Ukraine : l'AIEA « profondément » inquiète à propos de la centrale nucléaire de Zaporojie

  • AFP
  • parue le

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a exprimé dimanche sa "profonde inquiétude" à la suite d'informations concernant l'interruption des communications avec la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d'Europe, dont la Russie s'est emparée vendredi.

L'AIEA, organisme de surveillance des Nations unies dans le domaine du nucléaire, a déclaré dans un communiqué que l'Ukraine l'avait informée que la direction de cette centrale, située dans le sud-est du territoire ukrainien, était désormais sous les ordres des forces russes.

Kiev a également dit que les militaires russes avaient coupé certains réseaux mobiles et internet et que les lignes téléphoniques, les boîtes aux lettres électroniques et les fax ne fonctionnaient plus. D'après les autorités ukrainiennes, seules les communications par téléphone mobile y sont encore possibles, mais de mauvaise qualité, a précisé l'AIEA.

"Je suis extrêmement préoccupé par ces évènements qui m'ont été rapportés aujourd'hui", a déclaré le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi. "Afin d'être en mesure d'exploiter la centrale en toute sécurité, la direction et le personnel doivent être autorisés à effectuer leurs tâches vitales dans des conditions stables, sans ingérence ou pression extérieure indue".

Il s'est à cet égard dit "profondément préoccupé" par "la détérioration de la situation concernant les communications vitales entre l'autorité de régulation et la centrale nucléaire de Zaporojie". "Des communications fiables entre le régulateur et l'exploitant sont un élément essentiel de la sûreté et de la sécurité nucléaires globales", a-t-il noté.

Dimanche, le président russe Vladimir Poutine a dit à son homologue français Emmanuel Macron qu'il "n'était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires", a fait savoir la présidence française.

Le chef de l'État russe a affirmé à cette occasion que "la sécurité physique et nucléaire" de la centrale de Zaporojie était assurée, selon le Kremlin. Il a donné son accord afin qu'"un dialogue s'engage entre AIEA, Ukraine et Russie pour que les centrales soient mises en sécurité", a relevé Paris.

L'AIEA a en outre signalé que le régulateur nucléaire ukrainien l'avait informée que les communications avec le personnel de la centrale ukrainienne de Tchernobyl - théâtre d'un accident nucléaire majeur en 1986 -, qui a été prise par les soldats russes le 24 février, n'étaient possibles pour l'instant que par courrier électronique.

Ses employés ne seraient pas non plus en mesure d'effectuer des rotations, ce qui a conduit M. Grossi à insister sur "l'importance pour le personnel d'exploitation de pouvoir se reposer afin d'effectuer ses tâches importantes en toute sécurité".

Le patron de l'AIEA a proposé vendredi de se rendre en Ukraine, quelques heures après que les forces russes ont pris le contrôle de la centrale de Zaporojie à la suite de combats avec les troupes ukrainiennes, qui ont provoqué un incendie et fait craindre un accident nucléaire.

L'Ukraine compte quatre centrales nucléaires en activité (15 réacteurs), qui lui fournissent environ la moitié de son électricité, ainsi que des dépôts de déchets nucléaires tels que celui de Tchernobyl.

Commentaires

Guillaume

@Serge Rochain, je suis étonné que sur une autre article à propos du même sujet, vous soyez presque rassurant quant au bombardement d'une centrale nucléaire, quand bien même ça ne serait "que" des bâtiments "non nucléaires" qui auraient été touchés. En effet, je pensais que vous en profiteriez pour démontrer l'extrême dangerosité et vulnérabilité des centrales nucléaires en cas de crise majeure (bombardements, attentats, sécheresse...), ce que n'a pas manqué de faire, par exemple et à raison, Greenpeace. Et il n'est pas impossible qu'en cas d'engrenage fatal, la France et ses centrales soient elles aussi, un jour, bombardées. Avec quelles conséquences ? Je pense qu'à la lumière de ces évènements on ne peut être que contre le nucléaire et appeler au développement d'autres énergies + efficacité énergétique (on sait faire des bâtiments à énergie positive), voire, en période de crise, à rationner, oui osons le mot car envisagé au plus haut sommet de l’État, le temps de développer d'autres sources d'énergie, ce qui n'est pas improbable malheureusement si nous devions nous passer du gaz russe du jour au lendemain, c'est à dire, dans 6 mois. Hypothèse envisagée par le Président de la République himself et des producteurs tels qu'Engie dans une note datant d'hier. Cordialement

jean-jacques Attia

Vos peurs, M. Guillaume, méritent d'être nuancées.

Il faudra bien un jour que les opposants à l'utilisation civile de l'énergie nucléaire fassent la distinction : les centrales nucléaires ne sont pas des bombes nucléaires.

Lutter contre les centrales nucléaires, jusqu'à obtenir leur fermeture, n'aide en rien face à la menace, hélas bien réelle et beaucoup plus définitive, des bombes nucléaires.
Il n'y avait pas de centrales nucléaires à Hiroshima, il n'y en avait pas à Nagasaki.
Il y avait des gens, comme vous et moi.

C'est la guerre qu'il faut combattre, tout ce qui la permet, tout ce qui la prolonge.

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