Varsovie appelle l'Union européenne à taxer les hydrocarbures russes

  • AFP
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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé mercredi l'Union européenne à introduire une taxe sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russes.

"J'appelle aujourd'hui la Commission européenne à établir une taxe sur les hydrocarbures russes afin que le commerce et les règles économiques sur le marché unique européen fonctionnent de manière équitable", a dit M. Morawiecki à la presse.

Il a annoncé que la Pologne comptait s'affranchir de sa dépendance des importations de charbon russe dans un mois ou deux, et de celles de pétrole et de gaz à la fin de l'année en cours.

Rappelant que certains États européens, dont notamment l'Allemagne, "le pays le plus réservé", sont réticents à renoncer aux importations de matières premières russes, et que celles-ci pouvaient être vendues à un prix relativement bas, concurrentiel, il a indiqué que la taxe en question aurait pour but "d'égaliser les prix d'énergie dans toute l'Union européenne".

"Je vais pousser fortement pour cette idée dans l'Union Européenne, pour que la situation soit équitable du point de vue des principes de la concurrence sur le marché", a dit M. Morawiecki, lors d'une conférence de presse.

Il a placé la démarche "radicale" de son gouvernement dans le contexte de l'agression russe en Ukraine, et de la dépendance de certaines économies européennes des importations de Russie.

"Nous ne voulons pas de cette dépendance mais d'autres, sans se soucier de la guerre cruelle, de l'agression russe contre l'Ukraine, du chantage, utilisent ces matières premières", a dit le Premier ministre polonais.

"On ne peut plus revenir à cette stupidité, à cette politique, mauvaise et criminelle, qui rendait (les États importateurs) dépendants de la Russie" et apportait à cette dernière des fonds "pour construire un arsenal de guerre et pouvoir attaquer ses voisins", a-t-il estimé, appelant à ce qu'on "enlève à Poutine cet instrument de chantage, cet instrument de guerre".

Le gouvernement polonais a annoncé mardi un projet de loi comprenant notamment l'interdiction des importations de charbon en provenance de Russie, première sanction européenne de ce type sur les sources de l'énergie.

M. Morawiecki a affirmé mercredi que la loi en question pourrait entrer en vigueur "en avril ou en mai".

La ministre du Climat Anna Moskwa a déclaré lors de la même conférence de presse que la Pologne "était prête" techniquement à se passer des sources d'énergie d'origine russe, grâce à ses gazoducs et ses installations de stockage.

Elle a précisé que l'an dernier la Pologne n'a importé que huit millions de tonnes de charbon russe, utilisé essentiellement pour le chauffage de maisons privées et par de petites chaufferies.

Commentaires

Christian Méda…

M. Morawiecki a raison, il faut bien une incitation financière pour changer le comportement des consommateurs qui n'ont aucune éthique.

Je redoute simplement la réaction obtuse des gilets rouges et autres bonnets d'ânes qui considèrent que leur "droit" à consommer des énergies fossiles prime sur la vie de quelques Ukrainiens ; un peu comme M. Mulliez qui privilégie les emplois de 40000 Russes sur la vie des Ukrainiens.

Une telle taxation est d'autant plus justifiée que les contrats LT qui sous-tendent ces importations sont facturées à des prix aux alentours de 20€ (+/- 10€ selon l'époque) ce qui est scandaleusement bon marché dans le contexte actuel. On comprend mieux ceux qui s'y accrochent : que sont quelques milliers de vies en Ukraine quand il s'agit de milliards d'€ de profits pour quelques uns ?

Je ne demande pas la suppression des contrats signés qui se trouvent en exécution en période guerre. Les fournisseurs ou gros consommateurs qui ont signé ces contrats ont besoin de cette énergie à ce niveau de prix pour ne pas déséquilibrer leur exploitation. Mais une taxe sur l'importation de produits en provenance de pays qui basculent dans l'hostilité et une loi qui la pérenniserait introduirait désormais une notion de risque et la nécessité de son évaluation lorsqu'un importateur s'aviserait de traiter avec des pays où le mensonge et la versatilité éthique sont endémiques.

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