L'envolée des prix du gaz est due aux « erreurs » des Européens, estime Vladimir Poutine

  • AFP
  • parue le

Le président russe Vladimir Poutine a jugé mercredi l'Europe responsable de la crise du gaz, car elle n'a pas conclu suffisamment de contrats de livraison à long terme avec Moscou, favorisant ainsi l'envolée record des prix.

"Toute leur politique était de sortir des contrats à long terme et cette politique s'est avérée erronée", a-t-il déclaré lors d'une réunion avec les responsables du secteur énergétique russe, "ils ont fait des erreurs". "En conséquence, le prix du gaz a désormais battu tous les records historiques : aujourd'hui, il approche les 2 000 dollars par mille mètres cubes, soit plus de dix fois plus que le prix moyen de l'année dernière", a ajouté le président russe.

L'Europe, dont environ un tiers des besoins en gaz sont couverts par Moscou, affirme depuis des années son intention de diversifier ses sources d'approvisionnement, sans grand effet.

Selon Vladimir Poutine, les Européens auraient commencé à se reposer davantage sur les achats de gaz au comptant plutôt que sur des achats au long terme, les liant à Moscou pendant plusieurs années. Or, aujourd'hui, les ventes au comptant ne sont pas au rendez-vous. En référence à ces ventes d'appoint utilisés pour compléter les contrats longs, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré plus tôt qu'elles n'avaient "pas pu combler le manque existant", indiquant que la Russie était "prête à parler de nouveaux contrats à long terme".

Le prix du gaz a battu de nouveaux records mercredi, s'envolant de 25% sur les marchés européens face à une demande qui ne cesse d'augmenter avant l'hiver, couplée à une offre contrainte et des stocks réduits. Certains en Europe comme aux États-Unis accusent Moscou de ne pas ouvrir suffisamment les robinets afin d'obtenir la mise en service au plus vite de son gazoduc controversé vers l'Allemagne, Nord Stream 2, achevé et dont le remplissage a commencé.

En attendant, Gazprom affirme que sa production de gaz en 2021 devrait dépasser les 510 milliards de mètres cubes, un niveau jamais vu depuis une décennie, rappelle l'agence russe RIA. Selon cette dernière, Vitali Markelov, vice-président du conseil d'administration, aurait indiqué en marge d'un forum gazier à Saint-Pétersbourg mercredi que le groupe s'attendait à un hiver "froid" et "bon pour Gazprom". L'envolée des prix risque de frapper le consommateur européen au portefeuille.

Commentaires

Lecteur 27

Au delà des analyses de marché, assez riches et généralement assez exactes (la demande et l'offre, plus la géopolitique plus l'annonce urbi et orbi qu'on aime pas le gaz en Europe, presque assimilé au charbon, parce qu'on veut laver plus blanc que blanc - et que cela ne peut pas plaire aux producteurs/fournisseurs qui eux aussi doivent gérer, en ce qui les concerne, une transition énergétique), il me semble que le problème gaz des européens et en particulier des électriciens européens est là pour le très long terme. Le jusqu'auboutisme de nos approches "transition" nous pousse en effet à encourager la construction d'un maximum de "capacités" de sources renouvelables intermittentes, c'est à dire des système de production qui ne sont commandés que par la production ("l''offre") à l'inverse des marchés électriques qui, aux améliorations techniques et à la sobriété près, ne sont guidés que par la demande ... Les ENRi, on le sait donc d'avance, produiront trop ou pas assez, ce que nous démontre depuis plusieurs années l'energiewende de l'Allemagne qui a donc dû conserver (et accroître) ses capacités de production au charbon pilotables avec les GES que l'on sait. Le charbon allemand sera remplacé par du gaz ? Fort bien, mais la forte croissance actuelle des ENRi, partout en Europe et y compris en France, avec leur cortège d'intermittences inévitables et souvent mal à propos, condamne les électriciens européens non nucléaires à ne plus être capable d'acheter du gaz naturel dans le cadre de contrat long terme. Ils resteront de petits acteurs de court terme, anxieux d'avoir trop acheté ou effrayés par la modestie de leur stock. Bref, ce seront de piètres acheteurs de gaz. L'analyse de Vladimir Vladimirovitch Poutine est exacte et elle risque de le rester à l'avenir. A cause des conséquences croissante (en GWh) de l'intermittence, soulignée par les uns ou niée par les autres et qui, quand on la confronte au marché international du gaz (qui exige du long terme côté production, bien plus que le pétrole, a fortiori le gaz transporté par gazoduc), ouvre une nouvelle vulnérabilité stratégique pour les opérateurs et les consommateurs électriques européens - et pas seulement dans leur portefeuille, ce qui serait à peu près secondaire.

Albatros

La "transition" énergétique européenne ("Green Deal") est tout simplement suicidaire pour ce qui reste de l'industrie européenne. Il semble bien que la nouvelle coalition en Allemagne va parachever ce suicide.
L'UE ne saura désormais plus que produire des déchets qu'elle sera incapable de recycler faute d'installations industrielles.

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