WoodTechno : un procédé de production de granulés de bois en circuit court

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Permettre à de petites scieries de produire leurs propres granulés de bois pour alimenter les chaudières alentour : c'est l'ambition d'une startup qui a conçu, en Auvergne-Rhône-Alpes, un procédé de fabrication innovant et moins coûteux.

La société WoodTechno, créée fin 2021 dans le Cantal, a été présentée jeudi par l'incubateur Pulsalys, qui accompagne son projet, sur le campus universitaire de la Doua à Villeurbanne. Elle est née de la rencontre entre un professionnel de la filière et un chercheur du laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (universités de Saint-Étienne et Lyon, Insa et CNRS).

L'idée ? Utiliser pour le bois la technologie de l'extrusion, employée ordinairement en plasturgie. Ce procédé thermomécanique consiste à faire avancer un matériau dans un tube, boyau ou profilé, aux dimensions du produit à obtenir, en jouant sur la pression et la température pour le transformer durant sa progression.

Un défi "car l'extrusion est faite pour des matériaux qui réagissent à la chaleur, alors que le bois n'aime pas ça", souligne José Brunet, président de WoodTechno, basée près de Saint-Flour où il possède une scierie. Dix-huit mois de recherche "ont permis de démontrer que nous étions en capacité d'extruder du bois pour produire des granulés à destination du marché du chauffage", grâce à des innovations qui ont été brevetées.

Cette technologie peut être utilisée pour les feuillus comme les résineux, alors que les granulés viennent pour l'heure des seuls résineux, les feuillus - au bois plus dur - s'adaptant mal aux presses à galets traditionnelles. Autres atouts : le granulé obtenu a un pouvoir calorifique renforcé, il est moins cher à produire et le procédé mis au point est "accessible à toutes tailles de scieries", alors que de gros investissements sont actuellement nécessaires.

"Beaucoup de petites et moyennes scieries doivent vendre leurs résidus à de gros acteurs économiques, sans valeur ajoutée", explique José Brunet. L'objectif de WoodTechno est de permettre à ces PME de produire leurs propres granulés pour les vendre localement, "au plus près des forêts et des consommateurs".

Le marché est en pleine croissance, les ventes de chaudières à granulés ayant doublé l'an dernier en France selon la filière. La consommation en Europe s'élève à 30 millions de tonnes par an, dont 23 produites sur le continent.

WoodTechno, soutenue par la Région et la BPI, cherche à lever 700 000 euros pour installer un pilote semi-industriel à Saint-Étienne et produire 300 kilos de granulés à l'heure début 2023 - avant un démonstrateur dans le Cantal, d'une capacité de 4 tonnes par heure, à l'horizon 2024.

Commentaires

Pierre 29

Mmouais...extruder de la sciure se fait depuis longtemps, en "bûches" et allume-feu...Le procédé actuel de production de granulés par presse à galets est juste une variante: on force la sciure à passer par des orifices d'où chauffage et compactage, et on coupe à la sortie. On ne voit pas par quel miracle ce "nouveau" procédé augmenterait le pouvoir calorifique. Bref, encore une chasse aux subventions favorisée par le manque de culture technique de nos décideurs ?

Cédric ARBOGAST

La "magie" en question s'articule autour du recours à du bois de feuillus, plutôt que de résineux pour produire les pellets par ce système d'extrusion.
Personnellement, je vois dans ce système et l'exposé qui en est fait ici, un recours à des solutions qui sont connues comme plus polluantes (fioul ou gaznotamment... pour les climats qui ne peuvent pas forcément avoir recours à la PAC ou autre "ENR"). L'alternative de produire en local des pellets à partir d'un déchet, en mettant la technologie à disposition des scierie et autres producteurs de déchets ultimes est louable et probablement plus viable à moyen/long terme que d'extraire du lithium de nos sous-sols ou encore d'avoir recours au gaz russe.

Pour répondre à votre question, la levée de fonds via l'incubateur n'a rien à voir avec les "décideurs", D'autant plus que, ni le "professionel" de la filière, ni l'université de St Etienne n'ont à voir (directement en tous les cas) avec de quelconque élu, commune, ou autre politique.

Bref, si vous souhaitez épiloguer, merci d'appuyer par des faits ou étude.
Sur ce sujet, je m'en vais répondre à PMG (plus bas) qui semble en tenir une sacrée couche à ce sujet.

BEE

La combustion de la biomasse, du bois ou charbon de bois est ce qu'il y a de plus polluant et inefficace. Le bois devrait rester un matériau et non de l'énergie.
L'OMS demande que le bois et le charbon de bois ne soient plus brûlés (dans les pays en développement) car cela tue de nombreuses personnes, provoque la déforestation, le déséquilibre écologique, la perte des terres arables et une diminution de la biodiversité.
Il faut stopper cette règle qui fait croire que brûler de la biomasse c'est "CO2 neutral".
https://e360.yale.edu/features/wood_pellets_green_energy_or_new_source_….

De plus cela néglige complètement les émissions de polluants de l'air, au-delà des limites de l'OMS
https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/household-air-pollutio…

Cédric ARBOGAST

La production de pellets n'a rien à voir avec la déforestation.
L'utilisation d'un déchet ultime pour la production d'une ressource (renouvelables in fine) pèse bien moins lourd dans la balance que le recours à des énergies fossiles qui sont encore bien (trop) représentées sur le marché de la fourniture énergétique des particuliers (notamment) actuellement.

Concernant les études que vous citez :
- que vient faire le sujet de la production de pellets par une société innovante incubée en France dans la thématique bien plus large de la production d'électricité aux Etats-Unis ? Il apparait simplement que vous faites un amalgame qu'il n'est pas rare de rencontrer sur les réseaux. Qui viendra rapporter qu'on puisse tenter d'offrir aux consommateurs, particuliers et entrepreneurs français un moyen de trouver leur propre indépendance énergétique par le biais du ré emploi d'une ressource qui plus est locale.
- Pour la deuxième, je conçois qu'un effort doit être réalisé sur les équipements de combustion de ce type de combustible. Mais ne mélangeons pas les anciennes technologies type poêles à foyer ouverts, et ou anciennes chaudières sur-datées, qui ne pourront en aucun cas rivaliser en performances et émissions avec des technologies récentes.
Dans tous les cas, le remplacements des systèmes vieillissants dans le cadre de la réduction de nos émissions doit passer par des décisions. Si la question est posée de manière pragmatique, j'aimerai bien savoir ce que vous auriez à proposer comme solution pour tous les particuliers qui se chauffent avec un ancien système et qui par soucis écologiquement pourraient être amenés à envisager le pellet !

Et où est-il question de cuisson dans cet article s'il vous plait ?????????? si du pellet doit être produit il servira dans des chaudières ou poeles. Rien à voir avec les éléments de l'OMS contenues dans l'article du site "who" que vous reportez. Effectivement, quand vous chauffez au kérosène, il faut ouvrir les fenêtres. Ne mélangez pas tout et relisez à deux fois les articles qui traitent de sujet qui tentent de faire avancer les choses.

BEE

Je comprends votre question.
- mon commentaire adressait d'abord la pollution de la combustion du bois: la première des choses qu'il faut avoir en tête est que la combustion du bois/charbon de bois, quelque soit le "brûleur" est la combustion la plus polluante (le CO2 n'est pas un polluant, il n'affecte pas la santé animale/humaine), de très loin. C'est pour cela que l'OMS demande instamment que la cuisson en Afrique Sub Saharienne, actuellement à 85% au bois/charbon de bois, passe au Gaz en bouteille (GPL ou BioGPL) avant de passer le plus vite possible à l'électricité. (seul le GAZ Naturel ou GPL, bio ou fossile, permet d'atteindre les maximum de l'OMS (comme par exemple 10µg/M3 de PM2.5).
- par un effet, assez peu expliqué, la pollution de l'air est ignorée (malgré l'OMS), et tout se concentre sur le CO2, avec une erreur commise et peu discutée qui devrait remettre en cause les conditions de la "renouvelabilité" du bois énergie. En effet, s'il faut 1 ans pour consommer un arbre pour la cuisson, il faut plus de 40 ans pour recréer le même arbre, d'où la massive déforestation (en Haiti il reste 5% de la forêt de 1850, à Madagascar, il resterait moins de 15% de la forêt primaire, et en Afrique de la savane sèche, les arbres sont comptés et répertoriés, tellement il n'y en a plus). On ne peut décemment déclarer que le bois énergie est renouvelable dans le décompte du CO2, surtout que les émissions réelles de CO2 du bois (en plus des polluants nocifs pour la santé) sont du même niveau du charbon.
- Quand on regarde les quantités annuelles : 860-870 millions de Tonnes de bois sont brûlées pour la cuisson tous les ans en Afrique Sub Saharienne, en 2050 ce sera le double car la population aura doublé. Ces tonnes ne sont remplacées que en 40-50 ans, si elles sont remplacées, c'est dire le rythme de la déforestation en cours et les énormes émissions de CO2 issues de cette combustion !!!
Il y a très peu de projets de reforestation (voir FAO), on est à peine au début de ce mouvement.
Tous les pays d'Afrique S. Saharienne ont depuis longtemps l'infrastructure minimum pour développer la consommation du gaz en bouteille, certains pays sont assez développés (Cap Vert, Gabon, Cote d'Ivoire, Sénégal en partie), et les gouvernements n'attendent que les financements extérieurs permettent à leurs compagnies locales de poursuivre l'investissement. Rappelons que la même infrastructure sera utilisée lorsque le BioGPL sera disponible (projets en cours).
Pour débloquer les financements, il faudrait que le bois-énergie soit considéré comme non renouvelable, que la priorité soit donnée à l'arrêt de la déforestation (reconstitution des puits carbone) et de la pollution de l'air, et que les financements en faveur du gaz en bouteille soient débloqués, en attendant que l'architecture de distribution de l'électricité permette de passer des pics énormes (1h) pour la cuisson à l'électricité, notamment le soir, soit environ 268 GW installés pour 1 milliard de personnes, uniquement pour la cuisson. A comparer aux 28 GW actuellement installés (2018). Sans compter que les énergies renouvelables ne pourront délivrer cette puissance le soir de 19h à 20h.
- en conclusion, il est à recommander que les règlements sur la transition énergie de l'UE soient retranscrits pour l'Afrique, en considérant le bois-énergie comme non renouvelable, pour éviter de détruire la forêt.

Pierre 29

OK c'est très bien que le bois reste ce merveilleux matériau ! Mais de l'arbre sur pied aux poutres, parquets et autres menuiseries il y a une "perte" fatale au long de tous les usinages nécessaires de l'ordre de 80% ( ou de 50% si on part de la grume rendue en scierie...) !

JPM

Bruler du bois, même en supposant que l'on replante l'équivalent et dans les bonnes essences, c'est augmenter substantiellement le CO2 dans l'atmosphère en 2050! C'est idiot et nocif!

Cédric ARBOGAST

DES SCIERIES, de la sciure !!!!!
Idiot et nocif sont les commentaires de ce genre.
Si vous me rétorquez que les pellets ne sont pas produits à partir de sciure, il faudra me trouver les études, puis si j'ai tort, faire un plaidoyer auprès des décideurs et organismes qui ne savent ni encadrer, ni réglementer, ni légiférer sur une ressource qui pourra s'avérer renouvelable comme l'hydraulique !!

JPM

La sciure qui sert à faire les pellets est faite spécifiquement pour ça, à partir de grumes et de branches dans les usines à pellets! Les pellets issus de déchets et résidus c'est une légende, c'est ultra marginal. Les pellets européens sont massivement importés du Canada et des USA. Vous êtes bien mal renseigné sur cette industrie! De nombreux scientifiques et des ONG ont tiré la sonnette d'alarme auprès de la commission européenne. Ce sont les écolos qui ne veulent pas du passage de la centrale de Cordemais du charbon vers le bois! Ils ont calculé que continuer à y brûler du charbon d'ici à 2050 mettrait deux fois moins de CO2 dans l'atmosphère, à énergie égale, que de la passer au bois! Avant de traiter les gens d'idiot il vaudrait mieux être solide sur les connaissances. Rien n'est simple M. Cedric.

Albatros

C'est quoi, ce publi-reportage ?
Je rejoins les propos de Pierre 29 sur l'absence d'innovation du dispositif (pompe à subventions ?).
Quant à ce que dit JPM, c'est tout à fait exact.

MOULARD Jean Pierre

Biomasse est un joli mot qui cache que l'on fait des coupes rases de forêts pour produire des pellets et bruler des arbres. Des émissions et reportages ont montré des usines de pellets, en France, dont le parc est garni de tas de grumes et de très, très peu de déchets bois. Ensuite je voudrais bien savoir par quel tour de magie l'ADEME et les ministères considèrent que brûler du bois est neutre en carbone! Même en replantant, tonne pour tonne les bonnes essences, ce qui n'est absolument pas le cas, il faudrait au moins 50 ans pour absorber le carbone brûlé en une minute, bonjour la neutralité pour 2050. Les politiques et haut fonctionnaires sont ils sots à ce point ou nous prennent ils pour des jambons quand ils cèdent tantôt à un lobby, tantôt à un autre. On importe du bois canadien en consommant du fuel lourd, bravo! Convertir au bois Gardanne et Cordennais ça relève du rime contre l'humanité.

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