Les producteurs d'hydrocarbures ne dépensent pas assez contre les fuites de méthane, accuse l'AIE

  • AFP
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Les producteurs d'hydrocarbures n'en font pas assez, malgré la spectaculaire hausse de leurs revenus, pour réduire leurs rejets de méthane, qui restent "obstinément élevés", estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans un rapport publié mardi.

Le méthane, deuxième plus important gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone, est la molécule du gaz naturel, mais vient aussi des vaches, des déchets ou du dégel du permafrost. Plus réchauffant que le CO2 mais à durée de vie plus courte (une dizaine d'années), il est responsable d'environ 30% du réchauffement mondial depuis la révolution industrielle.

Selon le rapport "Global Methane Tracker 2023" de l'AIE, les émissions de méthane liées aux secteurs du pétrole, du gaz, du charbon et de la bioénergie ont légèrement augmenté l'an dernier, approchant leur sommet de 2019. Le secteur de l'énergie a ainsi contribué à 40% des émissions de méthane liées à l'activité humaine, par les rejets ou fuites de gaz pendant leur extraction ou leur transport.

L'AIE dénonce "le manque d'action" des producteurs d'hydrocarbures, alors que les émissions de méthane provenant du pétrole et du gaz pourraient être réduites de 75% avec les technologies existantes, selon elle "très bon marché", comme la détection des fuites, ou la réparation des équipements.

"Il faudrait moins de 3% des revenus accumulés par les sociétés pétrolières et gazières dans le monde l'année dernière pour réunir les 100 milliards de dollars d'investissements (...) nécessaires pour atteindre cette réduction", indique le rapport.

"Des progrès ont été réalisés, mais les émissions sont encore beaucoup trop élevées et ne diminuent pas assez rapidement, alors que les réductions de méthane font partie des solutions les moins chères pour limiter le réchauffement climatique à court terme. Il n'y a tout simplement aucune excuse", a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, cité dans un communiqué.

L'explosion du gazoduc Nord Stream en septembre a fait échapper "une quantité énorme" de méthane dans l'atmosphère, mais les compagnies pétrolières et gazières en rejettent autant tous les jours, a-t-il remarqué.

En particulier, les trois quarts des 260 milliards de mètres cubes rejetés tous les ans pourraient être récupérés, recyclés et mis sur le marché, soit une quantité supérieure à l'équivalent des importations de gaz russe par l'Union européenne avant l'invasion de l'Ukraine, selon l'AIE.

Le rapport s'intéresse aussi aux émissions des mines de charbon, dont les émissions passent "souvent sous le radar" et qui devraient être incitées à faire un effort particulier, plaide M. Birol. Celles-ci font de la Chine le premier pays émetteur de méthane, selon l'AIE.

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