Le gouvernement Biden limite l'exploitation pétrolière dans une vaste zone de l'Alaska

  • AFP
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Le gouvernement de Joe Biden a annoncé vendredi interdire toute nouvelle exploitation de gaz ou de pétrole dans une vaste zone du nord-ouest de l'Alaska, une région particulièrement fragile face au changement climatique.

En pleine année électorale, le président américain semble chercher à solidifier son bilan environnemental, afin de convaincre notamment chez les jeunes, dont certains avaient été heurtés par la décision d'autoriser un grand projet pétrolier dans cette même zone d'Alaska l'année dernière.

"Je suis fier d'annoncer que mon administration agit pour préserver plus de 13 millions d'acres (environ 5,3 millions d'hectares, NDLR) dans l'ouest de l'Arctique", a déclaré dans un communiqué le président américain.

"Mon administration continuera à prendre des mesures ambitieuses pour répondre à l'urgence de la crise climatique, protéger les terres et eaux de l'Amérique, et remplir notre responsabilité vis-à-vis de la prochaine génération d'Américains", a ajouté Joe Biden.

La zone en question fait partie de ce qui est appelé la réserve nationale de pétrole en Alaska (NPR-A), dans le nord-ouest de cet Etat américain.

La nouvelle réglementation avait été proposée pour la première fois en septembre 2023, et a depuis fait l'objet d'une consultation publique obligatoire.

Désormais finalisée, elle permet d'interdire l'attribution de nouveau bail d'exploitations pétrolière et gazière, responsables d'émissions de gaz à effet de serre, sur des millions d'hectares.

Cette région abrite des ours polaires et grizzlis, des caribous, et des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs, a souligné le ministère de l'Intérieur, chargé des terres fédérales aux Etats-Unis. Les populations locales chassent ou pêchent ces ressources pour leur subsistance.

Le gouvernement américain a également annoncé vendredi vouloir bloquer la construction d'une route en Alaska qui permettrait de mener à des zones riches en minéraux, notamment en cuivre, pour les extraire.

Ce projet pourrait poser un risque "pour la faune sauvage" et avoir des "conséquences irréparables sur le permafrost", selon le ministère.

- "Nécessaire" -

Les annonces ont été immédiatement applaudies par les organisations environnementales.

Mattea Mrkusic, de l'organisation Evergreen, a salué "une avancée nécessaire", en rappelant que l'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste de la planète.

"Nous applaudissons cette étape et appelons à des mesures encore plus courageuses pour faire en sorte de tenir l'industrie fossile à l'écart de l'Arctique, pour le bien du climat et des générations futures", a déclaré Jeremy Lieb, avocat pour l'organisation Earthjustice.

A l'opposé, la sénatrice républicaine de l'Alaska Lisa Murkowski a elle accusé le gouvernement de "limiter les emplois pour les habitants de l'Alaska, les revenus pour l'Etat, et la sécurité énergétique et minérale" des Etats-Unis.

Même son de cloche chez l'American Petroleum Institute (API), représentant le secteur pétrolier, qui a dénoncé un "nouveau pas dans la mauvaise direction".

L'annonce, qui intervient à quelques jours du "Jour de la Terre", pourrait aider le président Joe Biden a mettre en avant son bilan en termes de mesures climatiques.

Son administration a récemment annoncé plusieurs mesures d'ampleur, comme de nouvelles normes d'émissions polluantes bien plus strictes pour les voitures et camions à l'avenir.

En 2023, le gouvernement Biden avait toutefois approuvé un grand projet pétrolier en Alaska, le projet Willow du géant américain ConocoPhillips, déclenchant la colère des défenseurs de l'environnement. Ce projet, également situé dans la réserve nationale de pétrole en Alaska, ne sera pas affecté par la mesure annoncée vendredi.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président démocrate, le gouvernement "a maintenu son engagement à restaurer un équilibre approprié entre protection et développement", a déclaré vendredi sa ministre de l'Intérieur Deb Haaland.

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