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Les Émirats arabes unis ont donné leur feu vert à la mise en exploitation de leur centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, a annoncé lundi le représentant permanent du pays à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"L'Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l'entreprise Nawah de la licence d'exploitation du réacteur 1 de la centrale", a déclaré Hamad Alkaabi lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi, ajoutant que sa mise en service aura lieu dans un "futur proche" sans préciser la date, déjà longtemps retardée.
Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site de l'entreprise. La centrale a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros).
Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d'après les responsables, aux conditions légales de sécurité.
25% des besoins d'électricité du pays
"Il s'agit d'un moment historique pour les Émirats arabes unis (...) couronnant ainsi les efforts de 12 ans de construction (...) de ce programme nucléaire pacifique pour répondre aux besoins énergétiques futurs du pays", s'est félicité M. Alkaabi. "Après la délivrance de la licence d'exploitation du premier réacteur, l'opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale", a précisé M. Alkaabi.
Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs, d'une puissance cumulée de 5 600 mégawatts d'électricité, pourraient satisfaire environ 25% des besoins en électricité des Émirats arabes unis, pays riche en pétrole.
L'État fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d'habitants, dont environ 80% d'expatriés. Les besoins en électricité sont croissants, en raison notamment de l'utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires.
ENEC, une entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2020.
Programme « pacifique »
Les responsables émiratis insistent sur le caractère "pacifique" de leur programme nucléaire et assurent qu'il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.
"Les Émirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu'à une coopération solide et continue avec l'AIEA et les partenaires nationaux et internationaux", a insisté le diplomate.
Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de l'Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.
De son côté, le Qatar, émirat voisin, dit voir dans Barakah une "menace pour la paix régionale". Interrogé par l'AFP sur le fait que ce projet peut exacerber les tensions dans la région, M. Alkaabi, s'est voulu rassurant. "Je dis aux critiques que si vous avez des questions, vous pouvez nous les poser, nous serons heureux d'y répondre (...) et les Émirats font partie de nombreuses conventions, dont celle sur la sécurité nucléaire", a-t-il souligné.
Il a ajouté que le feu vert donné au fonctionnement du réacteur a résulté d'un processus d'évaluation de cinq ans qui a porté sur "la conception du réacteur en termes de sûreté mais aussi de sécurité, y compris les mesures associées à l'urgence".
Comme plusieurs de ses alliés, dont l'Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n'entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.
Abou Dhabi, comme Riyad, entretient aussi des liens tendus avec Téhéran.
La centrale nucléaire est située sur la côte nord-ouest du pays et n'est donc séparée de l'Iran, en face, que par les eaux du Golfe.
Grand allié des Émirats, les États-Unis mènent une politique de "pression maximale" contre la République islamique, accusée depuis plusieurs mois de semer le trouble dans la région, en attaquant notamment des pétroliers dans les eaux du Golfe.
Riyad et Washington ont également accusé l'Iran, qui dément, d'être à l'origine de l'attaque de septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco.
Une spécialiste du Golfe requérant l'anonymat a indiqué que "l'intensification des tensions régionales augmente la vulnérabilité des nouvelles infrastructures énergétiques" face au risque de telles attaques.