Climat : l'Union européenne va-t-elle arriver « les mains vides » à la COP30 ?

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Drapeaux européens

Le temps presse. À une dizaine de jours de la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP30) à Belém, au Brésil, l'Union européenne espère encore obtenir un feu vert de ses États membres sur sa trajectoire climatique en 2035 et 2040. Une réunion décisive est prévue mardi prochain entre les ministres de l'Environnement des 27.

Où en est l'Europe ?

Malgré des mois de tractations, les 27 n'ont pas encore approuvé formellement leur objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les quinze ans qui viennent. La Commission européenne voudrait arracher un accord avant la COP30, la grand-messe climatique de l'ONU qui commence le 10 novembre à Belem au Brésil.

À ce stade, les États n'ont pas endossé l'objectif proposé par la Commission de baisser de 90% les émissions de gaz à effet de serre en 2040 par rapport à 1990. Bruxelles a proposé dès juillet une "flexibilité" dans le mode de calcul : la possibilité d'acquérir des crédits carbone internationaux, à hauteur de 3% du total, qui financeraient des projets en dehors de l'Europe. Mais cette concession n'a pas suffi.

Pour éviter d'arriver les mains vides à la COP30, les pays européens ont soutenu en septembre un compromis a minima concernant l'échéance 2035 : une fourchette de réduction des émissions comprise entre - 66,25% et - 72,5% par rapport à 1990. Sauf qu'il s'agit à ce stade d'une simple déclaration d'intention et pas d'un objectif contraignant.

La trajectoire climatique européenne implique des transformations majeures pour l'industrie comme pour le quotidien des Européens : électrification des voitures, sortie progressive des énergies fossiles, rénovation énergétique des bâtiments...

Quels sont les points encore en négociation ?

Pour tenter de débloquer la situation, la discussion s'est invitée au menu des chefs d'État et de gouvernement lors du sommet du 23 octobre à Bruxelles. Dans leurs conclusions, les 27 ont insisté sur la "nécessité d'une clause de révision" de la trajectoire 2040, qui permettrait d'ajuster l'objectif s'il s'avérait trop difficile à atteindre.

Selon Neil Makaroff, spécialiste de la transition climatique au think tank Strategic Perspectives, "la voie s'est libérée" pour un accord le 4 novembre, mais "il y a encore deux points d'achoppement principaux" dans les négociations.

Le premier concerne la part des crédits carbone internationaux que les États européens pourront acquérir pour atteindre l'objectif 2040. Au grand dam des organisations environnementales, des États veulent aller plus loin que les 3% proposés par la Commission.

Deuxième point sensible, des pays comme la France demandent d'insister sur les incertitudes concernant la capacité des puits de carbone (forêts, sols...) à absorber du CO2, au moment où l'état des forêts se dégrade en Europe.

Autre sujet de tractation, certains États dont la Pologne font pression pour reporter l'extension prévue en 2027 du marché des quotas carbone (avec un prix pour les émissions de CO2) au secteur du chauffage des bâtiments et du transport routier.

Pourquoi l'Europe a-t-elle tardé ?

Depuis les élections européennes de juin 2024, l'UE penche nettement plus à droite et axe davantage sa politique sur la compétitivité des entreprises, alors que l'Europe est à la peine face aux mastodontes chinois et américain.

Dans ce contexte, des pays comme la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie ou l'Italie critiquent l'objectif de réduction des émissions de 90% en 2040, y voyant une menace pour leurs industries. Prudente, la France ne s'est quant à elle pas prononcée formellement sur cet objectif, s'attirant les foudres des ONG.

Nombre de dirigeants européens pensent que l'UE a fait preuve de naïveté auparavant en affichant son leadership climatique, sans le corréler suffisamment à des ambitions économiques.

De son côté, le gouvernement allemand soutient plutôt l'objectif climatique de la Commission européenne, mais s'oppose à l'une des mesures les plus emblématiques du précédent mandat : l'interdiction à la vente de voitures thermiques neuves en 2035.

Les ONG s'alarment d'un détricotage en règle du Green Deal, le pacte vert, une série de mesures environnementales adoptées avant les Européennes de 2024. L'UE martèle qu'elle maintient son rôle de leader du climat. Avec ses États membres, elle revendique être le plus gros bailleur de fonds dans la lutte contre le changement climatique, comptabilisant 31,7 milliards d'euros de fonds publics mobilisés en 2024.

Commentaires

ANTOINE
Visiblement tous les pays à part l'Allemagne freinent par rapport à la Commission qui s'obstine sur son objectif ambitieux de 40% et d'être "leader du climat". Certains le disent ouvertement, d'autres, dont la France, ne disent rien.. mais n'en pensent pas moins. La position de l'Allemagne tient peut être à son abandon progressif du charbon/lignite qui lui facilite l'atteinte de l'objectif car elle part de plus haut ? En parallèle elle défend bien sûr son industrie automobile.
Albatros
Avec mooins de 10% des émissions mondiales, l'UE et son fer de lance la France (environ 0,7%) devraient au contraire triompher à la COP30 : elles ont réussi à suivre les conseils de Timmermans et de l'ADEME et consorts (une pensée pour l'imbécile Canfin) et elles sont en bonne voie de ruine et d'insignifiance économique (surtout la France, bien représentée par le petit coq Macron qui chante d'autant plus fort qu'il enfonce notre pays dans la merde).

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