Le Medef demande un plafonnement du prix de l'électricité

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Il faut plafonner le prix de l'électricité car de nombreuses entreprises vont choisir de baisser ou d'arrêter leur production en raison de prix de l'énergie trop élevés, a affirmé jeudi le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, sur BFMTV/RMC.

"Il y a beaucoup d'entreprises, et pas que quelques verriers comme on l'a vu, qui vont soit ralentir soit arrêter leur production", a déclaré le président de la première organisation patronale française. "Beaucoup d'entreprises qui font de l'industrie, mais pas que, ont des contrats à terme. Et là ces contrats à terme arrivent à terme, et les prix sont multipliés par dix ou par quinze", a explique M. Roux de Bézieux. "Évidemment elles sont incapables de répercuter ça dans les prix", a-t-il ajouté.

Il a cité l'exemple d'un "grand producteur d'aluminium" qui a réduit sa production de 40% parce que ses contrats à terme ne couvraient que 60% de sa production, et qu'au-delà, il était obligé d'acheter son électricité sur le marché à un prix trop élevé pour lui. "Il faut faire ce qu'ont fait les Espagnols, ce qu'ont fait les Portugais, qui ont eu l'autorisation de le faire avec l'Europe, c'est-à-dire plafonner le prix de l'électricité", a demandé le président du Medef. "Il y a des projets en Europe, mais il faut aller vite, car sinon on parle vraiment d'arrêts de production", a-t-il mis en garde.

Selon lui, il faut trouver un accord au niveau européen "avant la fin du mois". Pour le représentant patronal, au-delà des verriers comme Duralex qui sont très consommateurs d'énergie, "le problème se pose dans pratiquement tous les sites industriels" ainsi que "dans la distribution" et d'autres secteurs. "Un prix multiplié par dix ou par 15, ça change complètement tous les paramètres économiques", a-t-il résumé.

M. Roux de Bézieux a enfin considéré que le système d'aides à certaines entreprises mis en place avec l'accord de Bruxelles n'était "pas suffisant" et était "une usine à gaz" en raison de "conditionnalités imposées par l'Europe". "Ce dispositif d'aides ne fonctionnera pas", a-t-il prédit.

Mercredi, la Confédération des petites et moyennes entreprises avait réclamé dans un communiqué un "bouclier tarifaire européen pour les PME, tant pour le gaz que pour l'électricité". Soulignant que seulement un tiers des PME ont aujourd'hui accès au tarif réglementé de l'électricité, la CPME avait aussi demandé que toutes les entreprises puissent en bénéficier.

"Les alertes se multiplient, en particulier dans l'industrie ou dans l'agroalimentaire. Le renouvellement des contrats arrivés à terme montre que la marge de négociation des PME auprès des énergéticiens est quasiment nulle", s'inquiétait encore l'organisation patronale.

Commentaires

Christian Méda…

Conserver le signal prix et supprimer le monopole EdF de production ferait appel aux mécanismes naturel du marché et obtiendrait un effet bien plus sain et durable.
Pour l'instant, quand EdF arrête une centrale, le prix monte pour la production de ses autres centrales. En situation de concurrence, chaque producteur veillerait à ne pas faire monter les prix pour ses concurrents et entretiendraient jalousement la fiabilité de ses centrales nucléaires en collaboration avec l'ASN,. Ce qui est loin d'être le cas.

Et ce serait bigrement plus simple que les Tartam et autres Arenh tant critiqués mais bien français.

Régis

Il y a belle lurette qu'il n'y a plus de "monopole de production" d'électricité (qui n'a, de fait, jamais existé en tant que tel..)..
L'ARENH était justement "censé" permettre, grâce à la "concurrence libre et non faussée", aux 'concurrents' d'EDF-GDF de bénéficier de la "rente nucléaire" afin de "pouvoir investir" dans des moyens de production..
Ce que se sont empressés de ne pas faire la plupart de ces "concurrents", préférant jouer à la bourse de l'énergie, en achetant "à pas cher" sur le marché, quand, notamment l'Allemagne et les pays Lettons envoyaient leur surplus d'électrons (éolien..) sur le réseau européen..
Et en pleurant pour avoir plus d'ARENH quand les prix étaient (déjà) trop élevés sur le marché..

Pour ce qui est de l'investissement privé dans le nucléaire..déjà que le privé le fait peu dans les ENR pourtant réputées moins coûteuses, et largement subventionnées..
Pour la maintenance plus 'fiable' faite par le privé, il n'est qu'à voir les scandales que l'on constate dans l'agroalimentaire..
De tout temps (encore plus aujourd'hui) les 'gestionnaires' d'entreprises (heureusement pas tous) voient la maintenance comme un coût..qu'il faut absolument réduire..
D'autre part, la maintenance dans le nucléaire ('public') est déjà réalisée en grande partie par le privé..

Quant au MEDEF, il a la mémoire courte..
Qui a poussé à la roue pour "libéraliser" les marchés de l'énergie ?

Christian Méda…

C'est bien là le problème : le marché n'a pas été libéralisé et je répète, 100% de l'énergie nucléaire est un monopole d'Etat sans aucun esprit de performance. Pire, à vous lire, l'échec de cette soit disant libéralisation du marché de l'électricité serait du à l'ouverture du marché.
Ouverture du marché de la commercialisation oui, pas de la production de masse qui, elle, est nucléaire. or c'est bien celle-là qui prise en défaut maintenant.

APO

C'est certain que le "Marché" libre mais faussé de l'électricité se retourne très violemment depuis quelques mois et cela va affecter sérieusement bon nombre d'entreprises... Le printemps risque d'être douloureux et les rêves de "ré-industrialisation" française massive vont rester en rêve...

Jean BLIN

Tiens ? j'avais cru comprendre de tous les discours patronaux que la loi de l'offre et de la demande était la règle, tant pour le commerce des marchandises et des biens que pour les ventes d'énergie comme la plus importante des ventes d'énergie, celle de la force de travail des ouvriers et employés en échange d'un salaire pour renouveler quotidiennement cette même force de travail.
Et aujourd'hui, les représentants des patrons veulent une loi d'Etat qui décide du prix des énergies électriques à la place de la loi du marché ?

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