Dyson choisit Singapour pour produire sa voiture électrique

  • AFP
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Le groupe britannique Dyson a choisi Singapour pour fabriquer la voiture électrique qu'il veut lancer en 2021, à la grande joie de la cité-État et au prix de grincements de dents dans son pays avant le Brexit.

"Aujourd'hui, Dyson a confirmé que son conseil d'administration avait approuvé la décision de construire son premier site de production automobile à Singapour" d'ici à 2020, a annoncé l'entreprise fondée par James Dyson dans un communiqué mardi.

En septembre l'an passé, le groupe a révélé qu'il travaillait depuis 2014 sur un projet de voiture électrique. Depuis, 400 ingénieurs affectés au développement de ce véhicule se sont installés à la fin de cet été dans un nouveau centre de recherche dans le sud-ouest de l'Angleterre.

"L'équipe automobile de Dyson progresse de manière remarquable depuis les hangars ultramodernes du terrain d'aviation de Hullavington dans le Wiltshire où nous investissons 200 millions de livres sterling" (227 millions d'euros), a expliqué le directeur général du groupe, Jim Rowan, dans un e-mail adressé au personnel et cité dans le communiqué.

"Il est temps aujourd'hui de passer au stade de l'assemblage et de la production", a ajouté M. Rowan, précisant que "notre présence et nos équipes actuelles à Singapour, associées aux compétences avancées importantes de ce pays en matière de fabrication, en faisaient un favori". "Singapour donne également accès à des marchés à forte croissance, de même qu'à une chaîne logistique très complète et à une main-d'oeuvre hautement qualifiée", a-t-il mis en exergue.

Haut de gamme ?

Cette annonce a été saluée avec enthousiasme par le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong. "Singapour assemblait des voitures jusque dans les années 1980. Nous allons recommencer, mais cette fois pour des automobiles plus vertes, plus technologiques et meilleures !", s'est-il enthousiasmé.

Le groupe emploie 1 100 personnes dans la cité-État du sud-est de l'Asie, où il compte désormais doubler ses effectifs. M. Rowan a néanmoins reconnu que choisir ce site avait constitué "une décision complexe", certains au Royaume-Uni espérant un choix britannique, d'autant que James Dyson s'est montré à titre personnel favorable à l'affirmation de son pays via le Brexit.

"Le Brexiter passionné Sir James Dyson a fourni un vote de confiance pour le Royaume-Uni du Brexit - en décidant de fabriquer ses nouvelles voitures électriques à Singapour", a réagi, acide, l'association pro-UE Best for Britain. "On peut se poser des questions sur l'avenir de notre économie et l'impact du Brexit sur les emplois, lorsqu'un responsable affirmant que l'industrie britannique allait prospérer après le Brexit n'est pas fichu d'investir là où il est", a ajouté le député travailliste Ian Murray, de Best for Britain.

Dyson a toutefois multiplié par 2,5 ses emplois au Royaume-Uni ces cinq dernières années, à 4.800 employés. Outre son nouveau site de recherche et développement (R&D) de Hullavington construit sur un ancien terrain d'aviation de la Royal Air Force, le groupe dispose pour ses autres activités d'un vaste centre de recherche à Malmesbury, à quelques kilomètres de là, où travaillent plus de 4.000 personnes.

Toutes activités confondues, Dyson emploie environ 12 000 personnes dans le monde, dont un pan important en Asie du Sud-Est où se trouvent déjà ses centres de production.

Créé à la fin des années 1970 par l'inventeur James Dyson, le groupe a démarré en fabriquant des aspirateurs sans sac, avant d'étendre ses activités aux sèche-cheveux, purificateurs d'air et batteries. Mais Dyson veut mettre désormais le paquet sur le développement d'une voiture électrique, dotée d'une batterie maison et pour laquelle il envisage d'investir 2 milliards de livres (2,27 milliards d'euros).

Son développement reste secret mais James Dyson a laissé entendre dans une interview début août au magasine GQ que ce véhicule viserait le segment haut de gamme et qu'il contiendrait "quelques" systèmes de conduite sans pilote. Dyson a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de livres (3,9 milliards d'euros), en forte hausse de 40% sur un an. Le groupe appartient à 100% à son fondateur James Dyson.

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