En Afrique du Sud, une petite ville contrainte de s'asseoir sur son énergie solaire

  • AFP
  • parue le

L'histoire est insolite et fait enrager la petite ville sud-africaine de Frankfort, empêchée de jouir de sa production d'énergie solaire dans un pays plombé par les coupures de courant les plus graves de son histoire. Cette zone rurale à 140 km au sud de Johannesburg a commencé à utiliser de l'énergie produite localement en février, atténuant l'impact des délestages jusqu'à douze heures par jour que connaît le pays depuis la fin de l'an dernier.

Mais cela n'a pas été du goût de la compagnie publique Eskom, en position de monopole, qui a lancé un procès remporté le mois dernier sur un argument technique, obligeant les quelque 6 000 habitants de Frankfort à rester dans le noir comme tout le monde. "Ils ne parviennent pas à produire assez d'électricité mais nous empêchent d'utiliser celle que nous produisons, cela n'a aucun sens", s'agace Hans Pretorius, un agriculteur local.

L'affaire, très locale, souligne la frustration de nombreux Sud-Africains face à la crise énergétique prolongée. L'opposition juge même qu'elle est emblématique des obstacles rencontrés par les entreprises privées qui cherchent à s'en sortir. "S'ils ne nous autorisent pas à faire tourner notre exploitation solaire ou à utiliser notre propre électricité, nous n'avons pas le choix, nous devrons faire appel", affirme à l'AFP l'exploitant agricole. "C'est une question de survie".

Les centrales au charbon qui fournissent 80% de l'électricité du pays le plus industrialisé d'Afrique sont à l'agonie: trop vieilles, mal entretenues, leurs budgets détournés par la corruption. Elles tombent sans cesse en panne. Le pays connaît des coupures quotidiennes depuis la période de Noël. Ces délestages programmés, en alternance par zones, coûtent plus d'un milliard d'euros par mois au pays en perte de production, selon le gouvernement.

Ubuesque et injuste

Thando Keswa, propriétaire d'une épicerie dans un township jouxtant Frankfort, a été contraint de suspendre sa vente de plats à emporter. Son générateur lui coûtait trop cher. "A cramer du carburant, tu crames aussi tes profits", dit-il dépité.

Cette situation chronique et tant d'autres similaires ont incité des entreprises locales et des particuliers à s'unir pour investir l'équivalent de quelque 5 millions d'euros dans une installation solaire. Terminée en décembre, elle est exploitée par Rural Free State (RFS), filiale de l'entreprise privée qui gère le réseau de distribution pour la municipalité.

L'énergie supplémentaire a permis au distributeur de commencer à mettre en oeuvre son propre calendrier de coupures d'électricité. Mais lors du procès, Eskom a soutenu que l'entreprise n'avait pas reçu l'autorisation de le faire.

Selon Eskom, l'énergie produite par les panneaux, pas suffisante pour couvrir intégralement les besoins de la ville, avait déjà été prise en compte dans le calcul des niveaux de délestage nécessaires et donc ne peut être utilisée pour les réduire.

Si l'entreprise locale voulait le faire, elle devait utiliser l'énergie qu'elle avait stockée à titre préventif dans des batteries -dont elle ne dispose pas actuellement-, argumentait Eskom.

Si Frankfort était autorisée à s'affranchir des horaires de coupure d'Eskom, d'autres pourraient être encouragés à faire de même, ce qui augmenterait "gravement" le risque d'effondrement du réseau national, a encore plaidé la société publique.

RFS a ainsi été obligée d'éteindre certains panneaux photovoltaïques pour respecter les coupures programmées, gaspillant une électricité pourtant cruellement nécessaire.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a accusé Eskom d'agir "comme un tyran de village", protégeant son monopole. "L'affaire de Frankfort illustre les tracasseries administratives contre les producteurs d'électricité indépendants".

Une pétition en ligne a été lancée cette semaine demandant l'aide du gouvernement pour sortir de cette impasse. "Pourquoi, malgré tous nos efforts ici, devrions-nous souffrir autant que les gens qui ne font rien? Est-ce juste?", interroge Gugu Mokoena, directeur général de RFS.

Commentaires

Rochain Serge

Une honte... Comme en France avec des réacteurs qui ne fonctionnent pas, cet hiver, on faisait des procès aux projets d'eoliennes

Schricke

S. Tochain:
Une "comparaison" (??) qui a, en effet tout son sens !... On sent bien qu'on est pratiquement dans la même situation, en France et en Afrique du Sud !... C'est une évidence !...
NON, Serge Rochain ! On peut, de temps en temps, se laisser aller à écrire quelques stupidités ! (et je reconnais que vous en usez beaucoup !)
Mais évitez, quand-même, de ne pas dépasser les bornes de la décence.... et surtout, du RIDICULE !...
Merci... pour nous !... mais surtout, pour VOUS !

Albatros

C'est notre avenir avec notre EDF nationalisée, une future ESKOM, gérée par des fonctionnaires incompétents (pléonasme).

Rochain Serge

Cet hiver avec notre nucléaire en carafe nous étions bien dans la même situation que l'Afrique de Sud, mais à la différence de ce pays, nous sommes encerclés par des voisins bien plus raisonnables que nous qui nous ont généreusement alimentée, et il n' y a que les autruches ridiculespour l'ignorer.... Et surtout le nier.

Serge Rochain

Mais vous savez Albatros, le patron d'EDF c'est déjà l'Etat, largement majoritaire au conseil d'administration, personne ne possède la minorité de blocage sur les décisions de l'administration depuis toujours. D'ailleurs, on sait bien qu'agent EDF c'est être fonctionnaire. Par exemple les IR-responsbles du développement de l'EPR avait annoncé 3,5 miliards d'euros de coût de développement, et 5 ans de construction, et au bout du compte (bien que nous n'y soyons pas encore, mais faisons semblant d'y croire) c'est plus de 19 milliards et 17 ans de construction, soit 12 de retard. Si EDF avant d'être totalement absorbé par l'état avait été une entreprise privée, croyez vous que cela aurait été possible ? Le staf de l'EPR se serait fait viré avec perte et fracas depuis longtemps.
Si j'avais dans mon activité professionnel de dirigeant d'entreprise dépassé les budgets de plus de 10% sur plus d'un exercice, et rater les rendez-vous des engagement que j'avais pris, c'est bien ce qui me serait arrivé, mais un fonctionnaire ne courre pas ce risque ! Donc, ne craignez rien, il n'y a rien de nouveau sous le Soleil, ce n'est qu'un arrangement juridique qui permet de ne pas être obligé d'afficher les décisions que l'on prend dans une convocation en assemblé générale et qui fini toujours sur la place publique quand il existe une horde de petits actionaires.

JY BOURMAUD

Ce commentaire reprend la phraséologie haineuse des tenants du suprématisme blanc (en Afrique du Sud, le Freedom Front + par exemple). Je ne pense pas qu'il ait sa place sur ce forum.

BEE

Qui vous permet de dire cela ? Abstenez vous de commenter si vous ne connaissez pas le sujet
Le Black Economical Empowerment est une obligation légale, avec des notations annuelles et un classement des sociétés.
Il a été mis en place à la fin de l'apartheid en 2 étapes, le BEE en 2003 et le BBEEE en 2007.
Une note (score card) est émise annuellement, permettant de visualiser le niveau d'intégration des Noirs dans l'activité économique (entreprises).
Chaque entreprise est alors jugée, et son niveau doit rapidement devenir Niveau 1 (ce qui est le cas de Total South Africa par exemple).

BEE Levels and recognition
Once an entity has been measured against the BEE scorecard it will achieve a particular score, which score will determine the entity’s BEE Level (being its BEE Contributor Level and BEE Procurement Recognition Level). Une compagnie qui reste "non compliant" est fortement sanctionnée publiquement et personne ne pourra travailler avec elle.
pour plus d'information merci de lire : https://www.nortonrosefulbright.com/en-za/knowledge/publications/fe87cd…

dont un extrait des niveaux :
An entity’s BEE Level will be set out in a BEE certificate issued to it and the BEE certificate will be valid for a year from the date on which a certificate is issued.
Procurement recognition level BEE Level Score
135 per cent Level One 100+
25 per cent Level Two 95 – 99
110 per cent Level three 90 – 94
100 per cent Level four 80 – 89
80 per cent Level five 75 – 79
60 per cent Level six 70 – 74
50 per cent Level seven 55 – 69
10 per cent Level eight 40 – 54
0 per cent Non-compliant 0 – 39

JY BOURMAUD

Je persiste et signe : l'expression "mettre les blancs au pas" que vous utilisez dans votre message initial relève d'une vision identitariste du monde, où les individus sont assimilés à leur groupe ethnique et où leur conduite est présumée dictée par cette appartenance. En bon français, cela s'appelle du racisme.

(commentaire dupliqué suite à une réponse faite sur le mauvais fil ; désolé)

BEE

Vous ne voulez pas voir et nommer les choses comme elles sont, on n'a pas le choix.
On ne dit pas si c'est bien ou pas, la morale ne sert à rien (traiter de raciste ne sert à rien). Mais c'est la réalité : demandez donc aux Sud Africains blancs ce qu'ils en pensent et comment ils souffrent.
Nelson Mandela a heureusement rétabli une vie économique pour les Noirs, et quand on voit le nombre de blancs obligés de quitter leur pays chaque année, on se demande si cela n'a pas des conséquences sur certaines situations énergétiques critiques. On se demande pourquoi cet acharnement de la commission de la concurrence de l'Afrique du Sud (NERSA) à stigmatiser des entreprises non Sud Africaines (avec des niveaux BEE loin du niveau 1) depuis 2016.

BEE

exact, revisitez l'histoire..., mais ce n'est pas le sujet
Quel peuple n'a jamais rejeté, ostracisé, stigmatisé un autre ?
Le sujet est "on doit pouvoir en parler sans être traité de raciste", et là je vois qu'il vous manque un peu d'expérience...
votre culture d'appartenance peut-être ?
ma culture méditerranéenne m'interdit de ne pas vous le faire remarquer..

BEE

ne pas dire la vérité est un problème ?
demandez à des Sud Africains, tout le monde le sait. Au moment de l'Apartheid, les blancs contrôlaient presque tout, maintenant c'est l'inverse, en tous cas c'est beaucoup plus équilibré pour les noirs, mais avec systématiquement prééminence pour les noirs, qui, certes, sont plus nombreux, il est bien compréhensible que la balance soit en leur faveur. Il n'empêche pas moins qu'il est difficile pour un blanc de survivre facilement sous une législation BEE.
C'est une grande tendance que l'on trouve dans toute l'Afrique Sub Saharienne : le "Local content" qui impose aux étrangers (Européens, Américains, mais aussi Indiens, Chinois...) de ne pas pouvoir détenir la majorité dans leurs sociétés Africaines, et très souvent avec des obligations de formation, transfert de savoir-faire etc.. A telle enseigne qu'après 40 ans de local content au Nigeria, on y trouve des société nigérianes de géophysique, de forage pétrolier, de réalisation d'installations pétrolières. Le Ghana a encore renforcé davantage le local content, idem pour le Kenya et la Tanzanie.
Beaucoup découvrent ce sujet en Europe, et ont du mal à dire les choses comme elles sont, mais pas les Africains.
Il est important de dire les choses comme elles sont.

Serge Rochain

OUI, ne pas dire la vérité est un problème !
Et aujourd'hui encore ce sont toujours les blancs qui tiennent les affaires en Afrique du Sud quoi que vous en disiez.

Serge Rochain

Inutile d'essayer de le faire croire que vous êtes un vieux routier de l'Afrique du Sud.
Je connais ce pays depuis l'époque de l'apartheid et après l'arrivée de Mandela au pouvoir.... la réalité économique n'a pas changée du jour au lendemain. les blancs ne sont pas allé habiter les bibonvilles et les noirs n'ont pas déménagé dans les beaux quartiers.... Il faudra 10 générations pour voir une inversion Afrique du Sud vers Sud-Afrique

JY BOURMAUD

Je persiste et signe : l'expression "mettre les blancs au pas" que vous utilisez dans votre message initial relève d'une vision identitariste du monde, où les individus sont assimilés à leur groupe ethnique et où leur conduite est présumée dictée par cette appartenance. En bon français, cela s'appelle du racisme.

Kader CHEICK

C'est le résultat de 100 ans d'Apartheid.
Revisitez l'histoire.
Les racistes ne sont pas moin.

Vincent

La compagnie nationale d'électricité a t'elle pour mission de préserver le réseau ? L'article n'est pas très clair...

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