l'air (pollué) qu'on respire ! C'est un mécanisme aussi beau qu'une centrale électrique à charbon allemande ou qu'une Volskwagen période Dieselgate !

Guillaume

Denis Gourgouillon, vous trouvez que cette idée de marché carbone venue de Bruxelles est "bienvenue et rassurante" et qu'il s'agit de "recherche et d'innovation" ? Les écolos ne sont pas pour un diktat ni, dans l'absolu, pour un marché carbone, tout du moins il faudrait le coupler à des mesures sociales de baisse des consommations par exemple. Ainsi, ils sont POUR un grand plan de rénovation énergétique globale des bâtiments avec cette fois-ci de vrais financements, pas une usine à gaz inaccessible aux classes populaires comme actuellement. Et ils sont POUR développer des alternatives au tout routier. Tout ceci créant de l'emploi et de l'activité. Le diktat actuel est celui de l'ultralibéralisme qui préside en Europe et celui du climat. J'en reste à la dernière phrase de l'article qui est bienvenue et bien plus innovante qu'un "marché carbone" : "Et si les États n'en veulent pas, il faut le remplacer par des mesures alternatives" pour sabrer les émissions dans les transports routiers et les bâtiments".

Albatros

Guillaume, je me demande vraiment si les soutiens apportés aux revenus qui ont permis de réduire drastiquement l'impact de la crise sanitaire sont de "l'ultra-libéralisme". Il serait opportun de veiller au sens des mots quand on s'exprime par écrit. Un peu de décence s'il vous plaît.
Par contre, il me semble observer une dérive très dangereuse tant pour les libertés que pour les revenus dans les propositions des écologistes politiques. Cela m'amène à affirmer que l'écologie n'est pas une chose exclusive aux formations politiques qui s'en réclament. En clair, c'est trop sérieux pour être abandonné à l'écologisme religieux radical en plein développement dans nos sociétés.
Merci et bonne journée.

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