Chauffage : les arguments du gaz commencent à être « entendus » selon Isabelle Kocher

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Les arguments en faveur du chauffage au gaz dans les bâtiments neufs commencent à "être entendus" par le gouvernement, qui doit bientôt dévoiler une nouvelle réglementation dans ce domaine, a assuré lundi la directrice générale d'Engie, Isabelle Kocher.

"Je crois que nous commençons à être entendus sur ce sujet", a-t-elle déclaré devant des journalistes lors d'un séminaire de presse. "La discussion n'est pas terminée, je pense que l'impact sur la facture des gens c'est quelque chose que le gouvernement a en tête. Il est bien clair que le sujet du pouvoir d'achat est devenu absolument central aujourd'hui", a-t-elle estimé.

Les secteurs de l'énergie et du BTP attendent avec impatience la nouvelle réglementation environnementale 2020 (dite RE 2020) qui doit succéder l'an prochain à l'actuelle réglementation thermique 2012 (RT 2012) pour le bâtiment.

L'administration a dans un premier temps proposé des modifications qui pourraient favoriser le retour en force du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, selon certains observateurs. Un changement redouté par les entreprises du secteur gazier, au premier rang desquelles Engie.

"Le chauffage électrique, ça coûte plus cher que le chauffage au gaz, c'est prouvé", a assuré Isabelle Kocher. "Pousser le chauffage électrique, pousser les grille-pains comme on les appelle, ça veut dire une facture plus élevée pour les consommateurs dès aujourd'hui et en plus ça veut dire une pointe électrique plus difficile à gérer dans les systèmes de demain", selon elle.

Commentaires

MANIN Jean-Pierre

Oui le chauffage électrique est plus cher que celui au gaz du seul fait que le kW.h gaz est inférieur au prix du kW.h électr.. mais l'énergie c'est l'énergie et celle électrique est convertie à 100% par effet joule en chaleur , ce qui n'est pas le cas des chaudières à gaz , même à condensation.
les grille-pains comme elle dit, n'apportent certes pas le confort des technologies radiantes ou à accumulation, mais le gain n'est au plus que de 8 à 10%. Mme Isabelle Kocher n'a pas du faire d'études de physique très poussées : une puissance de 1kW électr pendant une heure c'est une énergie de 1kW.h soit , comme 1W = 1joule par seconde, 1kW.h = 3,6 MJ ou Millions de Joules
JPManin ingenieur CNRS

Francis Neirynck

Ce n'est pas qu'une question de pouvoir d'achat, mais c'est vrai que le prix du kWh EPR est juste prohibitif. Par ailleurs, il est impensable de continuer à gaspiller une énergie aussi noble et précieuse que l'électricité à faire du chauffage direct. Au minimum, elle doit alimenter une pompe à chaleur. On attend aussi du réseau de gaz qu'il intègre des énergies renouvelables que sont le biogaz domestique et l'hydrogène produit par électrolyse à partir d'électricité photovoltaïque.

Hans Hagel

Monsieur l'ingénieur Manin,
Votre inculture en matière de rendement thermodynamique est aussi prononcée que votre attitude pro-nucléaire. Vous devriez savoir que pour produire un kW électrique avec une centrale nucléaire il faut produire 3 kW de chaleur soit un rendement de 33% de sorte que le rendement global d'un radiateur électrique est de l'ordre 33 X 0,98 soit environ 32% à comparer au rendement thermodynamique (rendement PCS) d'une chaudière à condensation qui est de l'ordre de 90%. De surcroît l'électricité vendue en France vient souvent l'hiver d'Allemagne et elle est produite pas des centrales fonctionnant au lignite, donc le chauffage électrique cumule tous les défauts, il devrait être interdit comme dans certains pays nordiques.
Pourquoi le lobby nucléaire ne fait-il pas la promotion de la chaleur produire par les réacteurs nucléaires, plutôt que de vendre un produit transformé avec un très mauvais rendement ?

MANIN Jean-Pierre

A Monsieur Hans Hagel : Je n'ai pas parlé de centrales nucléaires ou autres, et je ne conteste pas le calcul du rendement que vous faites en sortie de centrale. j'ai juste dit que l'électricité , sous entendu à votre domicile, quelle que soit son origine, était convertie entièrement en chaleur par effet joule dans les convecteurs ou chaudières électriques ou cumulus. je n'ai pas parlé d'une origine spécifique. Je maintiens que le rendement d'un convecteur est de 100% de par la définition même du rendement. Je n'ai pas pris partie pour le nucléaire ou autre mais on pourrait aussi dire que si votre kW.h électrique était produit par une centrale hydroélectrique ou de l'éolien il serait plus vert et plus écolo que votre kW.h tiré du gaz naturel.! Ce dernier, qui provient de champ méthanier et dont la combustion consomme de l'oxygène et produit du gaz carbonique n'a pas que des qualités. Il provient de Russie principalement ce qui nous rend dépendant de ce pays. Je ne comprends pas votre reproche concernant un pseudo lobby pro nucléaire qui n'était pas du tout mon propos. Je parlais en physicien et remettais les pendules à l'heure entre les grille-pains et les convecteurs plus modernes qui ne sont pas aussi miraculeux que les publicités ou Mme Kocher veulent bien nous le laisser penser! C'est tout . Quant à mon inculture même si je trouve ce propos exagéré et un peu injurieux , je vous en laisse la responsabilité. Dans ma vie professionnelle et avec mes étudiants j'ai toujours été respectueux de l'opinion des autres , ce qui n'exclue pas d'en débattre de manière courtoise. Mais sans doute n'avons nous pas été élevés dans les mêmes valeurs.

Fontaine

Merci pour votre intervention et votre réponse monsieur Manin.
Le Gaz c'est 410 à 650 gCO2eq/kwh dégagés dans l'atmosphère, à peine moins que le charbon (740 à 900).
Le nucléaire ce n'est 12 gCO2eq/Kwh soit environ 50 fois moins que le gaz.
Monsieur Hagel aveuglé par sa nucléophobie suicidaire participe hélas au réchauffement et au dérèglement climatique actuel en ne voulant pas entendre l'ONU qui a lancé un nouveau cri d'alarme sur le dernier record de concentrations de gaz à effet de serre.

Ddu

Bonjour M. Manin, je comprends bien l’effet joule pour les radiateurs électriques (RI carré fois t). Par contre comment calcule-t-on le rendement d’une chaudière à gaz classique et à condensation? J’ai lu que les rendements de la chaudière à condensation pouvait atteindre en théorie 100%. Merci.

MANIN Jean-Pierre

Bonjour M. Ddu . Vaste question mais pour faire simple : la combustion d'un hydrocarbure comme le méthane CH4 principal composant du gaz naturel (GN) (mais il y a aussi un peu de butane, propane, éthane ...) ou le fioul, produit du gaz carbonique CO2, de l'eau H2O sous forme vapeur et de la chaleur contenue dans les gaz de combustion et la vapeur d'eau. On définit alors deux pouvoirs calorifiques dits inférieur et supérieur, le PCI et le PCS selon que l'on tient compte de l'eau sous forme vapeur ou sous forme liquide, qui déterminent la quantité d'énergie dégagée par unité de volume ou de masse : kW.h par m3 pour les gaz et kW.h par kg pour le fioul par ex. Le PCI ne comptabilise que la chaleur dégagée par unité de masse ou de volume, l'eau étant supposée rester sous forme de vapeur et donc partir avec les fumées. Le PCS lui comptabilise en plus la chaleur dégagée lors de la transformation de la vapeur d'eau en eau liquide. Ainsi le PCS est toujours supérieur au PCI : PCS/PCI = 1,11 pour le GN et 1,09 pour le fioul. C'est ce qui est fait dans les chaudières à condensation où l'on récupère la chaleur latente de l'eau vapeur en la condensant sous forme liquide pour augmenter ainsi le rendement théorique de 9% ou 11%. par rapport au PCI. Il faut alors que la température des surfaces d'échange soit en dessous du point de rosée soit environ 57°C pour le gaz naturel et 47°C pour le fuel. De plus comme les fumées ont des températures plus basses le rendement global augmente et si on admet les 1 à 2% perdus dans les fumées et 1% par les surfaces, le rendement d'une chaudière à condensation peut approcher 98%, par rapport au PCS alors qu'une chaudière normale perdra 7% dans les fumées plus les 9 ou 11% du PCS soit un rendement qui ne sera que de 82% à 84%. Bien sûr certains malins affirment des rendements de 111% , en se basant sur le PCI, mais c'est bien sûr une présentation fallacieuse.
Si ces explications vs paraissent insuffisantes ou peu claires écrivez- moi à [email protected], car le sujet est complexe.

Ddu

M. Manin, je vous remercie pour vos explications. C’est maintenant plus clair.

Choppin

Jean Pierre Manin, vous pouvez faire la même démonstration avec une cogénération gaz naturel haut rendement ? Encore mieux, regardez donc ce qu'on peut faire en cogénération biomasse (que notre gouvernement n'encourage guere) Si vous avez des difficultés à trouver les documents mais ce serait étonnant, j'ai tout ce qu'il faut. [email protected]

A. BERNARD

Promouvoir l'utilisation du gaz pour nous chauffer comme le fait Isabelle Kocher ne me parait pas très responsable et contraire à ce qu'il faudrait faire pour diminuer les émissions de CO2 qui sont un réel danger pour notre environnement. Si l'on intègre les coûts indirects engendrés par ces émissions je doute que le gaz soit une énergie plus économique que l'électricité produite par les installations hydroélectriques couplées à la génération éolienne et photovoltaïque même avec l'apport du nucléaire pour assurer la production de fond. Isolation de bâtiments et Grille-pains + pompes à chaleur reste sans doute une meilleure approche.

Choppin

A.Bernard, supprimer tout fossile simultanément n'est pas tres réaliste. Le gaz naturel peut encore pendant une dizaine d'année donner satisfaction en privilégiant si possible l'efficacité energétique (basses températures, condensation, cogénération....et pompe à chaleur si correspondant à la solution adaptée face au probleme, cas par cas) Par ailleurs; un mix gaz nat-hydrogene peut améliorer la donne.
Hydraulique pas de discussion, c'est imbattable, mais où en faire d'autres ? Eéoliennes et PV sans complément thermique ou nucléaire, peu ou pas d'intérêt. Stockage miracle ? faites les comptes de ce que ça couterait. Il faut un mix de solutions nouvelles et des plus propres des solutions fossiles pendant au moins 10 ans. Et faire tres attention à ne pas surexploiter la biomasse et quand on l'utilise, le faire sous haut-rendement, c'est mon crédo.

sirius

La géothermie ,individuelle ou collective , ne peut -elle participer au chauffage ,au moins dans certaines régions ? Tout le monde connait Chaudes-Aigues et son eau à 83 ° .
Elle n' a pas de conséquences sur les GES .

Charentas

Concrètement, je compare deux maisons bien isolées de surfaces d'habitation similaires. L'une est chauffée avec une chaudière au gaz à condensation et gaz propane, l'autre avec des radiateurs à inertie. Thermostats de jour à 19°C, de nuit à 17°. Si nous comptons toutes les dépenses (notamment contrat d'entretien annuel de la chaudière près de 200 € et remplissage de la cuve), notre facture électrique est bien plus faible.Et pas de chaudière à remplacer.

MANIN Jean-Pierre

c'est la Commission de Régulation de l'Energie, (CRE) qui détermine le prix des Tarifs Réglementés de Vente et leur augmentation annuelle. Extrait d'un document fournisseurs électricité.com : jusqu'en 2006 " les français ont bénéficié d 'un prix de l'électricité avantageux par rapport à leurs voisins grâce à un parc de centrale nucléaires amorties de longue date produisant de grandes quantités d'énergie à un faible coût. Mais ces prix ont connu une envolée ( de 37%) depuis 2006, pour assurer le financement du développement des énergies vertes et couvrir les frais liés à l'allongement de la durée de vie des centrales nucléaires d'EDF.
Entre 2017 et 2020, les prix de l'électricité aux tarifs réglementés d'EDF devraient continuer d'augmenter pour les particuliers et petits professionnels (tarifs bleus). La CRE prévoit une augmentation de 35% de 2019 à 2027 "
C’est la raison pour laquelle EDF et les (rares) entreprises locales de distribution (ELD) sont obligées de racheter la production électrique de certaines installations d’Energies renouvelables à un montant bien supérieur à celui du marché . Ainsi depuis 2016 un nouveau dispositif de Complément de rémunération de soutien public remplace en partie l’ancien système de tarifs d’achats garantis par des contrats de 12 à 20 ans qui permettaient aux nouveaux producteurs d’EnR de pouvoir rentabiliser une production qui sans cela aurait été déficitaire .
Cela revient au même pratiquement puisque ce soutien est financé par nos factures , quel que soit le fournisseur, par le biais des abonnements, et des taxes TCFE, CSPE et TVA
Ce soutien était de 5 milliards par an jusqu’en 2020, pour atteindre 6,5 à 8,5 Mds par an vers 2030 et baisser jusqu’à 2040, (soit près de 100Mds = 8 EPR ) pour apurer ces fameux contrats de rachat à un prix supérieur des EnR et faire progresser les techniques. En cela la France est parmi les pays ayant fait le plus d’effort prévus à la COP 21 pour les EnR.
Bref si cet effort est louable, il sera financé en grande partie aussi par nos impôts et nos factures d’énergie. D'où l'intérêt d'améliorer l'isolation des maisons en premier , quelle que soit l'énergie choisie.

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