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En plein débat sur les moyens d'enrayer la hausse des prix du carburant, le président de l'Autorité de la concurrence Benoît Coeuré a estimé jeudi que l'autorisation temporaire de revente à perte octroyée par le gouvernement aux distributeurs avait "tout son sens".
"Face à un pouvoir d'achat en crise, une dérogation temporaire" à l'interdiction de la revente à perte, prohibée depuis 1963 en France, "prend tout son sens", a écrit sur son compte Twitter personnel (rebaptisé "X") M. Coeuré. "L'Autorité de la concurrence s'est prononcée à de nombreuses reprises sur les distorsions et effets de bord créés par le seuil de revente à perte", a-t-il ajouté, soulignant que l'interdiction "fait déjà l'objet d'exceptions dans des circonstances spécifiques".
S'il reconnaît que c'est aux entreprises de choisir "librement" leurs stratégies commerciales, M. Coeuré semble donc valider l'approche du gouvernement français, qui a autorisé le weekend dernier les distributeurs à vendre à perte (à un prix inférieur à celui auquel ils l'ont acheté) le carburant dès le mois de décembre, de façon temporaire.
Auditionnés mercredi au Parlement, les dirigeants de grandes enseignes telles que Leclerc, Carrefour, Intermarché ou Système U ont cependant refusé en bloc de vendre à perte leur carburant. Les quelque 2 500 stations-services indépendantes se sont également inquiétées des distorsions de concurrence que pourrait générer la vente à perte au sein des distributeurs.
"Les prix abusivement bas d'acteurs dominants sont clairement anticoncurrentiels", a reconnu jeudi sur X Benoît Coeuré, "mais ils sont sanctionnés par le droit de la concurrence", a-t-il aussitôt nuancé.
Depuis son arrivée à l'Autorité début 2022, M. Coeuré a plusieurs fois mis en avant sa volonté d'exploiter les possibilités offertes par le droit de la concurrence pour contribuer à la lutte contre l'inflation, qui a retrouvé en France des niveaux inédits depuis les années 1980. Les prix du carburant sont fortement remontés ces dernières semaines en France, et flirtent ou dépassent aujourd'hui la barre symbolique des deux euros par litre.