Une récession se dessine pour 2023 en zone euro, avertissent des responsables de la BCE

  • AFP
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L'activité économique de la zone euro est susceptible d'entrer en récession en 2023 sur fond de guerre durable en Ukraine, ont déclaré vendredi deux hauts responsables de la Banque centrale européenne (BCE).

"Les perspectives de croissance sont principalement orientées à la baisse, notamment en raison des conséquences économiques de la guerre en Ukraine", a expliqué la présidente de la BCE Christine Lagarde dans un discours devant le Comité monétaire et financier international (IMFC), l'instance politique du FMI.

Si l'ancienne patronne du FMI ne prononce pas le mot de récession, elle souligne que "les perspectives se sont assombries" depuis cet été en raison d'une "inflation élevée", qui a atteint 10% en septembre en zone euro.

"La diminution des effets de réouverture (post crise du Covid-19)", "l'affaiblissement de la demande mondiale" et "la baisse de la confiance" pèsent également.

Ces facteurs "sont susceptibles de provoquer un ralentissement significatif de la croissance du PIB de la zone euro au second semestre et au début de 2023", ajoute-t-elle.

Des soutiens à l'économie existent cependant, comme le niveau d'épargne accumulée des ménages, un marché du travail robuste et des soutiens budgétaires y compris le plan de relance européen, selon Mme Lagarde.

- Scénario baissier -

La BCE a établi en septembre plusieurs hypothèses pour la croissance de la zone euro en 2023 et "ce que nous considérions comme notre scénario baissier (...) se rapproche du scénario de base", a quant à lui déclaré Luis de Guindos vendredi dans une interview au quotidien lituanien Verslo Zinios.

Dans le scénario baissier, le produit intérieur brut de la zone euro se contracterait de près de 1% l'an prochain, tandis que celui de référence prévoit une croissance de 0,9%.

La différence "réside dans l'évolution des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie", a rappelé M. de Guindos.

Dans l'hypothèse de base, 20% des livraisons d'énergie continueraient d'être fournies, contre une coupure totale dans le pire des cas, qui est désormais le scénario le plus clairement envisagé.

Pour résumer, la zone euro est confrontée à "une combinaison très difficile de faible croissance économique, y compris la possibilité d'une récession technique, et d'inflation élevée", selon M. de Guindos.

Avant que la récession ne se matérialise, la BCE a commencé en juillet à resserrer de manière abrupte ses taux car son obsession est de ramener l'inflation à l'objectif de 2%.

La prochaine réunion du conseil des gouverneurs de l'institution, prévue le 27 octobre, pourrait déboucher sur une nouvelle hausse de 0,75 point des taux directeurs, comme en septembre, selon les déclarations de banquiers de la zone euro et d'observateurs.

Entre une croissance économique plus faible, une inflation plus élevée et des conditions de financement plus strictes, le tout fait que "les perspectives de stabilité financière se sont détériorées" en ayant de quoi exercer "une pression sur la capacité de service de la dette des entreprises et des ménages", a également prévenu Mme Lagarde.

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