Le Brésil va présenter une « feuille de route » pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Corcovado

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a donné l'ordre lundi à son gouvernement de présenter une "feuille de route" pour réduire la dépendance du pays aux combustibles fossiles, une promesse faite par le géant sud-américain pendant la COP30.

Une « réduction progressive » de la dépendance

La 30e conférence des Nations unies sur le climat, qui s'est tenue en novembre à Belém au Brésil, a débouché sur un accord a minima : le compromis final, rassemblé dans le « paquet de Belém », a renforcé les financements pour l’adaptation mais il n’a pas intégré de calendrier mondial de sortie des combustibles fossiles ni même mentionné explicitement ces énergies dans la décision principale, devant l'opposition de pays producteurs comme l'Arabie saoudite ou la Russie.

Lula appelait pourtant à une "feuille de route" pour la sortie de ces énergies polluantes et le Brésil s’était engagé à présenter son propre plan national de sortie progressive de ces énergies et à encourager d’autres pays – parmi lesquels la Colombie, l’Espagne, la France ou encore les îles Marshall – à suivre cette voie. C’est cet engagement que le décret présidentiel entend concrétiser.

Lula a ordonné aux ministères des Finances, de l'Environnement et des Mines de définir les "directives" pour une "réduction progressive de la dépendance aux combustibles fossiles dans le pays", selon un communiqué publié au Journal officiel.

Un Fonds pour la transition énergétique 

Les propositions des ministères doivent inclure la création d'un "Fonds pour la transition énergétique", financé par les revenus pétroliers du plus grand producteur d'Amérique latine.

Le plan sera dévoilé dans les 60 prochains jours et examiné par le Conseil national de politique énergétique, un organe consultatif de l'exécutif.

L'élan brésilien en faveur des énergies renouvelables intervient alors que la société pétrolière publique Petrobras effectue des forages exploratoires près de l'embouchure de l'Amazone, avec le soutien déclaré de Lula.

Le Brésil est aujourd’hui le premier producteur de pétrole d’Amérique latine et le 8e producteur mondial, avec une production moyenne d’environ 3,4 millions de barils par jour en 2024, dont près de 80% issus des gisements offshore du pré-sal. Pour un pays dont une part significative des recettes publiques dépend de cette rente, l’idée d’adosser le financement de la transition à ces revenus est centrale pour lisser l’ajustement budgétaire et envoyer un signal aux marchés sur la réorientation progressive de l’économie.

Pour rappel, le Brésil avait déjà pris d’autres engagements climatiques en amont de la COP30, par exemple en s’associant à un accord visant à quadrupler la production et la consommation de combustibles durables d’ici 2035, aux côtés de l’Inde, de l’Italie et du Japon.

Un système électrique très décarbonée comme la France

Sur le papier, le Brésil apparaît déjà comme l’un des pays du G20 les plus avancés en matière d’électricité décarbonée : les sources renouvelables ont fourni autour de 88% de la production électrique en 2024, avec un mix dominé par l’hydroélectricité et complété par une forte montée en puissance de l’éolien et du solaire, qui contribuent désormais pour près d’un quart du mix électrique.

En revanche, si l’on considère l’ensemble du bilan énergétique (transports, industrie, usages thermiques), les combustibles fossiles restent prédominants, même si la part des énergies renouvelables a atteint environ 50% en 2024, son plus haut niveau depuis la fin des années 1980.

Le Brésil devra concilier sa nouvelle « feuille de route » avec d'autres priorités affichées sur la scène internationale : lutte contre la déforestation en Amazonie, objectif de « zéro déforestation nette » d’ici 2030 et développement accéléré des biocarburants et combustibles durables à base de biomasse locale.

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture