Australie: des géants énergétiques réclament une taxe carbone

  • AFP
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Le géant énergétique australien Woodside a demandé au gouvernement de réintroduire un système de taxe carbone, joignant sa voix à celle de géants miniers qui affirment vouloir agir face au changement climatique dans un contexte de pressions croissantes sur le pouvoir conservateur.

En raison de sa dépendance massive au charbon et de sa population relativement restreinte - 25 millions d'habitants - l'Australie est un des pays qui génère le plus de gaz à effet de serre par personne. Mais l'Australie a du mal à mettre en place une stratégie climatique dans un contexte de querelles politiques et de luttes de pouvoir intestines.

L'ancien Premier ministre conservateur Malcolm Turnbull a été victime d'un putsch de son propre parti, en partie motivé par ses efforts pour inscrire dans la loi les objectifs de réduction des émissions consécutifs à l'accord de Paris sur le climat de 2015.

Le successeur de M. Turnbull, Scott Morrison, a jeté ce projet aux orties mais dans le secteur privé, des entreprises appellent au changement. "Nous avons besoin d'un prix pour le carbone, nous devons nous assurer d'obtenir l'énergie la plus efficace", a déclaré mardi soir Peter Coleman, directeur général de Woodside, premier producteur de pétrole et de gaz australien, à la télévision publique ABC.

Il s'agit là d'un revirement complet par rapport aux prises de position passées du groupe, qui avait fait campagne contre un système dit de "prix du carbone" des travaillistes prévoyant que certaines entreprises versent une taxe par tonne de CO2. "Nous pensons qu'il y a une volonté d'agir, et maintenant, et nous devons avoir un débat constructif sur la stratégie politique", a ajouté M. Coleman.

Les anglo-australiens Rio Tinto et BHP, les deux plus grands groupes miniers du monde, ont déjà appelé à l'instauration d'une taxe carbone. Le milliardaire de la high-tech Mike Cannon-Brookes, cofondateur du groupe de logiciels Atlassian, a lancé il y a quelques jours une campagne en faveur de l'"énergie verte" pour réclamer plus d'énergies renouvelables. Celle-ci fait son effet sur les réseaux sociaux.

Le gouvernement est aussi en butte aux pressions des électeurs. La lutte contre le changement climatique figurait en bonne position des priorités des votants lors d'une récente législative partielle provoquée par le départ de M. Turnbull, et perdue par la coalition au pouvoir. Ce qui n'a pas empêché le ministre de l'Énergie Angus Taylor de dire que le gouvernement remplirait les objectifs de l'accord de Paris sans taxe carbone et qu'il faisait déjà "reculer les émissions".

"Nous avons atteint facilement les objectifs de Kyoto, nous parviendrons aux objectifs de Kyoto 2, nous les dépasserons", a-t-il déclaré à la radio ABC en référence à de précédents traités climatiques. "Nous sommes largement dans les clous de l'accord de Paris".

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