États-Unis : l'administration Biden mise gros sur l'énergie solaire

  • AFP
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L'administration Biden a affirmé mercredi que le soleil pouvait produire 45% de l'électricité dans le pays d'ici 2050, et jouer ainsi un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique, à condition d'accélérer vivement les investissements dans l'énergie solaire.

La marche est haute. En 2020, près de 80 GW de panneaux photovoltaïques et de centrales solaires thermiques ont pu répondre à 3% de la demande d'électricité des États-Unis.

Pour atteindre les ambitions présentées dans un rapport du ministère de l'Énergie mercredi(1), il faudrait quadrupler le déploiement de l'énergie solaire en moins de dix ans : en l'augmentant de 15 GW en 2020 à 30 GW chaque année d'ici 2025, puis à 60 GW par an entre 2025 et 2030. Cela nécessite "des réductions de coûts importantes", "le soutien des politiques publiques" et "une électrification à grande échelle" de l'énergie solaire, a reconnu le ministère.

Le réseau électrique, initialement plutôt conçu pour les centrales à charbon, à gaz ou nucléaire, doit notamment fortement évoluer pour s'adapter à l'énergie intermittente du soleil. Et les États-Unis doivent compter sur des panneaux solaires fabriqués en grande partie en Chine.

Électricité « propre » en 2035

L'administration de Joe Biden souhaite que l'électricité ne soit plus, dans son ensemble, une source d'émissions polluantes d'ici 2035 et mise pour ce faire sur les vastes plans d'investissement dans les infrastructures encore en discussion au Congrès. Dans son arsenal de mesures, le président américain compte aussi sur l'énergie du vent et a donné son impulsion à plusieurs grands projets d'éoliennes en mer.

Mais le rapport diffusé mercredi "met en lumière le fait que l'énergie solaire, notre source d'énergie propre la moins chère et à la croissance la plus rapide, pourrait produire suffisamment d'électricité pour alimenter toutes les maisons aux États-Unis d'ici 2035 et employer dans le même temps jusqu'à 1,5 million de personnes", a commenté la ministre de l'Energie, Jennifer Granholm, dans un communiqué.

Cela "nécessite un déploiement massif et équitable d'énergies renouvelables et de solides politiques de décarbonation - exactement ce qui est énoncé dans la loi soutenue par les deux partis sur l'investissement dans les infrastructures et l'emploi et dans le programme Build Back Better ("Reconstruire en mieux") du président Biden", a-t-elle ajouté.

Selon le scénario développé par ses services, l'énergie solaire représenterait 37% de l'électricité en 2035, le reste étant fourni par l'énergie éolienne (36%), l'énergie nucléaire (11%-13%), l'énergie hydroélectrique (5%- 6%), la biomasse et la géothermie (1%). Il s'agirait d'un tournant majeur par rapport au schéma actuel : en 2020, les énergies renouvelable ont fourni 21% de l'électricité aux États-Unis, le reste étant produit par le gaz naturel (40%), le nucléaire (20%) et le charbon (19%).

Crédits d'impôt

Dans une lettre adressée aux responsables politiques, près de 750 entreprises du secteur de l'énergie solaire ont insisté sur la nécessité d'étendre les politiques de soutien en place et de les installer sur le long terme. Quadrupler le rythme actuel des installations d'ici 2030 représente "une course contre la montre", affirment-ils en demandant notamment un renforcement de l'actuel crédit d'impôt sur les investissements dans le solaire.

En visite mardi dans le New Jersey et à New York pour évaluer les dégâts de la meurtrière tempête Ida, le locataire de la Maison Blanche a une nouvelle fois appelé à agir sans tarder contre le changement climatique, en particulier pour adapter les infrastructures vieillissantes à la multiplication redoutée d'événements météorologiques extrêmes.

Pour le spécialiste du secteur énergétique Dan Pickering, les objectifs fixés mercredi par l'administration sont plus "une source d'inspiration" que des ambitions "pragmatiques". "Des milliers de milliards de dollars vont être dépensés pour tenter d'y parvenir. Il est absolument essentiel de fixer un cap de façon efficace", a-t-il estimé sur Twitter.

L'ONG environnementale NRDC a pour sa part, sur le réseau social, "exhorté le Congrès à financer entièrement les investissements dans l'électricité propre dans le processus budgétaire actuel pour faire de ce plan une réalité".

Commentaires

Abadie

J'espère que les États-Unis développeront une filière solaire complete et n'acheteront pas aux chinois leurs panneaux solaires.

albern

Carburants d'origine non fossile (SAF) , biocarburants, hydrogène d'origine renouvelable.
C'est quoi ces blagues de Shadock ?
Une fois obtenus que croyez-vous qu'il sortira de nos voitures et des avions qui bruleront ces prétendus ''biocarburants'', ? ...Du CO2 parbleu !
Et pour cultiver le maïs ''vert''' qui sert à les obtenir, les Américains n'utilisent-ils pas des machines qui brulent du carburant et émettent du CO2 ? Et sur quelles terres ce maïs ''vert'' est-il cultivé ? Sur des surfaces prélevées par défrichage de terres vierges occupées par des végétaux ou des forêts, comme le font les Brésiliens !
Quant à ‘’l’hydrogène d’origine renouvelable’’ fabriqué à grand renfort d’énergie et en quantité si faible qu’on est plus dans l’ordre de grandeur qui pourrait le rendre rentable, il pose tellement de problèmes de stockage et de transport, qu’on voit mal l’intérêt de son utilisation dans l’aéronautique.

Biden, tu rêves… ou ton Administration te fait dire des bêtises ?

daphné

Je ne suis pas d'accord avec albern.. Si on l'écoute on avancera pas . Pas d'accord sur les biocarburants (éthanol )issus de l'agriculture comme au Brésil c'est un "écocide" absurde. Mais d'accord pour l'exploitation du solaire , de l'éolien et du nucléaire actuel ou avenir ,( epr ou thorium) et lancer la production d'hydrogène vert, lisser la production d'énergie intermittente ou irrégulière, stocker l'électricité.Mais il faut faire vite. Les réserves de sources d'énergie fossiles sont de plus en plus difficiles à atteindre et il faut beaucoup d'énergie non renouvelable pour produire les éléments de production d'énergie renouvelalbe. Il faut beaucoup d'énergie fossile pour construire des éoliennnes , des CSP, exploiter et traiter le silicium, preuve en est que seuls quelques pays exportent des panneaux PV ... les chinois. Qu'attend la France pour le faire? Les multinationales du gaz et du pétrole installées sur du sable pourraient aussi l'exploiter!

Energie+

Le nucléaire n'étant pas assez compétitif par rapport aux renouvelables et au stockage dont les prix baissent les plus fortement, recule dans les modélisations de plus en plus pratiquées et pointues partout dans le monde. La c'est une étude du DOE mais le NREL avait des résultats similaires dans une étude et modélisation incluant le Canada et qui s'est étalée sur plusieurs années. On trouve les mêmes résultats, entre autres, en Australie où le nucléaire n'a pas de perspectives. De même en Chine la part du nucléaire restera minime. Idem dans la majorité des pays européens. La France qui ne vend quasiment pas d'EPR et occupe une très petite place sur le marché mondial dominé actuellement par le complexe militaro-industriel Rosatom, a intérêt à se diversifier plus rapidement dans les renouvelables dont les intégrations qui manquent, les réseaux de chaleur qui sont très efficaces, l'électrométhanogénèse très utile au plan mondial, la gazéification hydrothermale qui concerne également quasiment tous les pays, le stockage, l'efficacité énergétique et toutes les solutions et approches de sobriété énergétique où les marchés sont bien plus importants et c'est plus efficace pour le climat et moins dangereux pour l'humanité

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