COP28 : quid des « lignes rouges » et des possibles compromis sur les énergies fossiles ?

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Quelle sera la bonne formule permettant un accord sur les énergies fossiles ? Au dernier jour prévu de la COP28 à Dubaï, les négociateurs défendent mardi leurs "lignes rouges" mais signalent aussi les compromis qu'ils sont prêts à faire pour éviter un échec.

L'heure limite de 07H00 GMT fixée la semaine dernière par le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, est passée sans accord, comme de nombreux négociateurs le craignaient.

Le dernier projet de texte mis sur la table lundi par Sultan Al Jaber est jugé trop faible par l'Union européenne, les Etats-Unis, les petits Etats insulaires et de nombreux pays sud-américains pour répondre à la crise climatique.

De l'autre côté, l'Arabie saoudite et ses alliés exportateurs de pétrole sont sur une ligne dure, refusant tout texte s'attaquant aux énergies fossiles qui font leur richesse.

"Nous nous y attendions", a affirmé mardi le directeur général de la COP28, Majid Al Suwaidi. "Nous voulions que le texte déclenche une conversation", a-t-il ajouté, se félicitant de désormais connaître les véritables "lignes rouges" des différentes nations.

Ce document de 21 pages laisserait toute latitude aux pays signataires de l'accord de Paris pour choisir leur manière de "réduire" des énergies fossiles, sans obligation.

« Super-majorité »

Il ne fixe plus aucun objectif commun de "sortie" du pétrole, du gaz et du charbon, pourtant envisagé dans les versions antérieures.

Le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, a évoqué une "super-majorité" de pays réclamant plus d'ambition, sur les 194 pays (et l'UE) signataires de l'accord de Paris de 2015.

"Si les dirigeants ne parviennent pas à s'attaquer à la cause profonde de la crise climatique après 28 ans de conférences sur le climat, non seulement ils nous font défaut, mais ils nous font perdre confiance dans l'ensemble du processus de la COP", a réagi la militante ougandaise Vanessa Nakate.

Les Européens ne cessent de se parler pour se coordonner. Diplomates et ministres usés par les nuits sans sommeil cherchent à rendre le texte plus contraignant mais aussi acceptable par le plus grand nombre.

Un nouveau projet d'accord est espéré dans la journée de mardi, selon des délégués, qui espèrent une nouvelle mouture après 18H00 (14H00 GMT).

Mais l'espoir de faire adopter un texte historique appelant à la sortie du pétrole, du gaz et du charbon le jour du 8e anniversaire de l'accord de Paris semble désormais très improbable.

« Pas marié à un mot »

Comment lever l'objection des pays du Golfe, toute décision à la COP se faisant par consensus?

Depuis une conférence à Doha, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a dénoncé une "attaque agressive" de la part des Occidentaux. Son homologue irakien, Hayan Abdel-Ghani, juge lui que "les énergies fossiles resteront la principale source d'énergie dans le monde".

Certains des pays les plus favorables à une "sortie" du pétrole ont pour leur part signalé qu'ils étaient prêts à sacrifier ce mot, en échange d'engagements significatifs.

"Je ne suis pas marié à un mot mais j'insiste sur le fait que la signification de cette formulation, quelle qu'elle soit finalement, doit être extrêmement ambitieuse", a dit mardi le ministre danois du Climat Dan Jørgensen.

Le Canadien Steven Guilbeault a évoqué aussi dans la nuit "d'autres formulations qui ont été proposées qu'on serait très intéressés à regarder".

Une formulation figurant dans des ébauches de textes précédents rapprochait par exemple dans la même phrase le développement des renouvelables et le remplacement des fossiles.

« Nous ne combattons pas la Chine »

Une tournure faisant écho à une déclaration conjointe en novembre entre Chine et Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux.

La Chine n'a pas fait de commentaire officiel depuis la parution du dernier texte lundi soir mais elle n'est pas considérée comme un obstacle sur la voie d'un compromis.

"Je ne dirais pas que la Chine combat avec nous mais nous ne combattons pas la Chine", résume un négociateur occidental.

Autre enjeu poussé par de nombreux pays moins développés : proposer dans le texte des trajectoires différenciées pour la transition des pays, en fonction de leurs moyens.

"On peut évidemment accepter qu'il y ait des rédactions qui rappellent qu'on ne part pas tous du même point, que c'est probablement les pays développés, les pays qui en ont les moyens qui doivent être les premiers à faire des efforts", suggère la ministre française Agnès Pannier-Runacher.

"Les deux doivent être intrinsèquement liés", a dit Arlette Soudan-Nonault, ministre de l'Environnement du Congo.

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