Le Sénat adopte une proposition de loi visant à encadrer le développement de l'agrivoltaïsme

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Le Sénat a adopté jeudi, en première lecture, une proposition de loi visant à encadrer le développement de l'agrivoltaïsme, une filière prometteuse combinant activité agricole et production d'énergie solaire, mais qui suscite des interrogations, voire des inquiétudes. Le vote a été acquis par 251 voix contre 3.

Examiné dans le cadre d'une "niche" réservée au groupe Les Indépendants, ce texte a donné un avant-goût des débats qui s'ouvriront dans moins de deux semaines dans l'hémicycle sur le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables (EnR). Une soixantaine d'amendements ont été âprement défendus.

"Le but de la proposition de la loi est bien d'ajouter un outil contre la catastrophe climatique", a indiqué son auteur, Jean-Pierre Decool. "Nos agriculteurs souffrent, l'agrivoltaïsme pourrait apporter un revenu complémentaire permettant de sauver des exploitations et d'améliorer les conditions de vie", a-t-il ajouté.

Le texte comporte une dizaine de dispositions "visant à encourager les projets alliant véritablement production agricole principale et production électrique secondaire tout en prévenant (...) l'essor incontrôlé de projets alibis", a précisé le rapporteur Franck Menonville (Indépendants).

Parmi les garde-fous, il prévoit un avis systématique de la Commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) et la "réversibilité" des installations.

Ce texte "prépare utilement les débats" sur le projet de loi EnR, a déclaré le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. Un amendement gouvernemental à ce projet de loi devrait d'ailleurs favoriser l'agrivoltaïsme. "Le gouvernement soutient déjà l'agrivoltaïsme", a-t-il souligné, "cependant il est nécessaire d'aller plus loin". "L'agrivoltaïsme suscite autant d'engouement qu'il ne divise puisque ce sujet se situe au coeur de deux enjeux majeurs, celui de la souveraineté alimentaire et celui de la souveraineté énergétique", a observé Guillaume Chevrollier (LR).

Sans s'y montrer opposés, plusieurs orateurs ont insisté sur la nécessité d'entourer son développement de précautions. La proposition de loi "manque encore de quelques garde-fous", a estimé l'écologiste Daniel Salmon, dont le groupe s'est abstenu, de même que les groupes PS et CRCE à majorité communiste.

"Légiférer sur l'agrivoltaïsme c'est mettre un pied dans la porte (...) pour crédibiliser la compétition entre l'agriculture nourricière et la production énergétique", a mis en garde le socialiste Jean-Claude Tissot qui a voté contre. "L'objectif principal doit rester l'alimentation", a insisté Fabien Gay (CRCE).

L'agrivoltaïsme "ne doit pas être une artificialisation déguisée des sols", a affirmé le centriste Jean-Pierre Moga, tandis qu'Henri Cabanel (RDSE à majorité radicale) soulignait avec un jeu de mots qu'il "ne doit pas faire de l'ombre au photovoltaïque sur les toits et sur les friches".

Commentaires

EtDF

La méthanisation a démontré ses limites et ses effets pernicieux en Allemagne, tout comme l'éolien et le PV.. Ce pays n'a tenu le coup (et les coûts) que grâce au gaz et pétrole russe abondants et pas chers... Et voila que l'on pousse notre agriculture dans la même ornière (disons l'agriculture traditionnelle et non pas la grande agro-industrie qui tire les marrons du feu à coup de subventions). Il y a encore quelques esprits éclairés et instruits, mais le GROS reste est bien sombre!!

"Légiférer sur l'agrivoltaïsme c'est mettre un pied dans la porte (...) pour crédibiliser la compétition entre l'agriculture nourricière et la production énergétique", a mis en garde le socialiste Jean-Claude Tissot qui a voté contre. "L'objectif principal doit rester l'alimentation", a insisté Fabien Gay (CRCE)
.La proposition de loi "manque encore de quelques garde-fous", a estimé l'écologiste Daniel Salmon, dont le groupe s'est abstenu, Ont ils des craintes quant aux risques de pollution sévère?? (fuites de méthane, fuites de digestat, appauvrissement des amendements... ..)
"L'agrivoltaïsme "ne doit pas être une artificialisation déguisée des sols", a affirmé le centriste Jean-Pierre Moga"

Jean BLIN

251 sénateurs contre 3 sur 348, ce qui montre l'ignominie de ces "grands élus" en général plus gros que grands qui choisissent de refuser la réalité de la plupart des agriculteurs, particulièrement ceux des petites exploitations, les éleveurs qui n'ont pas de cultures à mettre sous les panneaux, les jeunes qui ne peuvent pas s'installer à cause des prix d'achat très élevés des terres que s'offre les agri-voltaîstes comme Sun'R, et plus généralement la cause de la paupérisation des agriculteurs : le prix d'achat insuffisant que leur impose les intermédiaires, l'agroalimentaire, la grande distribution.
Il y a un autre moyen de faire de l'ombre sur des cultures que le soleil inonderait trop de ses rayons et un revenu supplémentaire comme l'arboriculture ou le bois : c'est l'agroforesterie ! la pêche de vigne, c'est de l'agroforesterie depuis plus de 2 siècles.
Mais, pour les sénateurs qui ont voté ce texte, augmenter le revenu des agriculteurs en réajustant la balance entre paysans et industriels-grands commerces c'est comme augmenter les salaires : ce serait voter pour un système quasi communiste qu'ils appelaient "partageux" dans les années 1920. Quelle horrible idée ! Ce serait répugnant !

EtDF

Jean Blin,
Très non résumé de la situation. La paysannerie française (pas les industriels) est réduite à une peau de chagrin faute de revenus décents.. on lui offre de loger des champs éoliens, du photovoltaïque et maintenant de l'agriwattisme.... (c'est du méthane que l'on veut fabriquer aussi).....
Quant à ces "gros" grassement bien payés, il y a les inconti.....s déjà sortis de la Chambre et les insomniaques non sortis de leur chambre (en tout pour 27%), restent les incompétents et l'ignominie des autres...
La campagne (naguère une richesse française) est devenue un désert de toutes sortes, le monde rural est en survie mode quart-monde... .. NON, à Paris, on légifère de cultures gazogènes, de champs... de PV et de moulins à vent...
L"agroalimentaire importe depuis des plus pauvres encore et fait son beurre à coup de CO2 via les camions, bateaux et avions bientôt.... nourris aux bio-carburants de nos paysans (enfin ceux qui resteraient).. Fin de civilisation!.

Daphné

Désigner par un nouveau néologisme "agrivoltaïsme" une pratique qui a fait ses preuves avec simplicité dans d'autres pays, en particulier nos voisins espagnols est absurde. Regarder ce qui s'est fait ailleurs avec succès est impossible au coq français pourtant symbole de campagne. Agriculture et panneaux photovoltaïques ne sont nullement concurrents mais au contraire synergiques d'autant plus dans la perspective de saisons prolongées ensoleillées et chaudes. Il suffit de surélever les panneaux à 5 ou 6 mètres , espacer les rangées d'un mètre ou plus et cultiver dessous.L'ombre se déplace avec le soleil. Sous la couverture énergifère, semi-ombragée, les plantes poussent mieux, l'eau s'évapore moins vite, la terre reste plus meuble. On y plante non seulement des plantes fourragères , mais aussi des vergers, des jardins maraîchers, des pâturages pour le bétail plus au frais , moins écrasé de chaleur. Une seule loi , ce produit de revenus supplémentaires doit être intégré aux revenus agricoles. Les agricultueurs espagnols ont déjà commencé. Qu'attendons nous? Des lois auxquelles s'opposent des écolos ingnorants contre leur propre cause?? Je propose un partenariat EDF/ multnationales/ agriculteurs pour les investissements et booster la production française de panneaux photovoltaïques et de structures de supports élevés.

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