Crise énergétique : le groupe suédois Northvolt pourrait repousser son projet d'usine géante de batteries en Allemagne

  • AFP
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Le groupe suédois de batteries électriques Northvolt pourrait repousser son projet d'usine géante de batteries en Allemagne en raison de la crise énergétique et de subventions plus favorables aux États-Unis, a indiqué son patron samedi.

Ce projet emblématique "pourrait être repoussé", a affirmé Peter Carlsson, dans une interview samedi au quotidien allemand Frankfurter Allgemeinen Zeitung. Northvolt avait annoncé en grande pompe en mars la construction, à Heide (nord), d'une usine de batteries pouvant fournir un million de véhicules électriques par an.

Ce mastodonte, très gourmand en énergie, avec une consommation de 2 TWh par an, devait ouvrir en 2025. Mais "avec les prix actuels de l'électricité, nous voyons la rentabilité des projets à forte intensité énergétique en Allemagne menacée", a affirmé M. Carlsson.

L'Allemagne, qui s'approvisionnait à 55% en gaz russe avant la guerre en Ukraine, doit se fournir ailleurs, à des prix beaucoup plus élevés. Ces tensions ont fait exploser le prix du gaz et de l'électricité, faisant flamber l'inflation et les coûts de production de l'industrie, moteur de la croissance allemande.

Dans le même temps, un régime de subventions avantageuses adopté cet été aux Etats-Unis plombe la compétitivité européenne, selon Northvolt. "Nous sommes maintenant à un point où nous pouvons donner la priorité à l'expansion aux États-Unis par rapport à l'Europe" a détaillé M. Carlsson, qui estime que le coût de production des batteries pourrait diminuer de "30 à 40%" aux Etats-Unis.

Washington a adopté un texte prévoyant des incitations fiscales pour les constructeurs automobiles si les batteries pour véhicules sont fabriquées et assemblées aux États-Unis. Ce nouveau régime d'aides publiques a occasionné des tensions entre les États-Unis et les Européens, l'UE pointant du doigt des mesures jugées protectionnistes.

"Les États-Unis peuvent ainsi devenir le site le plus intéressant au monde pour la fabrication de cellules de batterie, a ajouté le PDG, appelant l'Union européenne à "contrebalancer les incitations financières américaines".

En septembre, le Wall Street Journal avait rapporté que l'américain Tesla doutait, pour les mêmes raisons, de son projet de méga usine de batteries près de Berlin. Une information démentie par les autorités locales depuis.

Le lieu de production des batteries, où réside l'essentielle de la valeur ajoutée des automobiles électriques, est un enjeu stratégique pour l'Allemagne et son emblématique industrie automobile, lancée dans une transition à tout rompre.

Commentaires

Daphné

C'est une bonne chose: Les Verts allemands devraient se réjouir. La construction d'un tel mastodonte et la production de batteries en telle proportion est un plombage pour l'extension d'autres technologies, est énergivore , une grave erreur ecologique et surtout c'est figer l'avenir du transport dans l'électricité à batteries avec ce qu'elle comporte de lourdeurs et de dépendances en matières premières.
Il y a encore quelques mois, l'Allemagne se proposait dès 2025 de devenir la première puissance mondiale fonctionnant à l'hydrogène vert à partir de l'électricité fournie en particulier par son parc éolien de 31 000éliennes dont plus de 1500 en mer et la production d'électrolyseurs de diverses puissances rattachés à ses appareils de production d'énergie électrique renouvelable. En France fonctionne déjà une unité de production de 400kg./j d'H2 vert rattachée à une éolienne en mer de 2MW (17520 MWh). 400kg d'H2/j c'est le carburant pour 500km. à 0 g de CO2 pour 80 VL roulant à l'H2 soit en moteur thermique soit à pile à combustible. Avec nos 8000 éoliennes terrestres de 2MWc nous pourrions produire au minimum ( en divisant par deux la production)1600 000 kg d'H2/j soit 500km de route/j pour 320 000 VL. sans compter les ressources en électricité des barrages, du nucléaire et du photovoltaïque le tout déjà installé! Il nous faut donc produire des électrolyseurs en masse, des compresseurs puissants (H2 à 750 bars), des contenants résistants et étanches , toutes ces productions étant déjà lancées et existantes en France comme en Allemagne. Est-ce si utopique?? Quant à la Russie, elle a des ressources en H2 naturel en Sibérie. Le captage et la purification ne sont pas encore au point peut-être, mais la paix revenue ( parce qu'elle revient touours) elle saura exporter son H2 ne serait-ce que pour booster le rendement de son GN (80% Gn/20%H2, moins polluant et plus énergétique). En résumé: gardons nos modèles de véhicules électriques et remplaçons à l'usine, les lourdes batteries par des réservoirs à H2 ajoutons une pile à combustible avec peu ou sans platine ( coût 900 E env.) pour rentabiliser les investissements déjà engagés sur les modèles. Il y a aussi à installer le système de distribution et d'approvisionnement. En particulier, dans les régions enclavées , des distributeurs d'H2 autonomes fonctionnant à l'éolienne ( existent et fonctionnent) Cela aussi, est-ce si utopique?

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