Rachat d'Uramin par Areva: René Ricol placé sous le statut de témoin assisté

  • AFP
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L'ancien coprésident du comité d'audit d'Areva, René Ricol, a été placé sous le statut de témoin assisté dans l'enquête sur le rachat en 2007 de la société minière Uramin selon une source proche de l'enquête. René Ricol, 66 ans, qui a coprésidé de mai 2010 à mars 2011 le comité d'audit d'Areva chargé d'examiner les comptes du groupe, a été entendu mercredi matin pendant près de quatre heures par des juges d'instruction du pôle financier.

L'enquête porte sur le rachat en 2007 d'Uramin pour 1,8 milliard d'euros. L'exploitation des gisements d'uranium de l'entreprise canadienne en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique s'était avérée beaucoup plus difficile que prévu et l'opération s'était transformée en gouffre financier pour Areva. Deux informations judiciaires sont ouvertes depuis 2014: l'une porte sur les conditions d'acquisition d'Uramin, l'autre sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir ses pertes, les années précédentes étant couvertes par la prescription.

Dans le cadre de cette seconde enquête, l'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon a été mise en examen pour "présentation et publication de comptes inexacts" ainsi que "diffusion de fausses informations", et l'ex-directeur financier du groupe, Alain-Pierre Raynaud, pour "complicité". Les magistrats cherchent à savoir si Anne Lauvergeon a dissimulé la valeur réelle des mines rachetées à Uramin pour retarder au maximum l'inscription de provisions dans les comptes. Fin 2011, six mois après son départ, le groupe avait fini par annoncer de lourdes pertes et une provision de 1,5 milliard d'euros sur la valeur de la société minière.

Entendu en janvier 2016 par les enquêteurs de la brigade financière, René Ricol, à la tête du cabinet de conseil financier Ricol-Lasteyrie, avait assuré n'avoir, pendant sa mission au sein du comité d'audit, "rien vu qui puisse mettre en cause l'honnêteté de Mme Lauvergeon", selon une source proche du dossier. Selon lui, l'élément central de la perte de valeur d'Uramin reste la catastrophe de Fukushima et il n'y a pas eu d'"information mensongère", ni "de faux bilan publié", d'après cette source.

Areva avait inscrit 426 millions d'euros de dépréciations d'actifs dans les comptes en 2010. L'ancien directeur de la division mines, Sébastien de Montessus, a par la suite affirmé qu'il avait évoqué devant René Ricol la nécessité de prendre des provisions bien supérieures, comprises entre 700 millions et 1,8 milliard d'euros. Mercredi, devant les juges, René Ricol a opposé un démenti formel aux déclarations de M. de Montessus, d'après une autre source proche de l'enquête. Il a réaffirmé que M. de Montessus n'avait jamais évoqué de telles sommes devant lui, a-t-elle ajouté.

Anne Lauvergeon rejette une partie de l'échec de l'opération Uramin sur la division des mines qui n'a, selon elle, à l'époque pas bien mené son travail de prospection. Mais pour Sébastien de Montessus, à qui "Atomic Anne" a été confrontée en septembre, cette dernière ne voulait pas passer les dépréciations nécessaires, souhaitant "une présentation des comptes la plus valorisante" possible pour obtenir, en juin 2011, un troisième mandat à la tête d'Areva, ce qui n'avait finalement pas été le cas.

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