Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL
Fondateur de la Chaire Économie du Climat
La synthèse du 6e rapport du GIEC est parue hier, avec pratiquement 4 mois de retard sur le calendrier initialement prévu. Un retard d’autant plus regrettable que l’urgence climatique transparaît pratiquement à toutes les pages du fameux Résumé pour décideurs(1). S’il est urgent d’accélérer l’action, est-il opportun de prendre tant de temps pour écrire les 34 pages du résumé pour décideurs ? Un résumé qui ne fait que reprendre, en les synthétisant, les différents éléments développés dans les rapports des trois groupes de travail publiés entre août 2021 et avril 2022.
Les scénarios du GIEC : un affaire de générations
Je recommande évidemment à chacun de prendre le temps de lire ce résumé qui fait l’état des connaissances sur les données scientifiques et les différentes solutions à mettre en œuvre. face au réchauffement global Je me permettrai juste deux remarques.
J’ai déjà republié un article sur le volet générationnel des scénarios du 6e rapport du GIEC(2) qui inclut le graphique ci-dessous illustrant si bien cette dimension générationnelle. Regardez-le. Vous pouvez vous situer dessus en fonction de votre date de naissance.
Bien lire les notes 40 et 41 en page 21 du Résumé pour décideurs
Il y a un autre point qui me semble important. Comme les rapports précédents, le 6e rapport du GIEC calcule le budget carbone résiduel permettant de viser un réchauffement nettement inférieur à 2°C. Ce budget est égal à la quantité globale de CO2 pouvant être rejetée dans le monde pour atteindre la cible de réchauffement visée.
L’évaluation de ce budget carbone pose cependant deux questions majeures. La première est le rythme de diminution des gaz à effet de serre hors CO2, principalement le méthane et le protoxyde d’azote. Si ces émissions ne baissent pas suffisamment rapidement, le budget carbone doit être revu à la baisse.
La seconde concerne la discordance entre le budget carbone calculé par les modèles des scientifiques et celui qu’on obtient à partir des inventaires de gaz à effet de serre des différents pays. Si on se réfère à ces inventaires, il faut également réviser à la baisse le budget carbone global estimé par le GIEC.
Ces deux points devront être mis sur la table lors du bilan global (« Global Stocktake ») qui doit être engagé cette année sur l’évaluation du fonctionnement de l’Accord de Paris. Ils sont bien abordés dans le Résumé pour décideurs, mais seulement de façon allusive, dans les notes 40 et 41 de bas de page. Je vous recommande donc de bien lire ce résumé, en incluant les notes qui peuvent soulever des questions de première importance...
Sources / Notes
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