Au Venezuela, la pénurie d'essence perdure malgré l'aide de l'Iran

  • AFP
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Longues files d'attente, nuits blanches et l'angoisse d'être à sec : la pénurie d'essence perdure au Venezuela, malgré les navires pétroliers envoyés par l'Iran et les nouveaux prix en dollars dans ce pays où le carburant était quasi gratuit.

"L'essence iranienne, c'est une illusion qui a duré un mois", confie à l'AFP Néstor Hernandez à Maracaibo, deuxième ville du pays (ouest), qui regrette de devoir faire des heures de queue dans les stations service de cette région qui fut longtemps la capitale pétrolière du Venezuela, pays doté d'immenses réserves d'or noir.

La situation se répète dans tout le pays, particulièrement dans les zones frontalières, qui font face depuis des années à une pénurie chronique, attribuée à la corruption et à des erreurs de gestion par des experts et aux sanctions américaines par le gouvernement. "L'essence n'est jamais arrivée", assure Pedro Perales, un habitant de Puerto Ordaz, dans l'État de Bolivar, frontalier du Brésil, tout à l'est du pays. Il a dû attendre deux jours, dont une nuit passée dans sa voiture, pour faire seulement un demi-plein, cette zone étant soumise à un rationnement.

Le 1er juin, après l'arrivée de cinq navires iraniens transportant 1,5 million de barils de combustibles, est entrée en vigueur une hausse des prix à 50 centimes de dollar le litre d'essence. Parallèlement, un système de subventions sur la base de 0,025 dollar le litre permet l'achat de 120 litres par mois pour les voitures particulières et de 60 litres pour les motos. À condition, toutefois, de s'enregistrer au préalable pour en bénéficier.

La situation s'est améliorée un temps dans plusieurs régions pour les stations-services qui vendaient en dollars. Mais les files kilométriques n'ont pas tardé à refaire leur apparition. Caracas reste une exception : les pompes à essence y fonctionnent quasi normalement, après être restées à sec durant quelques semaines en mars, au début du confinement.

« Mort annoncée »

La production de pétrole du Venezuela, dont l'or noir a longtemps fait la richesse, est en chute libre. Des analyses estiment que le nouveau rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui doit être présenté mardi, devrait attester d'un nouveau recul de la production, sous les 570 000 barils par jour (b/j) du mois précédent. Elle était de 3,2 millions de b/j il y a douze ans encore.

Face à cette situation, les raffineries du pays sont à la peine. Les installations vénézuéliennes ont normalement la capacité de traiter 1,3 Mb/j de brut et de combustibles. Mais elles n'ont fonctionné qu'à 12% de leur potentiel au premier trimestre 2020, selon des chiffres communiqués à l'AFP par une source du secteur.

Pour Ezio Angelini, président de la Chambre de commerce de Maracaibo, ce qui se joue dans les stations-services "c'est la chronique d'une mort annoncée". "Les files d'attente sont de retour", même dans les pompes à essence en dollars, ajoute-t-il. "On savait que ça allait arriver, car le Venezuela n'est pas en train de produire de l'essence, ou si peu".

Les États-Unis, qui ont sanctionné à plusieurs reprises le Venezuela pour tenter de pousser le président socialiste Nicolas Maduro vers la sortie, ne voient pas d'un bon oeil le ravitaillement pétrolier de Caracas par Téhéran. Mais les deux alliés assurent qu'ils vont continuer. Via un recours en justice, Washington tente de faire saisir la cargaison de quatre autres navires pétroliers iraniens qui se dirigent vers le Venezuela avec 1,1 million de barils de combustible.

Maintenir les importations d'essence sera difficile, assure l'économiste José Manuel Puente, professeur du centre de politiques publiques (IESA). "Il n'y a plus de flux de trésorerie", à cause de l'effondrement des exportations pétrolières alors qu'en parallèle les sanctions devraient encore s'intensifier.

Pendant ce temps, dans les interminables files d'attente pour faire le plein, les plaintes fusent à l'encontre des militaires qui y montent la garde. "Ils ont pris possession des pompes à essence (...). Si tu veux passer avant, tu dois payer 10 dollars", se plaint Néstor Hernandez à Maracaibo. Le 10 juin, le parquet a annoncé une centaine d'arrestations, dont celles de 39 militaires, pour "corruption" dans des stations-services.

Commentaires

Denis Gourgouillon

Les idolâtres du régime Maduro (Mélenchon entre autres) diront que ce sont les sanctions américaines, alors que ce sont les principes de base du régime chaviste anticapitaliste et laxiste, la corruption (le Venezuela est parmi les pays les plus corrompus selon Transparency international) et les 10 $ (30% d'un salaire mensuel moyen!!!) sont un bel exemple. Les pénuries (et pas seulement l'essence) vont s'accentuer, la pauvreté va s'aggraver (sauf bien sur pour les dirigeants vénézueliens et leurs suppôts, le pays sera un des pays les plus attardés de la planète. Mais les idolâtres vont persévérer

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