BP n'en finit plus de décevoir des marchés impatients

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le géant pétrolier britannique BP, dont les performances ont décroché ces dernières années par rapport à ses rivaux, n'en finit plus de décevoir les marchés, malgré sa récente volte-face sur le climat pour remettre l'accent sur les hydrocarbures.

Le groupe a publié mardi un bénéfice net divisé par plus de trois au premier trimestre à 687 millions de dollars. Son chiffre d'affaires accuse un recul de 4% à près de 48 milliards de dollars.

Le résultat a été pénalisé notamment par "des marges de raffinage plus basses" et un résultat "faible" dans la vente de gaz.

"Nous continuons de surveiller la volatilité et les changements des marchés", a assuré dans le communiqué le directeur général Murray Auchincloss, face à un marché du pétrole affolé, surtout depuis début avril, par la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

Pour autant "sur les droits de douane, nous n'avons pas constaté d'impact significatif sur nos activités jusqu'à présent", a précisé le dirigeant mardi après-midi lors d'une conférence d'investisseurs.

"Pour nos activités américaines, nous importons des produits du Canada pour les transformer dans nos raffineries" or ceux-ci "sont désormais exemptés" de ces taxes, a-t-il détaillé.

Le groupe est sous pression du fonds d'investissement américain Elliott, qui a récemment officialisé son entrée au capital, et est connu pour demander des changements stratégiques au sein des groupes dans lesquels il investit.

- Nouveau recul -

BP a renoncé en février à une stratégie climatique autrefois ambitieuse pour se recentrer sur le pétrole et le gaz, au grand dam des organisations de défense de l'environnement.

Dans un nouveau recul sur sa stratégie climatique mardi, le groupe a annoncé que sa vice-présidente en charge du développement durable, Giulia Chierchia, quittera ses fonctions à compter du 1er juin. Elle ne sera pas remplacée.

BP, qui avait déjà publié un bénéfice net en chute de 97% pour l'an passé, avait aussi annoncé en janvier 4.700 suppressions d'emplois en interne, soit plus de 5% de ses effectifs.

Mais au premier trimestre, son bénéfice sous-jacent (hors éléments exceptionnels), très scruté par les marchés, a fondu de moitié à 1,4 milliard de dollars - moins que ce qui était attendu.

Autres sources d'inquiétude pour les investisseurs: l'entreprise a annoncé mardi un programme de rachat d'actions de 750 millions de dollars, en deçà de ce qui était espéré, ou encore une dette en hausse de près de 4 milliards de dollars d'un trimestre sur l'autre.

Le groupe pétrolier a confirmé la semaine dernière, dans une communication à la Bourse de Londres, que le fonds d'investissement activiste Elliott Management a pris une participation d'un peu plus de 5% de son capital.

- Coup de semonce -

Des informations de presse ont depuis indiqué que le fonds fait pression sur l'entreprise pour qu'elle supprime des emplois de son siège social et simplifie sa structure d'entreprise.

Le groupe a déjà subi un coup de semonce de ses actionnaires: mi-avril, lors de l'assemblée générale, ils ont voté à presque 25% contre la réélection du président du conseil d'administration Helge Lund (qui avait déjà annoncé son départ dans les prochains mois).

Le cours de BP à la Bourse de Londres reculait mardi après-midi de plus de 2%. En un an, il a perdu plus de 30%.

L'écart de performance entre BP et ses concurrents "se creuse, ce qui ne devrait pas plaire à Elliott", estime Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Selon elle, le fonds pourrait exiger le départ de M. Auchincloss, et BP "devra accélérer les cessions d'actifs et poursuivre ses réductions de coûts pour satisfaire" les exigences du fonds.

Pour autant, "des progrès importants sont réalisés dans l'exploration et le développement du pétrole et du gaz", note Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.

BP a notamment annoncé mi-avril avoir découvert un nouveau gisement de pétrole dans le Golfe du Mexique et l'intensification de son programme d'exploration mondial, avec environ 40 puits au cours des trois prochaines années -dont jusqu'à 15 doivent être forés dès cette année.

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