En Silésie, le charbon est toujours un mode de vie auquel il n'est pas question de renoncer

  • AFP
  • parue le

Frôlant la mort au quotidien, les mineurs de fond polonais continuent de perpétuer de père en fils un métier en voie de disparition en Europe de l'Ouest, attirés par des salaires confortables et soutenus par un gouvernement qui refuse de "décarboniser" l'économie.

À Bruxelles, à Berlin, à Paris, le charbon est vu comme un ennemi, source d'un CO2 accusé de chauffer la planète. Mais en Silésie, c'est un mode de vie auquel il n'est pas question de renoncer.

"Dans ma famille, on a tous travaillé dans les mines, mon père, mon grand-père... alors moi aussi je suis mineur", confie Arkadiusz Wojcik, 36 ans, qui travaille dans la mine de charbon de Knurow, dans le sud de la Pologne. "Ici, en Silésie, c'est une tradition." Après une nuit de travail passée à 650 mètres de profondeur, son visage est tout noir. À Knurow, on travaille nuit et jour: les équipes sont réparties en quatre permanences.

Les employés de la mine font fi du danger. "Bien sûr qu'on a peur, il y a des accidents, ça fait partie du métier. Mais on n'y pense pas au quotidien quand on descend sous terre", assure Radoslaw Ruminski, 37 ans, à la sortie d'un ascenseur de la mine.

Sur les onze derniers mois, 21 mineurs ont trouvé la mort, contre 15 l'année dernière, un "score plutôt bon" par rapport à l'année noire de 2014, où 30 mineurs avaient péri. La rémunération est un argument pour continuer: elle peut grimper jusqu'à 1 600 euros, contre un salaire moyen polonais de 813 euros net. "Les salaires ici (des mineurs ) sont bien plus élevés que dans d'autres secteurs", reconnaît Kamil Ganko, 33 ans, un conducteur de machine d'extraction, sans dévoiler le sien.

Les mineurs ont aussi droit à de nombreux avantages hérités de l'époque communiste, comme un 13e salaire à l'occasion de la Sainte-Barbe, la protectrice des mineurs, et un 14e versé en février. S'y ajoutent huit tonnes de combustible par an fournies par la mine, un avantage en nature non négligeable en Silésie, où de nombreuses maisons sont chauffées au charbon. Et surtout, les mineurs ont droit à la retraite au bout de 25 ans de travail sous terre.

« Pas d'autres métiers »

Certains n'ont parfois pas le temps d'en profiter. "Mon mari est mort tout juste à huit mois de sa retraite", raconte Agata Kowalczyk. "Un jour, le directeur de la mine, accompagné d'un psychologue sont venus m'annoncer la mauvaise nouvelle", se souvient cette femme qui dirige aujourd'hui une association de veuves.

Cette mort prématurée n'a pas découragé ses fils. "Deux de mes quatre garçons travaillent toujours à la mine. "L'aîné, en bas, il est chef d'équipe et aime travailler la nuit", dit cette femme. La nuit, on gagne plus. De toute façon, "il n'y a pas d'autres métiers ici, pas d'autres grands employeurs, que feraient les milliers de mineurs? Pour l'instant il n'y a pas d'alternative en Silésie", lance Agata Kowalczyk.

Knurow est l'une des quatre mines du groupe JSW, le principal producteur de charbon à coke au sein de l'UE, destiné à la sidérurgie. Avec quelque 27 000 salariés, c'est un des plus gros employeurs polonais. Cette société cotée en Bourse, et appartenant majoritairement à l'État, convoite deux nouveaux gisements pour augmenter sa production, dont l'essentiel est exporté vers des marchés européens. Elle est aussi l'un des grands sponsors de la COP24 qui s'ouvrait dimanche à Katowice.

Bien qu'on ait fermé des mines au fil des ans et qu'on en ferme encore, "le secteur manque d'au moins 15 000 salariés. Il vit un nouveau souffle", souligne avec satisfaction Kazimierz Grajcarek, ancien chef de la section des mineurs au syndicat Solidarnosc.

Fête de la Sainte-Barbe

Des Ukrainiens, des Slovaques, des Hongrois et même des mineurs espagnols viennent travailler ici, dit-il. "L'UE veut que la Pologne ferme ses mines. Mais après? En Pologne, on n'a ni vent, ni soleil", lance l'ancien responsable de Solidarnosc, réfutant les progrès, certes timides mais réels, de l'éolien et du solaire. "Que feront tous ces gens? Où vont-ils aller travailler? Chaque mineur génère quatre emplois dans les services", affirme-t-il.

La Pologne construit une nouvelle très grosse centrale à charbon et consomme plus qu'elle n'extrait. Le déficit est comblé par des importations, notamment du charbon russe (9 millions de tonnes en 2017), une situation politiquement délicate pour un gouvernement qui veut se défaire de sa dépendance au gaz russe.

À l'approche du 4 décembre, les mines fêtent en grande pompe la Fête de la Sainte-Barbe. C'est l'occasion de sortir costumes d'apparat noirs, képi à plumes et médailles. Fin novembre, le vice-ministre de l'Energie Grzegorz Tobiszowski en a déjà revêtu un.

Car aucun parti, ni gouvernement ne peut négliger ce groupe social fort et solidaire, disposant d'un poids politique important. "Mineur, c'est plus qu'un métier. Déjà les habitants de Silésie sont très unis, les mineurs sont soudés au point d'être prêts à donner leur vie l'un pour l'autre", dit Dariusz Radon, 48 ans, mineur et sauveteur.

Commentaires

rochain

Quand il n'y a plus eu de chevaux, les maréchaux-ferrants sont devenus ferronniers.

Quand il n'y a plus de mines, les mineurs perdent un métier mais en gagnent deux : Fabricant et installateur de panneaux solaires et aussi fabricant et installateur d'éoliennes. Et en cherchant un peu ils découvriront aussi qu'ils peuvent fabriquer et installer des hydroliennes et en cherchant encore un peu plus…… ils découvriront qu'il existe d'autres métiers que d'extraire l'énergie. De tous temps, les espèces qui ne se sont pas adaptées ont fini par disparaitre….. ils peuvent aussi faire de la zoologie, étudier l'histoire, ou découvrir ce que font les autres gens dans le monde, mais sans doute n'ont-ils pas la télé ? Alors ils peuvent aussi fabriquer des télés
Serge Rochain

Remi Aubry

Traverser la rue, en quelque sorte. YAKA.

Serge ROCHAIN

Non Monsieur Aubry, ne mélangez pas les torchons avec les serviettes. Je ne parle pas de traverser la rue, je parle de se remettre en question quand on devient obsolète, et de préférence avant de la devenir.
Vivre n'est pas une chose facile et il faut le comprendre très vite si on veut vivre longtemps et bien.
Peut-être voudriez-vous refaire le monde tel qu'il était il y a quelques milliers d'années et retrouver les "emplois" de ces époques, comme fabricant d'arcs et de flèches, ou tailleur de silex pour haches, ou encore aménageur de grottes….
Non Monsieur Aubry, ce n'est pas YAKA traverser la rue, mais ce n'est pas moi, ni vous ni personne qui avons fait que le monde change et nécessite de s'y adapter. Vous je ne sais pas ce que vous faite ou avez fait durant votre vie mais moi, comme des millions d'autres, j'ai dû m'adapter en permanence et avant d'y être obligé afin d'être devant et non en remorque, et cela a durer 43 ans. Aujourd'hui encore je ne suis pas oisif, je passe mon temps à essayer de convaincre les plus jeunes, ceux qui viennent après moi qu'il leur faut devancer l'évolution s'ils ne veulent pas se faire écraser par la roue arrière du chariot lorsqu'ils en seront tombés.

Bien sûr, je pourrais leur dire "Vous avez raison, l'Univers vous doit de subvenir à vos besoins et plaignez vous s'il ne le fait pas. Mais vous êtes déjà assez nombreux à le chanter, alors je préfère jouer ma partition.
Bien cordialement,
Serge Rochain, Narbonne
http://astronomie.narbonne.free.fr/
http://a-p-s.cabanova.com/
http://iste.cabanova.com/
http://climso.fr

Remi Aubry

Bonsoir.
Merci pour la leçon, cher Maître... Mais je ne chante rien et vous faites bien de dire que vous ne savez pas ce que je fais. Et je n'ai nullement parlé de revenir au silex. En tous cas, je me garde bien de donner des leçons aux jeunes car je n'ai pas moi-même fini d'apprendre (pas comme vous, apparemment).
Avec mon infini respect, cher Maître...

Serge ROCHAIN

Moi non plus je n'ai pas fini d'apprendre, c'est devenu une habitude depuis longtemps.
Certes, vous n'avez pas parlé de revenir au silex car il n'y aurait pas besoin d'y revenir si nous n'avions jamais quitté le niveau de cette civilisation, et ça, c'est ce que veux dire votre message : militer pour que rien n'évolue et comprendre que ceux qui sont frapper d'immobilisme ne peuvent pas faire autrement.
Quant à ce que vous faites, j'espère seulement pour vous, que vous le faites bien.
Quant aux sarcasmes, je m'en passerai volontiers, je ne suis pas demandeur.
Bien cordialement,
Serge Rochain, Narbonne
http://astronomie.narbonne.free.fr/
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http://iste.cabanova.com/
http://climso.fr

Remi Aubry

Cher Maître. Je vois vraiment où bous avez trouvé que je militais pour l'immobilisme...
Je ne peux pas m'empêcher quelques sarcasmes en effet. Ça ne fait pas de mal dans l'ambiance actuelle.
Je m'en permets un supplémentaire en citant : "La gravité c'est le sérieux des cons"
Excellente journée évolutive.

Remi Aubry

Je ne vois vraiment pas

Rochain

Normal, un aveugle ne voit pas et un confort encore moins

Serge ROCHAIN

""Cher Maître. Je vois vraiment où bous avez trouvé que je militais pour l'immobilisme…"
Ah bon ? Et ça : "Traverser la rue, en quelque sorte. YAKA."
Sans doute ne sais-je pas lire ?

"La gravité c'est le sérieux des cons"
Normal, un aveugle ne voit pas et un con encore moins.

Remi Aubry

Bonne soirée, Monsieur Rochain. Nous ne nous comprenons pas et j'en suis bien désolé.

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