Crise énergétique : l'Allemagne va emprunter bien plus que prévu en 2023

  • AFP
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L'Allemagne affronte une "grande incertitude économique", en raison de la crise énergétique, qui justifie pour l'an prochain un endettement plus important que prévu, a déclaré le ministre des Finances Christian Lindner dont le projet de budget est débattu à partir de mardi.

Berlin prévoit 45,6 milliards d'euros de nouveaux emprunts l'an prochain, contre seulement 17,2 milliards estimé en juin dernier, selon ce projet, dont l'adoption devrait être acté vendredi au Bundestag. "Nous sommes dans une situation de grandes incertitudes économiques", a expliqué le ministre libéral Christian Lindner sur la télévision publique.

Le pays est particulièrement touchée par la crise énergétique, qui pèse sur le secteur industriel et plombe les coûts de production. Pour l'an prochain, le gouvernement anticipe une récession de 0,4%. Pour soutenir son économie, tout en poursuivant sa politique d'investissement public dans la transition écologique et les infrastructures, le gouvernement doit donc plus dépenser que prévu. "Au regard de la situation dans laquelle nous sommes, le budget est solide", a défendu M. Lindner.

Le budget sera le premier, depuis trois ans, à respecter la règle de frein à l'endettement, qui interdit à l'État d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année. Cette obligation a été levée de 2020 à 2022 pour faire face à la pandémie de coronavirus.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a eu recours à un véritable numéro d'équilibriste, avec la multiplication de fonds spéciaux, non comptabilisés dans le budget officiel.

Dernier en date : une enveloppe de 200 milliards sur deux ans pour bloquer les prix de l'énergie. Berlin a aussi créé un fonds de 100 milliards pour son renforcer son armée.

Des dispositifs critiqués par l'opposition, qui dénonce un tour de passe passe budgétaire.

Le chef de file de la CDU à la commission des Finances, Christian Haase, s'était dit début novembre "consterné", estimant que "n'était pas épargné ce qui est nécessaire". M. Lindner a défendu mardi son projet, estimant ne "pas avoir eu d'alternative" dans la situation actuelle. Le ministre refuse catégoriquement des hausses d'impôts. "Cela serait extrêmement risqué d'un point de vue économique et se ferait au détriment de l'emploi et des investissements", a-t-il répété.

Une position critiquée par les experts du conseil des "sages économiques", très écouté en Allemagne, qui a appelé début novembre à augmenter les taxes pour les plus riches pour financer ces dépenses.

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