EPR de Flamanville : un « jour important » pour EDF mais un arrêt très long en perspective

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Chantier de Flamanville

Centrale nucléaire de Flamanville. (©EDF)

Nouvelle étape pour "Flamanville 3": le réacteur EPR normand a fonctionné pour la première fois à 80% de sa puissance, a annoncé mercredi EDF qui confirme viser la pleine puissance d'"ici la fin de l'automne".

Différents essais à venir au palier de 80%

Pour autant, l'électricien se prépare aussi déjà à un arrêt réglementaire d'ampleur de presque une année à compter du 26 septembre 2026. "C'est un jour important", salue EDF: "Flamanville a pu atteindre en tout début d'après-midi un palier de puissance à 80%", a annoncé Sébastien Miossec, directeur délégué production d'EDF lors d'un point d'étape avec la presse.

Depuis la reconnexion en octobre au réseau électrique du réacteur de nouvelle génération, après 4 mois d'arrêt, la reprise des essais et des mesures menés à 60% de puissance, qui se sont révélés "tous satisfaisants", a permis de valider ce palier à 60% et donc de donner "le feu vert ce matin (...) à cette montée à 80%", s'est-il félicité.

Les équipes d'EDF vont désormais mener différents essais à ce palier de 80% avant de demander à l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), gendarme des centrales, l'autorisation d'atteindre "le niveau de puissance maximum" visé "toujours avant la fin de l'automne 2025", a ajouté le responsable.

Un arrêt « réglementaire » mais particulièrement long

L'occasion aussi pour EDF de préciser la date de l'arrêt du réacteur pour sa première "visite complète" : ce sera à compter du 26 septembre et pendant 350 jours, avec de nombreux contrôles et tests à réaliser sur cette nouvelle installation. Le couvercle de l'immense cuve, concerné par des anomalies connues de longue date, sera remplacé.

Le changement du couvercle, réalisé à la demande du gendarme de la sûreté, est "une opération qui a déjà été réalisée dans le passé du parc nucléaire et que nous maîtrisons", a dit M. Miossec.

La visite complète, qui sera également "l'occasion de renouveler le combustible" d'uranium, revêt un caractère "réglementaire", qui doit être réalisé 30 mois après le premier chargement de réacteur. "C'est le cas pour Flamanville 3 comme pour l'ensemble des réacteurs du parc nucléaire dans son histoire", appuie M. Miossec.

Un coût avoisinant désormais 23,7 milliards d'euros

Lors de cette visite, "de l'ordre de 20 000 activités vont être réalisées sur Flamanville", avec "200 partenaires industriels qui sont à nos côtés" pour des opérations de maintenance ou des modifications le cas échéant, a détaillé M. Miossec.

L'EPR, premier réacteur nucléaire à démarrer depuis 25 ans, a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec 12 ans de retard par rapport à la date prévue et après un chantier émaillé de déboires et d'aléas techniques. Ses coûts ont explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros, estimés désormais aux alentours de 20 milliards d'euros, aux conditions de 2015, et même 23,7 milliards d'euros aux conditions de 2023.

À pleine puissance, il doit pouvoir alimenter deux millions de foyers. Il a été arrêté quatre mois cette année entre mi-juin et mi-octobre, pour mener des opérations de maintenance après la découverte d'un problème de fuite sur des soupapes.

Une puissance nominale encore à préciser

En août, EDF avait indiqué prévoir que le réacteur EPR de Flamanville atteindrait sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors qu'il espérait auparavant pouvoir franchir cette étape avant la fin de l'été.

L'EPR, construit face à la Manche au côté de deux autres réacteurs, est le plus puissant du parc nucléaire français. Mais sa puissance théorique d'abord annoncée à 1 620 MW, reste à confirmer.

Dans un rapport du 30 septembre, la Commission de régulation de l'énergie (CRE), avait en effet révélé qu'EDF lui avait communiqué une hypothèse de puissance maximale de 1.585 MW, "inférieure de 35 MW à la puissance déclarée dans le cadre des données publiques". EDF précise aujourd'hui qu'il s'agit du "bas de la fourchette", disant espérer atteindre les 1 620 MW.

La puissance d'un réacteur, une donnée importante pour estimer sa capacité de production électrique, dépend de facteurs météorologiques influençant la température des eaux de refroidissement, en l'occurrence La Manche, mais aussi de réglages et d'optimisations. Sa valeur "définitive" ne sera connue que lorsque le réacteur aura été "amené à sa pleine puissance", a expliqué M. Miossec en donnant rendez-vous "d'ici la fin de l'automne" pour connaître le "verdict".

Commentaires

GV
Fichtre, si mes calculs sont exacts, cela fait une augmentation de 618 % ! Je n'arrive pas à le croire, mais ce qui est encore plus incroyable, c'est de s'obstiner dans cette voie extrêmement dispendieuse qu'est le nucléaire.
Eric Sartori
Le seul raccordement des parcs eoliens en mer, c'est 40 milliards d'euros au moins, pour le raccordement direct sans compter les adaptations du réseau terrestre derrière...
ThB
Marine Le Pen a estimé que l'éolien en mer représente un coût de 40 milliards d'euros pour 2% d'électricité mais l’Ademe avance ainsi une évaluation aux antipodes de Marine Le Pen. Selon cette agence indépendante de l’État, 40 milliards d’euros dépensés dans l’éolien offshore assureraient 10% de l’électricité produite, et non 2% comme l’affirme la candidate.
Denis Margot
Selon electricityMap, la production totale éolienne en 2024 a représenté 8,56% du mix électrique, soit moins que 10%. De ce total, l’offshore est encore marginal, ce qui suggère que 2% est crédible et que le 10% de l’ADEME, si c’est vraiment ce que l’ADEME raconte, est totalement farfelu.
ThB
En tenant compte de leur facteur de charge, ces éoliennes offshore et leur puissance de 13,3 GW permettraient de produire environ 47 TWh ! Or, nous dit la CRE, la Commission de régulation de l'énergie, la France produit 500 TWh d’électricité chaque année. En conclusion, ces éoliennes pourraient assurer 10% de la production annuelle électrique, soit 5 fois plus que les estimations avancées par Marine Le Pen.
Denis Margot

Dans les 6 parcs en cours (Courseulles, Fécamp, St-Nazaire, Noirmoutier, Dieppe, St-Brieuc), la puissance est de 6 à 8 MW, pas 13,3. Ensuite, vous ne pouvez pas additionner mathématiquement le potentiel d’un parc et utiliser cette « production » comme un acquis, ça ne marche pas comme ça. Si vous produisez à plein régime et que la demande est absente, vous ne ferez rien de cette production (vous contribuerez aux prix négatifs, ce qui économiquement est un non-sens). Et inversement, vous pourrez avoir des déficits de production où vos éoliennes ne produiront que quelques pourcents de leur potentiel alors que vous cherchez des kWh.

Méfiez-vous du conditionnel, le présent de l’indicatif ne dit pas du tout la même chose, et ça, c’est factuel.

ThB
Dans les 6 3 parcs en cours (Courseulles, Fécamp, Saint-Nazaire, Noirmoutier, Dieppe, Saint-Brieuc) je me permets de modifier vos propos, car les parcs suivants sont en cours de construction. Le parc de Courseulles sur mer ne sera pas en activité avant 2027 Le projet éolien en mer de Dieppe-Le Tréport enregistre de multiples retards la perspective de produire de l’électricité à l’horizon annoncé de 2026 s'éloigne. Les éoliennes du parc offshore d’Yeu et de Noirmoutier sur les 61 machines prévues, seules 35 sont installées et produisent. En 2025 selon RTE la production totale des éoliennes terrestres et en mer a été de 42,6 TWh, les éoliennes offshores ont représenté 4 TWh soit pas loin des 10% avec seulement les 3 grands parcs éoliens en mer en service : Saint-Nazaire (80 éoliennes, mise en service en 2022), Saint-Brieuc (62 éoliennes installées en 2023 avec une mise en service progressive en 2024) et Fécamp (71 éoliennes, 2024). Si toutesles mises en service avaient débuté le 1er janvier 2024 le résultat aurait dépassé les 10% de production électrique parmi l'ensemble des éoliennes terrestres et offshores.
COCHELIN
On ne peut constater la grande variabilité des productions éoliennes et le peu d'adéquation avec la consommation électrique (et possibilité de visualiser les échanges avec nos voisins) : https://www.energy-charts.info/charts/power/chart.htm?l=fr&c=FR&legendItems=lydyeyg&interval=month
COCHELIN
Dont une bonne partie (de l'électricité produite par le parc éolien) a été exportée ! https://www.energy-charts.info/charts/power/chart.htm?l=fr&c=FR&legendItems=ly2ydye&interval=month
metomol
Dojc si je suis bien le raisonnement de ThB,l'éolien offshore a donc produit 10% de la production totale des éoliennes ce qui représente 0,8 % de la production nationale 4/500 , est-ce bien cela? mais 2025 n'est pas terminée,il est vrai ce qui ne devrait pas changer les ordres de grandeur.

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