La filière électrique appelle les députés à rejeter la proposition de loi Gremillet sur le futur énergétique de la France

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'union française de l'électricité (UFE), le syndicat de l'industrie électrique, appelle les députés à rejeter mardi la proposition de loi "Gremillet" sur le futur énergétique de la France en dénonçant notamment le "signal inquiétant" du moratoire sur les énergies renouvelables.

Moratoire sur le solaire et l'éolien

"Au nom de l'ensemble de la filière électrique, incluant la production d'énergie nucléaire et renouvelable, les réseaux de transport et de distribution, ainsi que la fourniture et les services d'efficacité énergétique, nous vous appelons solennellement - mais à regret - à voter contre ce texte", indique l'UFE dans sa lettre ouverte aux députés.

L'UFE estime que "plusieurs dispositions de ce texte risquent de compromettre notre sécurité d'approvisionnement et de déstabiliser le cadre réglementaire nécessaire aux investissements de long terme".

Au cœur des préoccupations: l'adoption d'un amendement instaurant un moratoire sur le solaire et l'éolien qui constitue à ses yeux "un signal inquiétant et profondément contre-productif".

Les députés ont approuvé jeudi ce moratoire sur les énergies solaires et éoliennes, le RN venant apporter un soutien massif à un amendement LR, face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes macronistes (EPR, MoDem, Horizons). Le texte, examiné en première lecture à l'Assemblée et qui doit être voté mardi, doit repartir pour une deuxième lecture au Sénat en juillet.

« Un risque de contentieux et de sanctions »

L'UFE souligne que "toutes les technologies d'électrification sont nécessaires", les renouvelables comme le nucléaire, pour accélérer la sortie des énergies fossiles - le pétrole et le gaz - qui contribuent au réchauffement climatique.

"Chaque jour, la France dépense près de 180 millions d'euros pour importer des énergies fossiles, soit plus de 65 milliards d'euros chaque année versés à des puissances étrangères parfois hostiles à nos intérêts", note l'organisation.

L'UFE estime que le moratoire ferait planer "un risque de contentieux et de sanctions" s'il devait mettre la France en contradiction avec ses engagements européens et internationaux en matière de développement des énergies renouvelables.

Paris est déjà dans le collimateur de Bruxelles pour ne pas avoir encore atteint les objectifs - fixés en 2009 - de compter 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation finale d'énergie en 2020. Et la France s'est encore fait épingler fin 2023 par la Commission pour avoir présenté un objectif de 33% de renouvelables d'ici 2030 au lieu des 44% exigés par une directive de 2018.

Commentaires

Denis Margot
Le moratoire est peut-être excessif, mais de grâce, cessez de ressortir le sempiternel argument sur le non-respect des objectifs d’ENRi qui pour le coup est une ineptie sans nom qui justifierait à elle seul ce moratoire.
Vincent
"Peut-être excessif", sérieusement ? Ce moratoire est d'une débilité absolue oui. Cela relève d'un obscurantisme sordide et d'une soumission totale aux lobbys pétroliers. Sortir des énergies fossiles est devenu une priorité géopolitique avant d'être une priorité environnementale. Et pour sortir des fossiles, notre levier n°1 est d'électrifier les usages. Et seules les ENRi permettent un déploiement à l'échelle de la demande électrique permettant de réaliser cette électrification (cf rapport du GIEC, une fois de plus). "Peut-être excessif" : décidément, les nucléocrates sont prêts aux alliances les plus sordides pour défendre leur bifteck. Les générations futures ne vous remercient pas.
Vincent
+1 Poussé par le club des anti-nucléaires, Allemagne en tête, l'UE continue de confondre fin et moyens. Non seulement La France n'est pas en retard, mais elle est même sur le podium depuis des décennies avec la Norvège et la Suède pour la décarbonation de sa production électrique. Les cancres qui critiquent les bons élèves.
Denis Margot
S’agit-il de 2 Vincent différents ? Au 1er, en bon français, « peut-être » signifie oui ou non (inclusivement). Ceci signifie que je ne donne pas mon avis sur ce moratoire, et il y a des tas de gens qui ne trouvent pas ce moratoire débile, en tout cas pas plus débile que de décréter que le N devait être limité à 50% et qu’il fallait débrancher 15 ou 20 réacteurs produisant une électricité pleinement décarbonée sous prétexte de plaire aux pastèques. Et là où ce moratoire va très probablement être requinqué (les députés absents ont toujours tort), l’autre débilité, elle, a fait l’objet d’une loi sur laquelle reposait toute la politique énergétique de la France, avec un impact majeur sur l’économie et sur le tarif de l’électricité. Et vous vous trompez sur mon compte, mon bifteck ne dépend pas du N, vous pouvez m’appeler nucléocrate si ça vous amuse, mais je suis bien davantage décarbonocrate que nucléocrate, et là, oui, mon bifteck en dépend. Quant aux générations futures, voyez plutôt :
Aujourd’hui :
  • France = 22 g de CO2e/kWh
  • Allemagne = 140 g
L’Allemagne affiche une excellente performance en ce moment (mais ils sont encore 600% pires que la France).
Vincent
Il y a bien 2 Vincent. C'est le premier qui répond ;) J'ai bien compris le sens de peut-être, merci. Mais il n'y a pas de doute à avoir sur l'absurdité de ce moratoire. Aujourd'hui, le nucléaire c'est 300TWh. Sauf prolongement à 80 ans qui est hautement hypothétique aujourd'hui, la majeure partie de ce parc sera fermé en 2050. Réouvrir un parc équivalent en 25 ans alors qu'on n'a plus les compétences ni les mêmes contraintes, c'est illusoire. Garder 300TWh relèverait déjà du miracle technologique. Or, à cet horizon et si on veut décarboner (ce qui n'est évidemment pas le cas de ceux qui ont voté pour ce moratoire, vendu qu'ils sont aux industries fossile, avec le nucléaire comme paravent), alors le besoin sera de 700TWh en France. Donc, si on veut décarboner, le nucléaire sera mécaniquement à moins de 50%. S'il est à plus de 50%, ce sera simplement dû au fait qu'on aura raté la décarbonation, en consommant toujours beaucoup de pétrole et de gaz naturel. Et les 400Twh qui manqueront, toujours dans l'hypothèse hautement improbable qu'on ait encore une production de 300TWh de nucléaire à cet horizon, viendront nécessairement des énergies renouvelables. A l'échelle mondiale, c'est même 90%. Bref, si vous voulez vraiment décarboner, vous vous trompez totalement de combat : plutôt que de lutter contre les ENRi, luttez plutôt pour accélérer l'électrification, ce qui est le gros problème aujourd'hui (parce qu'évidemment, les mêmes députés vont être contre les véhicules électriques, contre les pompes à chaleur, etc). Et, encore une fois, sortir des fossiles est un enjeu géopolitique avant d'être un enjeu environnemental
Leroy
l'éolien et le solaire sont des énergies INTERMITTANTES si pas de soleil et pas de vent : on arrête les usines ? avec DE Gaulle et grace aux impôts des français nous avons construit des centrales nucléaires qui fonctionnent très bien, ne produisent pas de carbone et ne nous coûtent que l'entretien. Pourquoi vouloir casser tout cela en nous faisant risquer un black out comme en espagne en achetant des éoliennes et des panneaux solaires fabriqués en chine avec des matériaux non recyclables ?.
alain
https://x.com/Resistance_SM/status/1937356137365643412

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