Électricité : la Cour des comptes évoque une « rente » de la Compagnie nationale du Rhône, tirée des aménagements hydroélectriques du fleuve

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La Cour des comptes épingle, dans un rapport publié mardi, "la rente" que la Compagnie nationale du Rhône (CNR) tire des aménagements hydroélectriques du fleuve, dont la concession vient de lui être prolongée.

Détenue par Engie (49,97% du capital), la Caisse des Dépôts (33,20%) et des collectivités locales (16,33%), l'entreprise assure un quart de la production hydroélectrique du pays, avec 19 centrales. Selon la Cour, leur exploitation par EDF jusqu'au début des années 2000 a profité à l'État et aux collectivités, ainsi qu'aux usagers "en raison de l'existence de tarifs réglementés qui reflétaient les coûts moyens de production", moindres que dans d'autres filières énergétiques.

L'ouverture à la concurrence a changé la donne : en vendant son électricité aux prix du marché, la CNR engrange les profits mais "l'efficacité des barrages du Rhône ne bénéficie plus aux consommateurs", affirme le rapport. "Depuis de nombreuses années", la CNR dégage "une rente supérieure à 15 euros par mégawattheure", calcule le gendarme financier en chiffrant à 16%, depuis 2003, la rémunération moyenne du capital via le versement de dividendes.

Parallèlement, la Cour affirme que le niveau des investissements s'est "dégradé" ces dernières années : il aurait servi de "variable d'ajustement" face à la baisse des prix de gros de l'électricité après 2016.

La CNR répond à la Cour que sa gestion a servi "avant tout" l'intérêt général, l'État et les collectivités ayant capté "76% de la valeur ajoutée" de 2012 à 2020, contre 8,5% pour Engie et 5,5% pour la Caisse des Dépôts.

La CDC conteste, de son côté, le terme de "rente" en soulignant les "risques importants" qui pèsent sur l'activité de la CNR - en matière de sécurité ou de prix - et donc sur ses actionnaires. Engie, enfin, dément que ces derniers aient touché des "revenus considérables", leur rémunération étant inférieure à "celle qui aurait été attendue par un investisseur sur cette période pour ce profil de risque".

Outre l'hydroélectricité, la CNR est chargée de la navigation fluviale et de l'irrigation agricole dans le cadre de sa concession, que le Parlement a prolongé de 18 ans la semaine dernière, de 2023 à 2041.

Jugeant les modalités de cette prolongation très favorables à la CNR et ses actionnaires, la Cour des comptes recommande de prévoir une clause de revoyure face au "risque de voir la dérive de 2003-2020 se reproduire sur la période 2021-2041".

Commentaires

FLUCHERE
Voilà la CNR enfin épinglée. Les investissements de toutes les centrales hydrauliques du Rhône ont été payés par EDF. A la suite de tractations politiques, elle a obtenu un transfert de propriété dans les années 90 mais elle s'était engagée à financer avec les bénéfices la construction du Canal Rhin-Rhône. Les dirigeants de la CNR, une fois obtenu le transfert de propriété ont tout fait pour torpiller le projet du Canal avec le plein accord des Verts toujours très favorables au transport par voie fluviale dans le discours mais toujours opposés dans les faits comme toujours. Ils sont pour puis ensuite contre.
Courtois
Oui pourquoi le grand canal Rhin-Rhône ne se réalise pas ? De la Hollande on pourrait aller à Marseille !!! c'est + longtemps qu'en camion mais moins polluant ,on aurait des péniches de 1200T minimum comme en Lorraine ou cela a fonctionné qq . années(dommage) ! car de Mulhouse à Lyon ce n'est pas très long et il y a le Doubs et la Saône pour alimenter les écluses ! car 1 canal est plat et on perd tjrs 1 peu d'eau à chaque écluse (Paul Riquet l'avait bien compris pour le canal du midi ) a + m. Courtois du midi

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