Iran/Israël: le pétrole à la hausse mais probablement pas pour longtemps (analystes)

  • AFP
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L'attaque sans précédent de l'Iran contre Israël a ravivé l'inquiétude des marchés pétroliers déjà perturbés par les conflits et tensions au Moyen-Orient, mais les analystes tempèrent l'imminence d'une flambée durable des prix.

Les investisseurs craignaient déjà des perturbations de l'approvisionnement mondial si le conflit entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza venait à s'étendre aux pays voisins, en particulier à l'Iran.

Téhéran a appelé dimanche Israël à ne pas réagir militairement à son attaque inédite menée la veille, qu'il a présentée comme une riposte justifiée à la frappe ayant détruit son consulat à Damas le 1er avril.

La mission iranienne à l'ONU a prévenu toutefois que "si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran serait considérablement plus sévère".

Israël a annoncé de son côté avoir intercepté "99% des tirs" iraniens.

Avant même que l'Iran ne lance samedi soir ses drones et missiles vers le territoire israélien, les prix du pétrole avaient grimpé vendredi, soutenus par les risques d'un débordement du conflit avec les menaces de riposte de l'Iran.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'est ainsi octroyé 0,79%, pour clôturer à 90,45 dollars. Il avait grimpé en séance jusqu'à 92,18 dollars, une première depuis fin octobre.

Kamel al-Harami, expert koweïtien du pétrole, s'attend à ce que les prix grimpent encore à la réouverture des marchés lundi, pour atteindre jusqu'à 95 dollars le baril, bien qu'il soit trop tôt, selon lui, pour pronostiquer une flambée durable des prix.

"L'avenir n'est pas clair. Nous ne savons pas si et comment Israël réagira et si l'Iran aura également recours à la suspension des livraisons de pétrole en guise de réponse", a-t-il déclaré.

- "Plusieurs scénarios" -

La République islamique était le septième producteur mondial de brut en 2022 et possède les troisièmes plus grandes réserves prouvées de pétrole, derrière le Venezuela et l'Arabie saoudite, selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie.

Téhéran dispose par ailleurs d'une panoplie de moyens pour perturber les marchés, en interrompant par exemple le trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ou en faisant pression sur des pays comme l'Irak pour qu'ils réduisent leurs approvisionnements, a estimé M. Harami.

L'expert a fait état de "plusieurs scénarios" possibles. Mais la crainte, selon lui, est "que l'Iran cesse d'exporter du pétrole ou attaque des installations pétrolières".

Les conséquences de la guerre en cours depuis plus de six mois entre Israël et le Hamas à Gaza, ainsi que d'autres tensions et conflits géopolitiques dans le monde comme en Ukraine, ont déjà fait grimper les prix du pétrole ces derniers mois.

Depuis novembre, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont mené des attaques contre des navires marchands en mer Rouge, en soutien selon eux aux Palestiniens de Gaza.

Depuis janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni mènent des frappes de représailles contre les Houthis, exacerbant les craintes d'une perturbation de l'approvisionnement en pétrole dans la région.

- Une perturbation majeure "improbable" -

Les inquiétudes qu'avaient suscité les menaces iraniennes contre Israël expliquent déjà en partie la hausse des prix du pétrole observée ces dernières semaines, ce qui signifie que tout impact additionnel sur les prix sera "limité et de courte durée", a estimé de son côté Anas al-Hajji, expert du secteur basé au Texas.

D'autres augmentations de prix dépendront notamment "des développements à proximité de l'Iran autour du détroit d'Ormuz" qui relie le Golfe à l'océan Indien, a déclaré Ole Hansen, responsable chez Saxo Bank.

"Les craintes de tensions croissantes au Moyen-Orient peuvent faire grimper les prix du pétrole à court terme. Mais à moins que quelque chose n'interrompe le flux de pétrole en provenance du golfe Persique pendant une période significative --ce qui est très improbable--, cela ne sera pas économiquement dévastateur", a estimé pour sa part l'analyste Ellen Wald.

Les scénarios susceptibles d'entraîner une hausse des prix à long terme --comme une attaque israélienne contre les infrastructures iraniennes de production ou d'exportation de pétrole entraînant des pannes majeures-- restent "extrêmement improbables", a-t-elle ajouté.

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