Belfort prend le tournant de l'hydrogène avec la possible installation d'une méga-usine d'électrolyseurs

  • AFP
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L'entreprise française McPhy a annoncé jeudi avoir présélectionné Belfort pour y construire une usine d'électrolyseurs avec, à la clef, plusieurs centaines d'emplois et l'opportunité pour le Territoire de s'imposer comme un pôle de développement de l'hydrogène en France.

"Cette future usine aura vocation à jouer un rôle majeur dans le passage à l'échelle industrielle de l'électrolyse", a avancé dans un communiqué Pascal Mauberger, le président de cette entreprise de la Drôme spécialisée dans la production et le stockage d'hydrogène.

Belfort est le seul site présélectionné et la décision finale d'investissement devrait être prise d'ici fin 2021 en fonction de "la finalisation des études préliminaires", de "l'obtention des autorisations administratives" et des financements nécessaires, a expliqué McPhy.

L'objectif est de démarrer la production dans cette usine de 20.000 m³ au premier semestre 2024.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est réjoui de cette "excellente nouvelle notamment pour les habitants du Territoire de Belfort", qui a souffert de réductions d'emplois et d'activités sur ses sites phare de General Electric et Alstom.

"L'hydrogène est source de croissance, d'emplois et de développement industriel pour nos territoires", a affirmé le ministre, rappelant que "la France avait fait le choix stratégique de l'hydrogène en investissant 7 milliards d'euros sur cette technologie d'ici 2030".

- Environ 400 emplois -

"A pleine charge", la "gigafactory" de McPhy représenterait "plus de 500 emplois, dont environ 400 en France, et une centaine en Allemagne et Italie", sans compter les emplois indirects qui pourraient en découler, a indiqué l'entreprise.

Lors d'une conférence de presse, le maire LR de Belfort Damien Meslot a évoqué "320 postes industriels et 120 postes de bureaux parmi lesquels de nombreux ingénieur et techniciens, mais aussi des ouvriers qualifiés, manutentionnaires, personnel administratifs".

Alors que le coût de construction de cette usine est de 30 à 40 millions d'euros, McPhy avait reçu l'engagement d'un soutien à hauteur de 10 millions d'euros du "fonds Maugis" si elle s'implantait à Belfort.

Ce fonds destiné à financer la réindustrialisation et la diversification du nord-Franche-Comté, est alimenté par la pénalité de 50 millions d'euros versée par General Electric (GE) pour n'avoir pas créé 1.000 emplois comme promis lors du rachat de la branche énergie d'Alstom en 2015.

"C'est l'avantage concurrentiel qu'on avait par rapport aux autres régions, je pense que cela a dû peser dans la balance", a estimé Philippe Petitcolin, porte-parole de l'intersyndicale de GE Belfort et président d'Apsiis, une association créée pour susciter la création d'entreprises et le développement de projets dans l'ingénierie de l'énergie à Belfort.

La région Bourgogne-Franche-Comté "va mettre presque 100 millions d'euros sur la filière hydrogène" au total et "McPhy bénéficiera aussi de différents dispositifs de la région", a promis le conseiller régional Arnaud Marthey (PS).

Belfort a aussi tiré profit d'une "structuration préalable d'un écosystème industriel, de recherche et développement", d'un "bassin d'emplois industriels et d'un environnement attractif" au sein "d'un carrefour de l'Europe", a détaillé McPhy.

- Vitrine de l'hydrogène -

Si le choix de Belfort n'en est encore qu'au stade "des annonces", c'est néanmoins "de très bon augure, car, avec le principal donneur d'ordre, General Electric, qui se désengage, la présence de nouveaux acteurs va permettre de reconstruire un écosystème autour de l'énergie décarbonée, dont l'hydrogène est partie prenante", s'est réjoui M. Petitcolin.

Belfort souffre depuis plusieurs années des restructurations successives des deux piliers de l'industrie locale, General Electric et Alstom, avec plus d'un millier d'emplois détruits au gré des fusions d'activités et de projets de diversification mis à mal par la crise sanitaire.

L'hydrogène est du coup présenté depuis quelques mois comme une planche de salut pour l'industrie locale, ce secteur jugé d'avenir par le gouvernement français pouvant être un dénominateur commun aux deux filières locales de la mobilité et de l'énergie.

"On pense que l'implantation de McPhy va attirer un certain nombre d'entreprises qui tournent autour de l'hydrogène" et "en faire une vitrine", espère Damien Meslot.

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