Dans le Nord, le groupe Vallourec parie sur les robots et l'impression 3D pour réindustrialiser

  • AFP
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Vallourec, le groupe de tuyaux d'acier sans soudure qui sort d'une lourde restructuration, a inauguré vendredi deux robots d'impression 3D de l'acier dans son usine historique d'Aulnoye-Aymeries (Nord), en visant des marchés de pointe comme l'industrie de défense ou la capture du CO2.

Avec une nouvelle unité de production qui devrait accueillir "six ou sept robots" d'ici fin 2023, le groupe se place désormais dans "la haute-couture de la métallurgie" grâce à "des technologies de pointe qui sont les seules à pouvoir être viables en France et en Europe compte tenu des coûts, et notamment ceux de l'énergie depuis la guerre en Ukraine", a déclaré à l'AFP le nouveau PDG Philippe Guillemot, au cours d'une conversation téléphonique.

L'investissement total de Vallourec -comprenant les robots, les opérations d'usinage, de test et de contrôle contre les corrosions- s'élève à "une dizaine de millions d'euros, dont le quart est financé par des aides publiques issues du plan France Relance", a-t-il précisé.

Après le traumatisme de l'annonce début 2022 de la fermeture de ses usines allemandes --dont les activités seront transférées au Brésil d'ici fin 2023-- le groupe s'est mis en quête d'autres débouchés en Europe que l'exploration pétrolière et gazière, son marché traditionnel.

"Pour nous, la page de l'exploitation du gaz de schiste en Europe est tournée, et l'exploration pétrolière elle-même n'existe vraiment qu'en mer du Nord, un marché très limité"? a dit M. Guillemot, qui cite en revanche une série de "marchés nouveaux à explorer" en Europe: la géothermie et la capture et la séquestration du carbone notamment.

« Sur-mesure »

Les nouveaux robots vont fabriquer des pièces selon un procédé connu sous son acronyme anglais WAAM (wire arc additive manufacturing). "Il s'agit d'un procédé de soudure intensive et répétitive du métal" explique Olivier Tartar, qui dirige le programme de fabrication additive.

En ajoutant de la matière couche par couche pour former une pièce au lieu d'en enlever dans une barre d'acier initiale (fabrication soustractive traditionnelle), "on économise 30 à 40% de matière, on réduit l'empreinte carbone, et on peut imaginer toutes les formes possibles", ajoute-t-il.

Un procédé qui a séduit le groupe Naval Group avec lequel Vallourec a signé vendredi un accord de collaboration.

D'ici quelques années, Vallourec espère pouvoir proposer ce procédé d'impression 3D pour les tuyauteries des centrales nucléaires. En attendant, il vise le marché des raffineries pétrolières.

"On est capable de faire du sur-mesure de dernière minute, ce qui change vraiment l'approche de nos clients qui ont besoin de moins de stocks et de moins de temps d'immobilisation de leurs installations industrielles pour les révisions", relève M. Guillemot.

Stockage de l'hydrogène

Le procédé permet aussi "l'autonomie stratégique" chère à l'industrie de défense. "Avec le Covid-19, tout le monde a réalisé qu'il faut raccourcir les chaînes logistiques", ajoute-t-il.

Vallourec travaille avec le lycée d'Aulnoye pour lancer un programme de formation initiale et continue de "soudeur programmeur de cellules robotisées". Certains employés de Vallourec vont être formés aussi.

Le plan de restructuration du groupe a supprimé 3.000 emplois au total, dont 300 en France, après notamment la fermeture du site de Saint Saulves.

Les nouveaux robots devraient seulement permettre la création de 30 emplois nouveaux d'ici la fin 2024. Mais "hautement qualifiés" insiste M. Guillemot.

Pour sortir le groupe de ses difficultés, le dirigeant le ramène aussi à ses origines métallurgiques: le groupe prévoit de développer le stockage de l'hydrogène gazeux comprimé pour lequel il n'existe pas de solution technologique pour l'instant, alors que les besoins de stockage vont augmenter avec le développement des énergies renouvelables.

"Nous allons réaliser un prototype de démonstrateur vertical d'ici l'automne car nous avons déjà démontré que nos technologies sont étanches à la molécule d'hydrogène, pourtant la plus volatile", a-t-il dit.

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