ARENH : le PDG d'EDF dénonce les demandes « baroques » de Total

  • AFP
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Le PDG d'EDF a jugé jeudi sur RTL "un petit peu baroque" les demandes de son concurrent Total, qui souhaite renoncer à l'électricité « nucléaire » qu'il avait commandée dans le cadre du mécanisme ARENH, en raison de la crise du Covid-19, soulignant que "les tribunaux en jugeront".

Les fournisseurs alternatifs (Engie, Total, Eni etc.) peuvent acheter à l'avance et à prix fixe une certaine quantité de l'électricité nucléaire produite par EDF, dans le cadre de l'ARENH ("accès régulé à l'énergie nucléaire historique").

Mais certains fournisseurs, dont Total Direct Energie, filiale du géant pétrolier et gazier, veulent maintenant renoncer à cette électricité pré-commandée, évoquant un cas de force majeure avec la pandémie de Covid-19. 

"Maintenant que la demande a baissé en particulier de la part des entreprises et que les prix ont baissé, ils s'aperçoivent que oh pas de chance on va peut-être perdre de l'argent, alors ils nous disent non non finalement on n'en veut pas de toute cette électricité, gardez-vous la", a déclaré Jean-Bernard Lévy, avant l'assemblée générale d'EDF.

"À certains tout petits revendeurs, nous avons dit que nous étions prêts à faire des facilités de paiement s'ils avaient des difficultés de trésorerie", a-t-il poursuivi. "Il y a aussi des gros (...) qui cherchent à obtenir une révision de leur contrat devant les tribunaux, les tribunaux en jugeront mais nous estimons qu'il n'y a pas matière", a-t-il ajouté.

Après l'échec d'une procédure devant le régulateur du secteur et le Conseil d'État, le Tribunal de commerce de Paris a été saisi dans cette affaire, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources proches du dossier. "J'ai entendu parler de dividendes, enfin ça n'a pas l'air d'aller si mal", a ironisé Jean-Bernard Lévy, interrogé spécifiquement sur Total.

Le géant pétrolier a en effet indiqué à l'occasion de ses résultats publiés mardi qu'il n'allait pas abaisser son dividende mais proposer à ses actionnaires de le verser en actions. "Qu'ils viennent dire à EDF finalement j'ai acheté un peu trop de courant électrique, vous ne voudriez pas me le rependre parce que ça m'embête de faire un peu de pertes quand même, on a trouvé ça un petit peu baroque", a conclu M. Lévy.

Commentaires

Jean BLIN

la demande du groupe Total sur l'ARENH (qui plombe plutôt EdF en période normale hors Covid 19) c'est plus qu'un peu baroque : c'est une Totale ignominie mais tout inclus l'ignominie pour servir de ligne de conduite des actionnaires et leurs stipendiés administrateurs de stés pour leurs profits. Pas de morale quand la seule logique est le fric.

Lecteur 27

On comprend la demande de Total Energie. On comprend aussi, un peu mieux peut-être compte tenu du traitement beaucoup plus "baroque" encore qu'on impose à EdF, obligée de vendre de l'électricité nucléaire à des prix cassés à ses concurrents qui viennent lui prendre des parts de marché et, en année normale, un morceau de son EBITDA. Mais le Président d'EdF est mal inspiré (pour le moins) de faire un rapport entre ce débat juridique (force majeure ou pas) et le maintien de la politique de dividende de Total que, si on connaît le secteur et la position du Groupe français dans le monde "capitaliste", est indispensable ... M. Levy fait ici le jeu de tous ceux qui, par ignorance ou militantisme, essaient de nous faire croire qu'il faut être misérable et pauvre pour réussir en économie, dans ce monde de "brut".

Lecteur 27

Merci. Pour qui a pratiqué les échanges internationaux dans le cadre de contrats qui incluent (toujours) une clause plus ou moins compliquée de force majeure, chaque épisode de "force majeure" est différent - les situations sont souvent complexes et il est difficile pour l'observateur extérieur de juger. D'ailleurs les juges ou les arbitres sont souvent obligés d'entrer dans le détail du cas pour le débroussailler. Si l'argument invoqué par le responsable de Total cité dans l'article de Montelnews (poursuite des achats, sur le marché spot, de l'acheteur qui invoque la force majeure) est vrai, alors évidemment le cas de l'acheteur chinois est bien faible. Comme l'est peut-être (vraisemblablement ?) le cas de Total vis à vis de EdF. Mais sans doute assez embrouillé, d'où le conseil du Tribunal de Commerce : négociez ! .... Histoire de ne pas prendre une décision difficile qui pourrait laisser des traces.

Mandron

Les fournisseurs d’énergie Alternatifs en particulier avec les renouvelables dont ils sont souvent producteurs,sont pris dans un piége à double sens et ils ont du mal à en assumer les conséquences en cas de baisse brutale de consommation; en effet ils bénéficient quand ils sont producteurs d’un prix de vente élevé garanti par L’état via EDF, mais aussi il leur faut acheter le volume prévu au contrat à prix fixé et bien supérieur au prix du marché intra européen. Donc l’excédent est revendu à perte en Europe à nos voisins qui consomment du Kw à un prix ridicule sur notre dos
On ne pas de pétrole... mais on a des idées pour se ruiner!

Mandron

Il faut lire « prix d’achat garanti par l’état » au lieu de prix de vente. Avec mes excuses

Patrice LUCCHINI

Total s'aperçoit, mais un peu tard et parce que la société va perdre de l'argent, que les mécanismes comme l'ARENH sont à double tranchant ! Jusque là, c'est EdF qui était perdant, obligée de vendre à prix coûtant son électricité nucléaire à ses concurrents pour que ceux-ci puissent proposer de la prétendue énergie verte à un prix inférieur à celui du marché. Mécanisme pervers. Les prix de marché s'étant effondrés, ils se retrouvent, arroseur arrosé, obligés d'acheter à EdF au prix convenu l'électricité d'origine nucléaire. Ce mécanisme les avantageait alors qu'EdF est tenue de vendre à perte, dans cette situation de crise et dès avant d'ailleurs, l'électricité éolienne qu'elle achète à un prix très supérieur au marché (de 65 à 82 euros le MWh) - et continue d'ailleurs de le faire puisque le gouvernement n'a pas jugé bon de modifier ses subventions ou de faire appel à une situation de force majeure pour arrêter la production d'électricité éolienne. Total et ses semblables montrent tout le cynisme et le mépris de l'intérêt général de ces sociétés. Qu'elles payent le prix convenu !

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