Fusion nucléaire : la start-up allemande Marvel Fusion cherche des financiers en France

  • AFP
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Marvel Fusion, start-up allemande spécialisée dans la fusion nucléaire inertielle par laser, une technologie révolutionnaire censée permettre de produire de l'électricité sans déchets hautement radioactifs, est partie à la recherche de centaine de millions d'euros de financements en France, fief industriel du nucléaire civil.

La start-up, en quête de validations scientifiques et techniques de ses recherches, doit lever ces sommes considérables pour financer un réacteur expérimental qu'elle souhaiterait obtenir en 2026. "Nous avons besoin de 350 millions d'euros", a indiqué son directeur financier Nicolas Burkardt à l'AFP lors d'une rencontre début mars à Paris. "Nous cherchons des partenaires en France, cela pourrait être un beau projet franco-allemand" au moment où "nous avons tous besoin de plus d'électricité", fait-il valoir.

Marvel Fusion, basée à Munich, développe ses travaux sur la base des recherches menées par les pionniers du laser et récompensées par le prix Nobel de physique 2018, attribué notamment au Français Gérard Mourou, explique Heike Freund, directrice des opérations de la start-up. Le physicien français est d'ailleurs président de son conseil scientifique.

La société a déjà annoncé en décembre un partenariat de recherche avec le groupe français d'électronique Thales qui figure parmi les seuls industriels au monde à pouvoir fournir des lasers de haute puissance adaptés à ses besoins.

Les recherches conjointes sont menées dans le centre de laser en physique nucléaire de Thales en Roumanie. La start-up est aussi en lien avec l'université LMU de Munich, Stanford et le MIT aux États-Unis. Et sur le plan industriel, elle a noué un partenariat avec le groupe allemand Siemens Energy, pour la conception de centrales électriques.

« La puissance du soleil »

Jeudi, le gouvernement allemand, via l'Agence Fédérale pour les innovations de rupture (SPRIND), a annoncé qu'il apporterait "jusqu'à 90 millions d'euros" pour soutenir ce projet au cours des cinq prochaines années.

"Sur les 35 sociétés dans le monde travaillant sur la fusion nucléaire, 21 sont situées aux États-Unis" et seulement six en Europe, relève Mme Freund, à savoir "Marvel en Allemagne, Renaissance Fusion à Grenoble, en France, une en Italie et trois au Royaume-Uni".

La majorité travaille sur des projets expérimentaux de fusion dits par confinement magnétique, utilisant du plasma et des aimants du même type que le réacteur expérimental international Iter basé dans le sud-est de la France. "Nous sommes très peu nombreux à travailler sur les lasers", technologie concurrente, souligne-t-elle.

Qu'elle soit magnétique ou à laser, la solution futuriste de la fusion nucléaire est vantée par ses promoteurs, permettant selon eux d'obtenir de gigantesques quantités d'énergie tout en évitant les défauts des centrales actuelles : les déchets hautement radioactifs à vie longue et les risques d'accidents majeurs. "Nous amenons la puissance du Soleil sur la Terre" de manière sécurisée, résume Mme Freund.

En termes plus scientifiques, le projet étudié par Marvel Fusion et Thales est fondé sur l'interaction d'impulsions laser de haute intensité d'une durée infime avec des cibles combustibles nanostructurées, un procédé qui serait plus efficace que les autres, selon ses promoteurs. Avec un objectif, selon Nicolas Burkardt : "arriver à produire de l'électricité à 50 euros le mégawattheure".

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