Gaz à effet de serre : les forêts françaises ont absorbé moins de CO2 qu'espéré

  • AFP
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La France n'a pas respecté ses objectifs en matière d'émissions nettes de gaz à effet de serre l'an dernier, en raison notamment des forêts et des sols qui ont absorbé moins de CO2 qu'espéré, un "sujet très inquiétant" selon l'observatoire qui a dévoilé jeudi ces chiffres.

"La France ne respecte pas son objectif d'émissions nettes pour l'année 2022. Le principal écart vient de la moindre absorption des émissions par les forêts et les sols", conclut jeudi l'Observatoire climat-énergie. Celui-ci a été développé par le Réseau action climat (RAC) avec plusieurs partenaires comme l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Les émissions brutes du pays, chiffre déjà connu, ont atteint 403,8 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) l'an dernier, un chiffre en baisse et dans les clous des objectifs.

Cependant, les émissions nettes (celles du pays moins le CO2 absorbé par les sols et la forêt) a dérapé. "La France dépasse de près de 16 MtCO2e son budget carbone, avec 386,9 MtCO2e émises pour un objectif de 367 MtCO2e", souligne ainsi l'observatoire. "Sur ce résultat global, on est dans le rouge" en dépit de quelques "aspects positifs", a résumé Anne Bringault, directrice des programmes du RAC, lors d'une conférence de presse.

Certains secteurs ont fait mieux que prévu, comme les bâtiments, où le chauffage d'origine fossile a reculé grâce à un début d'hiver clément, la hausse des prix de l'énergie et l'encouragement à la sobriété. D'autres en revanche dérivent nettement, à l'image des transports dont les émissions ont été portées par le trafic automobile et la reprise du trafic aérien.

Mais l'écart s'explique aussi en bonne partie par une absorption du CO2 par la forêt et les sols, deux puits de carbone naturels, pas du tout à la hauteur de ce qui était attendu. La séquestration n'a été que de 16,9 MtCO2e sur les 41 MtCO2e fixées dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la feuille de route officielle de la France.

« Adaptation des forêts »

"La baisse des puits carbone ces dernières années, particulièrement dans les forêts, est liée aux sécheresses (renforcées par le changement climatique) aux incendies et aux maladies", souligne l'observatoire qui note au passage que les données de ce secteur sont difficiles à évaluer.

C'est un "sujet très inquiétant" pour Anne Bringault. "La précédente SNBC misait sur une hausse des puits de carbone alors qu'on aurait pu se douter que le changement climatique allait engendrer davantage de sécheresses et d'incendies", regrette-t-elle.

Ce problème, déjà bien identifié, était encore souligné en juin par le Haut conseil pour le climat (HCC).

Dans son rapport annuel, ce dernier formulait plusieurs propositions, comme de "recalibrer" les cibles d'absorption ou de renforcer "l'adaptation des forêts métropolitaines au changement climatique".

Anne Bringault suggère également de "replanter en intégrant les impacts du changement climatique", avec des espèces plus résistantes. Le RAC encourage aussi une transition vers des modes d'élevage plus durables pour protéger les haies et les prairies.

"Dans le cadre du projet de SNBC qui sera mis en consultation dans les prochaines semaines, nous doterons la France d'objectifs mis à jour, accompagnés de mesures concrètes pour les atteindre", a assuré de son côté le ministère de la Transition énergétique, rappelant notamment l'objectif porté par le président Emmanuel Macron de planter 1 milliard d'arbres sur les 10 prochaines années.

"Notre objectif est d'accélérer encore la réduction de nos émissions brutes de gaz à effet de serre. En effet, si nous avons doublé le rythme de baisse au cours du premier quinquennat, il nous faut aller plus loin : c'est l'objectif de la planification écologique pilotée par la Première ministre", poursuit-on au gouvernement.

Le Réseau action climat s'inquiète cependant qu'aucune date ne soit encore fixée pour le Conseil de planification écologique (CPE) que doit présider le chef de l'Etat. "Il y a comme un refus d'obstacle d'Emmanuel Macron" et "on espère un message fort de sa part pour contredire nos inquiétudes", plaide Anne Bringault.

Commentaires

Jean FLUCHERE

D'abord je mets en doute le calcul de l'absorption des forêts et des sols par cet observatoire du Réseau Action Climat dont on sait maintenant depuis la publication de l'école de guerre économique que c'est une association largement financée par les fondations allemandes.
Quant à l'ADEME tout le monde sérieux au plan scientifique connaît ses approximations.

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