Uramin: l'ex-directeur financier d'Areva mis en examen

  • AFP
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L'ancien directeur financier d'Areva, Alain-Pierre Raynaud, a été mis en examen par les juges d'instruction qui enquêtent sur le rachat désastreux pour le spécialiste du nucléaire de la société minière Uramin en 2007, a-t-on appris mercredi de source proche de l'enquête. Il a été mis en examen pour "complicité de présentation et publication de comptes inexacts" ainsi que "complicité de diffusion de fausses informations", a précisé cette source, confirmant une information du Canard enchaîné.

L'enquête porte sur le rachat en 2007 d'Uramin pour 1,8 milliard d'euros. L'exploitation des gisements d'uranium de l'entreprise canadienne en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique s'était avérée beaucoup plus difficile que prévu et l'opération s'était transformée en gouffre financier pour Areva.

Deux informations judiciaires sont ouvertes depuis 2014: l'une porte sur les conditions d'acquisition d'Uramin, l'autre sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir ses pertes, les années précédentes étant couvertes par la prescription. C'est dans le cadre de cette seconde enquête qu'Anne Lauvergeon a été mise en examen le 13 mai pour "présentation et publication de comptes inexacts" ainsi que "diffusion de fausses informations", et placée sous le statut, moins défavorable, de témoin assisté pour "abus de pouvoir".

Les magistrats cherchent à savoir si certains responsables d'Areva ont dissimulé la valeur réelle des mines rachetées à Uramin pour retarder au maximum l'inscription de provisions dans les comptes. Fin 2011, six mois après le départ d'Anne Lauvergeon, le groupe avait fini par annoncer de lourdes pertes et une provision de 1,5 milliard d'euros sur la valeur de la société minière.

Mais plusieurs courriels internes, dont l'AFP a eu connaissance, montrent que la direction avait été alertée par la division des mines dès 2008 des difficultés d'exploitation des sites d'Afrique du Sud et de Namibie. "Nous ne disions pas que ces risques n'existaient pas, mais nous demandions (à la division des mines) des documents étayant ses hypothèses", avait déclaré en avril Alain-Pierre Raynaud devant les enquêteurs de la brigade financière, selon une source proche du dossier.

Une ligne de défense partagée par l'ancienne patronne du groupe. Les messages du département des mines évoquaient "des risques non prouvés à 100% et non étayés" et "l'exploration (de certains gisements) était loin d'être terminée", avait relevé le 13 mai Anne Lauvergeon. "Atomic Anne", qui avait rejeté une partie de l'échec de l'opération Uramin sur le département des mines, a été confrontée fin septembre à l'ancien responsable de cette division, Sébastien de Montessus.

Entre les pertes liées à Uramin, la catastrophe de Fukushima et les retards dans la construction d'un EPR à Olkiluoto en Finlande, le spécialiste du nucléaire est en pleine restructuration après cinq années consécutives de déficit.

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