Nexans en ordre de marche pour son recentrage sur l'électrification : interview du directeur général

  • AFP
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Le groupe français Nexans, qui a annoncé en février un recentrage sur ses activités d'électrification, compte accélérer encore plus dans les liaisons sous-marines grâce au boom de la demande mondiale en énergie et à l'essor de l'éolien en mer, résume à l'AFP son directeur général, Christopher Guérin.

Le groupe a inauguré mercredi en Norvège l'Aurora, son nouveau navire qui pourra poser des câbles électriques sous-marins jusqu'à 3 000 mètres de profondeur.

Ce navire concrétise-t-il votre nouvelle stratégie?

L'Aurora est un vrai symbole physique de notre recentrage. Et il y a eu un tournant par rapport au moment où on a commandé le bateau il y a quatre ans: depuis on n'arrête pas de parler d'énergies renouvelables, de transition énergétique, des problématiques des réseaux électriques vieillissants qu'il faut renouveler, tandis que la demande mondiale en électricité ne cesse parallèlement d'augmenter.

La décision de se lancer sur un tel projet de bateau a principalement été portée par le développement de l'interconnexion électrique entre pays: environ 10.000 kilomètres de câbles pour connecter des pays ont été posés en vingt ans, et on estime qu'il va falloir en poser 30.000 à 40.000 kilomètres d'ici neuf ans pour répondre aux besoins. Le planning pour l'Aurora est quasiment plein jusqu'en 2024 !

L'éolien en mer est également un fort vecteur de croissance pour Nexans ?

On avait fait le pari d'investir 150 millions d'euros dans notre usine américaine de Charleston, en Caroline du Sud, pour qu'elle puisse fabriquer également des câbles sous-marins. Résultat, aujourd'hui on est les seuls à en faire aux Etats-Unis, qui sont donc +Made in America+. On a notamment gagné un contrat pour [relier] 100% des fermes éoliennes de l'Etat de New York sur les sept prochaines années et alimenter Manhattan.

L'Europe et l'Asie sont notamment très demandeurs pour l'éolien en mer. Et il faut des navires spécialisés et de grandes longueurs de câble pour raccorder ces fermes éoliennes car elles sont de plus en plus souvent situées loin des côtes pour générer moins de nuisances et bénéficier des vents du large qui sont plus forts et réguliers.

Par ailleurs, il va y avoir aussi besoin de bateaux spécialisés et de câbles dynamiques pouvant gérer les courants pour toutes les fermes éoliennes qui vont se développer en mode flottant, donc sans installation fixe sur des fonds sous-marins.

Vous comptez tirer parti de la transition énergétique, constatez-vous des progrès en la matière ?

Le Covid-19 a été un accélérateur, on est passé de la prise de conscience à l'action.

Pour arriver dans les habitations, l'électricité fait parfois des milliers de kilomètres. Et peut-être que bientôt, quand des gens voudront acheter une maison, ils demanderont d'où vient l'électricité qui l'alimente, comme on se renseigne sur le bilan énergétique d'un bien. Et peut-être aussi que sur certains immeubles, on mettra bientôt une petite plaque disant "cet immeuble est alimenté à l'énergie renouvelable".

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