L'Argentine ouvre une enquête sur les causes de la panne de courant géante

  • AFP
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L'Argentine a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête pour déterminer les causes de la panne de courant géante qui a privé d'électricité près de 50 millions d'Argentins et d'Uruguayens dimanche pendant une dizaine d'heures.

Au lendemain de la méga-coupure, qui a aussi touché des régions frontalières au Paraguay, au Brésil et au Chili, les autorités argentines ignoraient toujours la cause de la défaillance.

Le secrétaire à l'Énergie argentin, Gustavo Lopetegui, a annoncé dans la matinée qu'une enquête interne était en cours pour déterminer l'origine de la panne, qui s'est déclenchée dimanche matin à 07h07 locales (10H07 GMT) à la centrale électrique de Yacyreta.

Cette centrale, un barrage hydroélectrique frontalier du Paraguay, est un centre névralgique de la distribution d'électricité en Argentine qui partage avec l'Uruguay un système d'interconnexion électrique centré sur le barrage binational de Salto Grande, situé à quelque 450 km au nord de Buenos Aires.

"Il y a deux boîtes noires : celle de Cammesa et de Transener, les deux contiennent des milliers de données qui doivent être analysées", a indiqué le ministre, en référence aux deux entreprises en charge de la distribution électrique en Argentine.

"Dans les 72 heures à venir, les deux sociétés doivent fournir le rapport de ce qui s'est passé jusqu'à 07h07. À partir de cette information, Cammesa va mener une enquête et dans 15 jours, nous saurons quelle a été la succession des événements qui ont causé la panne", a assuré M. Lopetegui.

« Événement grave »

Selon les premiers éléments, la panne s'est produite en raison d'une défaillance sur le système de transport à la centrale électrique de Yacyreta. Alors qu'il n'y avait pas de demande inhabituelle d'électricité, le système de protection, qui prévoit des excès de production pour faire face à ce type de défaillance, semble ne pas avoir fonctionné.

"Nous devons savoir pourquoi le système n'a pas agi comme il le fait tous les jours, parce que des pannes surviennent quotidiennement", a expliqué le ministre argentin. M. Lopetegui a également souligné qu'il s'agissait d'un "événement grave qui n'aurait pas dû arriver".

Pendant plusieurs heures dimanche, le métro a été paralysé à Buenos Aires, tandis que les hôpitaux et cliniques privées fonctionnaient grâce à des générateurs.

La totalité des 44 millions d'Argentins et 3,5 millions d'Uruguayens affectés ont eu à nouveau accès à l'électricité dimanche soir.

Selon les autorités, les pertes économiques ont été limitées, la panne s'étant produite un dimanche. Les plus touchés ont été les restaurants alors que Argentins s'apprêtaient à se réunir en famille pour la Fête des pères. "Ca nous a tué", a raconté à l'AFP Luciano Ferreira, propriétaire d'un restaurant dans le quartier Boedo à Buenos Aires.

Coût politique

À moins de six mois de l'élection présidentielle, l'autre grand perdant semblait être le gouvernement du président de centre droit, Mauricio Macri, qui à son arrivée au pouvoir en 2015 avait autorisé une augmentation des tarifs de l'électricité de plus de 1.000%.

Alberto Fernandez, candidat pour la gauche et considéré comme le principal adversaire de M. Macri, a critiqué le "manque de sens des responsabilités et de connaissance de ce qui se passe dans le pays". Dimanche, il avait partagé un tweet de M. Macri diffusé en 2013 où celui-ci estimaient que les coupures d'électricité fréquentes dans le pays étaient "un symbole de l'échec de la politique énergétique" mise en oeuvre sous le gouvernement de l'ex-présidente de gauche, Cristina Kirchner, aujourd'hui co-listière de M. Fernandez.

Le gouvernement a également été ciblé pour avoir tardé à communiquer sur la panne. Le secrétaire à l'Énergie a tenu une conférence de presse dimanche vers 15h00 locales (18h00 GMT), soit plus de huit heures après le début de la coupure.

"L'augmentation du prix de l'électricité au cours des trois dernières années est une des questions qui a le plus suscité de mécontentement social" rappelle un rapport du groupe de réflexion Eurasia Group, alors que Mauricio Macri briguera un second mandat le 27 octobre.

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