L'électricité en France en 2023, une année de records

  • AFP
  • parue le

Le bilan électrique 2023 pour la France présenté cette semaine par le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE recèle de multiples records.

Grâce à une production renouvelable au plus haut, un recours aux énergies fossiles au plus bas et une poursuite de la baisse de la consommation, le secteur électrique français a affiché un niveau d'émissions de gaz à effet de serre exceptionnellement bas l'année dernière.

Niveau d'émissions historiquement bas

Les émissions de gaz à effet de serre du système électrique français ont atteint en 2023 leur minimum historique depuis le début des années 1950 à 16,1 Mt de CO2. Ce chiffre reflète la progression des énergies éolienne et solaire, le redressement du nucléaire, une énergie peu émettrice, et le déclin de la production thermique à base d'énergies fossiles.

Les émissions unitaires de CO2 par kWh baissent de près de 40% par rapport à 2022 et s'établissent à 32g. Ce très faible niveau d'intensité carbone permet à la France de rejoindre selon RTE le club restreint des pays européens les plus faiblement émetteurs (Suède, Norvège, Suisse, Autriche), tous quatre disposant de grandes capacités hydrauliques.

Solaire et éolien au sommet

Côté production, les énergies renouvelables poursuivent leur développement et, de plus, "les conditions météorologiques ont été favorables à la production éolienne" relève RTE dans son bilan annuel. Résultat: une année record pour l'éolien à 50,7 TWh comme le solaire à 21,5 TWh. Ces deux énergies ont représenté en cumulé 14,6% de la production d'électricité en France qui s'est élevée à 494 TWh.

"La filière éolienne en particulier est redevenue la troisième filière de production devant le gaz", derrière le nucléaire (64,8%) et l'hydraulique (11,9%), et "son volume de production se rapproche de plus en plus de celui de la filière hydraulique", souligne RTE . Le développement des parcs éoliens et solaires reste toutefois en deçà des objectifs fixés par la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) à l'horizon 2023, soit 22,8 GW installés fin 2023 au lieu de 26,5 GW pour l'éolien et 19 GW au lieu de 20,1 GW pour le solaire.

Nucléaire et barrages remontent la pente

L'année 2023 a surtout été placée sous le signe de l'amélioration après une année 2022 noire. L'hydraulique s'est nettement redressé après une année 2022 particulièrement sèche: la production s'est établie à 58,8 TWh contre 49,6 TWh en 2022, son plus bas niveau depuis la sécheresse de 1976.

Empêtré en 2022 dans la crise de la corrosion sous contrainte, le nucléaire, avec une production de 320,4 TWh "a retrouvé des caractéristiques plus proches de l'historique, tout en restant en écart par rapport aux années avant crise", constate RTE. En 2022, la production était tombée à un niveau historiquement bas depuis 1988, à 279 TWh.

Charbon et fioul au plus bas

La production thermique fossile a enregistré en 2023 son deuxième plus bas historique depuis 2000. Compte tenu de la baisse de la consommation, de la meilleure disponibilité du nucléaire et de l'hydraulique mais aussi de la forte production éolienne observée dans les mois de plus forte demande (janvier, mars, novembre et décembre), les centrales à gaz ont été moins sollicitées. La production s'est élevée à 30 TWh, soit 6,7% du total. "Le gaz devrait rester durablement à la quatrième place", derrière le nucléaire, l'hydraulique et l'éolien, pronostique Maïté Jauréguy-Naudin, directrice Statistiques et Données de RTE, auprès de l'AFP.

La production charbon a elle atteint son plancher absolu à 0,8 TWh, soit moins de 0,2% du total. Le fioul présente un panorama similaire, avec 1,7 TWh produit, soit 0,3% du total. Ces deux sources sont reléguées au rôle d'énergie d'"hyper pointe", pour équilibrer le réseau lors d'épisodes de fortes consommation.

Consommation au plus bas depuis 2003

Côté consommation, la baisse observée est historique, à -3,2% sur un an, passant de 460,2 TWh en 2022 à 445,4 TWh en 2023 en données corrigées du climat et du calendrier. Cette baisse est presque de même ampleur que celle intervenue l'année du Covid. Elle résulte à la fois des effets de sobriété mais aussi de l'"effet prix", en raison de la hausse des tarifs de l'énergie. La consommation d'électricité en France affiche ainsi son plus bas niveau depuis 2003.

Ajouter un commentaire