Exploration offshore : la Turquie veut conclure un accord avec la Syrie en 2026

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Turquie

La Turquie souhaite formaliser dès 2026 un accord bilatéral avec la Syrie pour lancer des travaux d’exploration énergétique en mer, une étape qui s’inscrit dans le rapprochement accéléré entre Ankara et les nouvelles autorités syriennes. L’annonce a été faite le 29 décembre 2025 par le ministre turc de l’Énergie, Alparslan Bayraktar, lors d’un entretien avec le site d'information turc GDH.

Un accord « spécifique » attendu avant toute phase de forage

"Nous avons un accord-cadre général avec la Syrie. Cependant, un accord spécifique pour l'exploration en mer sera nécessaire. Nous espérons le conclure en 2026", a déclaré le ministre lors d'une interview au site turc d'information GDH.

"Je ne dis pas que les forages débuteront en 2026, mais après la signature de l'accord, nous devrons peut-être, dans un premier temps, effectuer des études sismiques afin d'obtenir des informations sur le terrain", a-t-il ajouté.

Ces campagnes sismiques constituent généralement le point de départ des projets offshore : elles permettent de cartographier le sous-sol marin et d’identifier d’éventuelles structures piégeant des hydrocarbures, avant toute décision d’investissement sur des forages exploratoires plus coûteux.

Un accord de coopération signé en mai 2025

La Turquie et la Syrie ont signé le 22 mai 2025 à Damas un accord de coopération visant à développer et renforcer la collaboration dans le domaine de l'énergie. "L'accord que nous avons signé aujourd'hui dans les domaines de l'énergie, des mines et des hydrocarbures constitue une feuille de route importante pour les étapes à venir", avait alors commenté M. Bayraktar.

Depuis, la coopération s’est traduite par des projets concrets, notamment autour du gaz et de l’électricité. À l’été 2025, Ankara a enclenché l’acheminement vers la Syrie de gaz provenant d’Azerbaïdjan via la province turque de Kilis. Ces projets contribuent à l’objectif affiché de peser dans la reconstruction des infrastructures syriennes, très dégradées par plus d’une décennie de conflit.

Le potentiel de l’offshore syrien reste à démontrer

Sur le plan géologique, la Syrie se situe en bordure du bassin du Levant, zone de la Méditerranée orientale où plusieurs découvertes gazières majeures ont été réalisées au cours des quinze dernières années au large d’Israël, de l’Égypte et de Chypre. Le U.S. Geological Survey (USGS) a estimé en 2010 que le bassin du Levant pourrait receler, en moyenne, 122 trillions de pieds cubes de gaz techniquement récupérables non découverts, ainsi qu’environ 1,7 milliard de barils de pétrole.

Côté syrien, l’offshore a longtemps été marginal dans la stratégie d’exploration, puis largement mis à l’arrêt par la guerre et les sanctions internationales. Damas avait aussi signé fin 2013 un contrat d’exploration maritime avec une société russe (Soyuzneftegaz), sans qu’il n’aboutisse à une découverte commercialement avérée.

Méditerranée orientale : un terrain politique sensible pour Ankara

Cette perspective d’exploration au large de la Syrie intervient alors que la Turquie reste engagée sur plusieurs fronts énergétiques. Le pays demeure fortement dépendant de l’extérieur (environ 70% des approvisionnements énergétiques proviennent d'importations, avec une dépendance particulièrement élevée pour le gaz). Ankara met toutefois en avant ses succès domestiques, notamment en mer Noire, comme l’illustre la récente annonce sur un gisement de gaz naturel en mer Noire.

En Méditerranée orientale, la dimension géopolitique demeure centrale. À l'été 2020, la Turquie a voulu explorer des gisements d'hydrocarbures en Méditerranée orientale, suscitant des tensions avec la Grèce et l'Union européenne. En août 2020, la France a dépêché deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale en Méditerranée orientale, au côté de la Grèce, après le déploiement du navire Oruç Reis dans une zone disputée entre Ankara et Athènes.

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