Feuille de route énergie de la France : le cauchemar d'un nouveau report possible avec la crise politique

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La crise politique en France et un François Bayrou en sursis mettent en péril la publication de la feuille de route énergétique du pays (PPE), promise avant la fin de l'été et indispensable au secteur, notamment en vue de la relance du nucléaire.

Une publication du décret attendue « avant la fin de l'été »

La troisième Programmation pluriannuelle énergétique (PPE) vise à sortir des énergies fossiles et à atteindre la neutralité carbone en 2050, grâce à une plus grande disponibilité du parc nucléaire français et à la construction de nouveaux réacteurs de type EPR2.

Le texte, qui porte sur la période 2025-2035, marque une rupture avec la précédente PPE, qui prévoyait la fermeture de 12 nouveaux réacteurs.

Le gouvernement s'était engagé à publier "avant la fin de l'été" un décret sur cette PPE3, mais le sujet déchire la classe politique en raison de divergences profondes sur la place du nucléaire et des énergies renouvelables dans le mix énergétique de la France.

Le sujet a donné lieu à une passe d'armes au sein même du gouvernement, lorsque le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait plaidé début juillet pour l'arrêt des "subventions publiques" à l'éolien et au photovoltaïque.

Navette de la PPL Gremillet

La situation est d'autant plus complexe qu'un autre texte sur l'avenir énergétique de la France, la proposition de loi dite Gremillet, consacrant une relance massive du nucléaire et censée aider l'exécutif à finaliser son décret, doit reprendre sa navette parlementaire à la rentrée.

Le tout, sur fond de menace de censure du Rassemblement national. "Si on voit que François Bayrou veut publier la PPE3 par décret, en contournant la représentation nationale, ce sera un casus belli", avait prévenu en juin le député RN Jean-Philippe Tanguy.

Marc Ferracci, ministre de l'Energie, qui n'a pas ménagé ses efforts pour faire paraître ce décret, avait indiqué que cette publication n'attendrait pas la fin de la navette de la PPL Gremillet.

Mais sa parution fin juillet au Journal officiel a été reportée sur décision du Premier ministre, "pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires". François Bayrou a assuré vouloir la publier en "août, septembre", car "la PPE actuelle (...) prévoyait la réduction massive de l'électricité d'origine nucléaire".

Un texte attendu depuis 2 ans déjà

"Si on veut faire les investissements nécessaires, à la fois pour le nucléaire et pour le renouvelable (...) il faut qu'il y ait une nouvelle PPE", a souligné le Premier ministre. Le texte tel qu'il aurait dû être publié maintenait, mais en les décalant dans le temps, les objectifs de production d'électricité renouvelable.

Pour le secteur de l'énergie, la perspective d'un nouveau report est un cauchemar. Le texte, attendu depuis deux ans déjà, est indispensable pour lancer des appels d'offre, sécuriser des investissements, prévoir les infrastructures, anticiper les besoins de formation et d'emploi.

"La France n'a pas de politique énergétique", a tonné Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, cette semaine lors de la Rencontre des entrepreneurs de France, rendez-vous d'été annuel du Medef. "Nous n'avons pas réussi à voter une PPE pourtant tellement débattue. Ça fait quatre ans qu'on en parle."

"On se retrouve de nouveau sans cadre politique énergétique clair, en pleine incertitude", a déploré Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), auprès de l'AFP. "Surtout le nucléaire", a-t-il ajouté, car "le programme nouveau nucléaire n'est inscrit nulle part".

Une PPE « torpillée » selon la directrice générale d'Engie

Du côté d'EDF, dont l'État est le seul actionnaire, on ne fait pas de commentaire. Mais de source proche de l'industrie nucléaire, on souligne que "c'est bien d'avoir une PPE, ça donne de la visibilité au secteur".

Au ministère de l'Energie, on pousse pour une publication avant le 8 septembre. "Il y a un plaidoyer très, très important pour une publication de la PPE avant le 8 pour pouvoir avancer ce dossier qui traîne depuis quatre ans", a-t-on indiqué dans l'entourage de Marc Ferracci. Le ministre a déploré jeudi l'instabilité politique, la qualifiant de "poison" pour l'industrie.

"Cette PPE, elle a été franchement torpillée cette année pour des raisons qui ne cessent de me stupéfier", a fustigé Catherine MacGregor, en se désolant d'une "campagne anti-éolienne extrêmement forte".

Commentaires

Jean
"Si on veut faire les investissements nécessaires, à la fois pour le nucléaire et pour le renouvelable (...) il faut qu'il y ait une nouvelle PPE", a souligné le Premier ministre. Ah bon ? Bayrou, entre ses efforts pour sa survie court terme et la mise au point de ses mensonges proférés devant la commission parlementaire sur les disfonctionnements de Betharam a t-il eu le temps d'étudier les coûts passés, présents et à venir du renouvelable ? Une PPE 3 courant 2 lièvres à la fois comme les 2 précédentes ne va que gréver plus lourdement encore le budget de l'Etat et nos factures électriques comme le démontrent ces 10 dernières années.
Raymond
Pourquoi, la PPE3 prévoit-elle de multiplier les capacités renouvelables ? Parce qu'elle repose sur le scénario A de RTE, conçu pour épouser la trajectoire de décarbonation « fit for 55 » adoptée par l'Union européenne (UE). Ce scénario postule une hausse de 140 térawattheures (TWh) de la consommation d'électricité entre 2019 et 2035. Mais aucun des leviers censés soutenir cette hausse – électrification massive des transports, redémarrage industriel, développement rapide de l'hydrogène vert – ne s'est encore activé. Cette PPE est completement décorellé du réel, voir les perspectives avec la publication de la note confidentielle du HCEA dans LE POINT:risque d'une surcapacité structurelle, la trajectoire prévue risquant de conduire à la création massive « d'actifs échoués », pour un coût « considérable » pour le contribuable français.
Ceyal
1/ Catherine Mc Gregor defend les ENR car elle sait que quand la meteo est defavorable, en réalité plus de la moitié du temps, elle vend du gaz ... souvent de schiste Américain... Alleluia 2/ Selon la CRE, la moitié des installations renouvelbles sont à prix garanti ... les fournisseurs produisent tant et plus même quand il y a surproduction et que les prix de gros sont faibles, nuls ou negatifs ... Qu'importe car c'est Nicolas qui paye ... il a fallu attendre JUIN 2025 pour que les premiers gros parcs éoliens en mer acceptent d'arrêter de produire quand les prix sont negatifs... mais il sont payés quand même (entre 0,135 et 0,155€ le kWh) sur la base de ce .... qu'ils auraient pu produire !!! 3/ l'exemple de l'eolien flottant est une autre heresie : l'UE va financer DOUZE milliards d'euros pour 3 parcs eoliens flottants en France .. pour un total de 1,5 GWc. En tenant compte du facteur de charge et de la durée de vie, ca mettrait, à energie produite egale sur la durée de vie le cout de Flamanville3 à 50 milliards d'Euros... en supposant que l'UE finance la totalité du projet, ce qui serait etonnant 4/ la CRE a calculé récemment que le financement des ENR va coûter au contribuable 12 milliards par an à partir de 2026 5/ Bref, il faut en urgence enlever de la PPE TOUT CE QUI CONCERNE les energies aleatoires pompeusement qualifiées de Renouvelables car ce sont elles qui augmentent les factures d'électricité (abonnement, taxes, raccordement diffus, etc ...)
Freudon Saké
Interdiction du chauffage et des clims électriques, idem pour le gaz de cuisson et des chaudières et même des briquets.
Fin des aides aux véhicules électriques.
Fin des subventions au nucléaire.
Mise en place d'incinérateurs/chaudières, pouvant brûler des déchets plastiques, textiles, bois usagers, charbon.
Exploiter le gaz de houille non exportable, comme carburant pour les entreprises et pour les besoins industriels.
Récupération totale du co2 pour produire des Efuels.
Production d'un Efuel 85 à 85% de bioéthanol + 15% d'Efuel/Isobutène biosourcé.
Autorisation pour les industriels et les collectivités publiques d'acheter et de vendre l'électricité, la chaleur et le froid produits par leurs installations.
Obligation d'équiper tous les sites produisant de la chaleur, avec des moteurs Stirling, afin d'avoir une électricité additionnelle grâce à la chaleur fatale.
Obligation sur trente ans, d'équiper progressivement tous les bâtiments avec des systèmes de géothermie de surface ou de les relier à des réseaux de froid et de chaleur.
Autoriser les collectivités à exploiter librement la petite hydraulique.
Fin des subventions à l'éolien, photovoltaïque et à l'hydrogène.
Interdire la vente de diesel neuf et réserver un 100% franco-biodiesel aux engins de travaux et à la plaisance.
Transvaser le fret sur des trains et des péniches au gaz de houille + incorporation de la production de biogaz français.
Lancer des unités solaires thermiques pour l'élimination des déchets ultimes + production de froid et de chaleur + électricité par moteurs Stirling.
Avec ce plan, la France ne manquera pas d'énergie, avec des unités de production réparties sur tout le territoire, solutions souples, adaptables, propres, qui supprimeront la totalité des importations énergétiques en relançant l'investissement, l'emploi, l'ascenseur sociale, la lutte contre l'inflation qui est importée par les prix de l'énergie et des minerais, tout en démultipliant les rentrées fiscales et en fabricant de la croissance.
Albatros
Ce "blocage" est loin d'être un cauchemar. Le vrai cauchemar pour nos factures d'électricité, c'est que cette PPE particulièrement débile soit gravée dans le marbre d'une loi. Particulièrement débile car - aucune étude d'impact économique sérieuse n'en est faite - aucune étude de faisabilité technique n'en est faite - aucune étude juridique voire légale n'en est fait (en particulier les flagrants conflits d'intérêts du ministre Ferracci qui n'a pensé qu'à assurer l'avenir de sa boîte totalement consacrée à la "transition énergétique") Résistance !

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