Arctic LNG 2: face aux sanctions américaines, TotalEnergies active le cas de "force majeure"

  • AFP
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Le groupe français TotalEnergies a annoncé mardi avoir activé le cas de "force majeure" pour le gigantesque projet Arctic LNG 2 dans l'Arctique russe, dont il s'était mis en retrait début 2022 et qui est désormais visé par des sanctions américaines.

"Nous avons engagé le processus de force majeure conformément aux contrats en vigueur, et nous respecterons les régimes de sanctions applicables conformément à nos principes d'actions", a affirmé TotalEnergies dans un communiqué transmis à l'AFP.

La "force majeure" est une clause juridique qui permet aux entreprises de suspendre les livraisons en raison de facteurs jugés indépendants de leur volonté.

"En conséquence, aucun enlèvement de GNL d'Arctic LNG 2 par TotalEnergies n'est prévu en 2024", a donc ajouté le groupe français qui avait annoncé en mars 2022 arrêter son financement puis, en avril de la même année, une dépréciation de 4,1 milliards de dollars d'actifs concernant notamment ce projet, dans la foulée de l'assaut russe en Ukraine.

Dans les faits, TotalEnergies ne livrera donc pas de gaz naturel liquéfié (GNL) issu d'Arctic LNG 2 et ne touchera aucun revenu issu de ce projet.

Le projet Arctic LNG 2, estimé à 21 milliards de dollars, est vital pour la Russie, qui produit actuellement 8% du gaz naturel liquéfié mondial et souhaite atteindre 15 à 20% d'ici 2035 face à ses concurrents américains, qataris et australiens, soit un niveau de production d'environ 100 millions de tonnes par an.

Arctic LNG 2 a longtemps été considéré par les observateurs comme un exemple phare de la coopération énergétique entre Moscou et des entreprises internationales du secteur.

Novatek, premier exportateur russe de GNL, en est l'actionnaire majoritaire, à 60%, aux côtés de TotalEnergies et des entreprises chinoises CNPC et CNOOC et japonaise Japan Arctic LNG, toutes les quatre possédant chacune 10% du projet.

Mais étant également actionnaire de Novatek, TotalEnergies détient au total 21,5% d'Arctic LNG 2.

- Lancement malgré les sanctions -

Selon des médias, le géant gazier russe Novatek avait invoqué dès fin décembre le cas de "force majeure", quelques semaines après que les Etats-Unis ont sanctionné le projet, mettant en péril son lancement.

Les entreprises CNPC, CNOOC et Japan Arctic LNG ont elles aussi activé cette clause juridique exceptionnelle, selon le quotidien russe Kommersant.

Concrètement, les sanctions américaines peuvent dissuader les éventuels acheteurs et les transporteurs de livrer le gaz naturel liquéfié issu d'Arctic LNG 2, sous peine de mesures de rétorsion.

Pour autant, le vice-Premier ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a annoncé le 27 décembre que le gigantesque projet avait bien commencé malgré ces sanctions américaines, sans indiquer quels étaient les premiers clients étrangers.

"L'usine Arctic LNG 2 est actuellement en cours de construction, et la première étape a déjà commencé à fonctionner. Nous nous attendons à ce que les premières livraisons de ce projet aient lieu dès le premier trimestre de l'année prochaine", avait-il même assuré.

A terme, Arctic LNG 2 doit avoir une capacité de production de 19,8 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an grâce à trois lignes de production, soit un peu plus que la première usine géante de GNL à Yamal, en puisant dans le riche gisement de gaz d'Utrenneye.

De leur côté, les Européens n'ont à ce stade pas sanctionné les exportations de gaz naturel liquéfié russe et continuent à en acheter en provenance du vaste projet Yamal.

bur/eb

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