Les voitures électriques pourraient conquérir le monde à horizon 2035, selon l'AIE

  • AFP
  • parue le

Les voitures électriques et hybrides rechargeables pourraient faire jeu égal avec les voitures à moteur thermique dans les ventes mondiales dès 2035, selon de nouvelles projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui imagine un monde transformé par l'électrification.

Près d'un véhicule sur trois roulant en Chine pourrait ainsi être électrique (selon la définition incluant les hybrides rechargeables) en 2030, et un sur cinq en Europe et aux Etats-Unis, limitant les émissions de CO2 et la pollution atmosphérique, selon le rapport annuel sur la voiture électrique publié mardi par l'AIE.

En 2035, dans le scénario de l'AIE fondé sur les politiques publiques déjà en place, la moitié des voitures neuves vendues dans le monde pourraient être électriques, évitant la consommation de 10 millions de barils de pétrole par jour. Les utilitaires et les deux-roues suivraient peu à peu.

Pour réaliser ces estimations, l'AIE se fonde sur les engagements des Etats mais aussi sur les capacités de production des grands constructeurs et des fabricants de batteries.

L'agence intègre dans ces chiffres les ventes de voitures hybrides rechargeables, qui ont un moteur à essence ou diesel pour les longues distances, mais roulent idéalement en 100% électrique en ville.

Et pour accompagner cette électrification, il faudra multiplier par six le nombre de bornes publiques de recharge, selon l'AIE.

- Inquiétude -

Des marges réduites, des prix volatils des matières premières de batteries, une forte inflation et la suppression de subventions à l'achat dans certains pays comme l'Allemagne ont pourtant provoqué de l'inquiétude quant à la croissance du secteur.

Cet accès de faiblesse se concentre cependant sur certains pays européens. La Chine, premier marché pour la vente de voitures électriques, est moins touchée et "les ventes mondiales restent solides", note l'AIE.

"La dynamique des voitures électriques se maintient clairement dans nos données, même si elle est plus forte sur certains marchés", a indiqué le directeur de l'agence Fatih Birol lors d'une conférence de presse.

"Plutôt que de ralentir, la révolution globale de l'électrique semble se préparer à une nouvelle phase de croissance", a souligné Fatih Birol. "Avec une vague d'investissement dans la fabrication de batteries, la chaîne logistique s'apprête à s'accorder avec les plans ambitieux des constructeurs automobiles".

Même des changements politiques comme l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis ne ralentiraient qu'à la marge la transition, selon lui. "Si ces pays veulent rester compétitifs vis-à-vis de la Chine ou d'autres pays, ils devront continuer à investir dans les industries vertes".

A court terme, les ventes de voitures électriques devraient poursuivre leur forte croissance (+20%) en 2024, notamment en Chine.

Leur part de marché devrait notamment atteindre cette année 45% en Chine, 25% en Europe et 11% aux Etats-Unis, poussée par la concurrence entre constructeurs, la baisse des prix des batteries et des voitures, et des subventions.

En Chine, les modèles électriques sont déjà souvent moins chers que leurs équivalents thermiques. Cette performance devrait être atteinte d'ici 2030 pour la plupart des modèles sur les autres grands marchés automobiles, dont l'Europe.

Cette révolution profite pour l'instant à l'Américain Tesla, mais surtout aux constructeurs chinois comme BYD: les Chinois ont produit plus de la moitié des voitures électriques vendues dans le monde en 2023.

Et l'électrification ne concerne pas que les pays riches: certains pays en développement ont vu leurs ventes d'électriques exploser en 2023. Le Vietnam comme l'Inde vendent des voitures produites localement, tandis que la Thaïlande ou le Brésil importent en masse des véhicules chinois, a expliqué Timur Gül, spécialiste des énergies vertes à l'IAE.

- Nouvelles taxes? -

Si la transition se poursuit, il faudra que les Etats s'adaptent à la réduction de la manne fiscale provenant des carburants, qui pourrait représenter une perte d'environ 105 milliards de dollars au niveau mondial en 2035.

La chute des recettes fiscales liées aux carburants pourrait être compensée par des péages urbains ou des taxes kilométriques, notamment pour financer l'entretien des routes.

Il faut aussi que les Etats augmentent leur production d'électricité, prévient l'AIE: les véhicules électriques devraient représenter près de 10% de la demande électrique en 2035, contre 0,5% en 2023.

tsz/kd/ico/eb

Ajouter un commentaire