Donald Trump annonce la saisie d'un « très grand » navire pétrolier au large du Venezuela

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Donald Trump a annoncé mercredi que les États-Unis avaient saisi un pétrolier au large du Venezuela, une manière de faire grimper encore la tension avec Caracas, qui dénonce un "acte de piraterie internationale".

« Le plus grand jamais saisi »

"Nous venons tout juste de saisir un pétrolier au large du Venezuela, un grand pétrolier, très grand, le plus grand jamais saisi", a affirmé le président américain à des journalistes à la Maison Blanche.

Le pétrolier saisi par les Américains est baptisé Skipper, selon le site spécialisé MarineTraffic. Il s'agit d'un "très grand pétrolier transporteur de brut" (VLCC). Selon MarineTraffic, il transportait 1,1 million de barils de pétrole brut soumis à des sanctions.

Long de 333 mètres, le Skipper a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah. À l'époque, il naviguait sous le nom d'Adisa.

La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi a publié sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère. Personne d'autres que les soldats américains n'est visible sur cette vidéo. 

Elle a précisé que l'opération avait notamment été menée par le FBI avec le soutien du ministère de la Défense. "Depuis plusieurs années, ce pétrolier est sanctionné par les Etats-Unis en raison de son implication dans un réseau illicite d'expédition de pétrole soutenant des organisations terroristes étrangères", a-t-elle déclaré sur X.

Elle a affirmé que le navire saisi transportait du pétrole soumis à des sanctions en provenance du Venezuela et de l'Iran. La saisie du navire a eu lieu "au large des côtes vénézuéliennes", "en toute sécurité", a-t-elle dit.

« Un vol éhonté » pour le Venezuela

Selon le Washington Post, le pétrolier était en route pour Cuba pour y livrer du pétrole. Le gouvernement américain multiplie les mesures, économiques et militaires, pour accroître encore plus la pression sur le dirigeant socialiste vénézuélien Nicolas Maduro. Donald Trump a estimé que les jours de ce dernier étaient "comptés" dans un récent entretien avec le site Politico.

Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été. Mais la saisie du pétrolier constitue une première dans cette crise, alors que les hydrocarbures constituent la principale source de revenus du Venezuela.

Le ministère des Affaires étrangères vénézuélien a dénoncé "avec force ce qui constitue un vol éhonté et un acte de piraterie internationale, annoncé publiquement par le président des États-Unis", dans un communiqué.

Le ministère a encore estimé qu'avec cet "acte criminel", le président américain montre que "son objectif a toujours été de s'emparer du pétrole vénézuélien sans verser la moindre contrepartie, laissant clairement entendre que la politique d'agression contre notre pays répond à un plan délibéré de spoliation de nos richesses énergétiques".

« Pirates des Caraïbes »

"Ce sont des assassins, des voleurs, des pirates. Comment s'appelle ce film, Pirates des Caraïbes ? Eh bien, Jack Sparrow est un héros, ceux-là sont des criminels des mers, des flibustiers, ils ont toujours agi ainsi", a renchéri Diosdado Cabello, le ministre vénézuélien de l'Intérieur, lors de son passage télévisé hebdomadaire.

Cette opération a eu lieu le jour même de la cérémonie de remise du Nobel de la paix à l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, qui a dédié son prix à Donald Trump.

Lors d'un rassemblement mercredi à Caracas, Nicolas Maduro a exigé la fin de "l'interventionnisme illégal et brutal du gouvernement américain au Venezuela et en Amérique latine", sans faire référence explicitement à la confiscation du pétrolier.

Accusant Caracas d'être derrière un trafic de produits stupéfiants qui inondent les États-Unis, Washington a conduit de multiples frappes contre des embarcations accusées de transporter de la drogue, en particulier en mer des Caraïbes.

Embargo

Les États-Unis ont bombardé une vingtaine d'embarcations avec un bilan de 87 morts. Caracas estime qu'il s'agit d'une opération visant à évincer M. Maduro du pouvoir et s'emparer des immenses réserves de pétrole du pays, soumis depuis 2019 à un embargo.

Ce dernier avait été assoupli en 2023 avec des licences pour opérer dans le pays, mais Donald Trump les a révoquées depuis son retour à la Maison Blanche. Cela oblige le pays à écouler sa production sur le marché noir à des prix nettement plus bas, à destination en particulier de la Chine.

La saisie d'un pétrolier pourrait peser sur ces exportations, en dissuadant les acheteurs potentiels. Le Venezuela fournit 1,1 million de barils par jour de pétrole brut, principalement à la Chine, selon des analystes.

Le représentant commercial de l'Union européenne au Venezuela, Jaime Luis Socas, a estimé que les achats de pétrole brut au Venezuela chuteraient de 75% cette année, passant de 1,535 milliard d'euros en 2024 à 383 millions d'euros en 2025.

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