Oman : rappels sur le sultanat, médiateur discret au cœur du Golfe

  • AFP
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Vétéran des chefs d'État arabes en exercice, le sultan Qabous d'Oman est mort vendredi à l'âge de 79 ans en laissant derrière lui un pays modernisé, qui s'est forgé sous son règne de près d'un demi-siècle la réputation d'un médiateur discret.

Oman a su préserver sa place au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dominé par l'Arabie saoudite, tout en maintenant de bonnes relations avec Téhéran, rival régional de Riyad, ayant notamment joué un rôle dans l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Voici quelques faits essentiels sur le sultanat d'Oman qui compte 4,6 millions d'habitants, dont la moitié sont des étrangers.

Emplacement stratégique

Le sultanat a un riche passé maritime, ses navires marchands ayant dominé au début du IXe siècle l'océan Indien, du Balouchistan à Zanzibar. Aujourd'hui, il partage avec l'Iran le contrôle du détroit stratégique d'Ormuz, par lequel transite près du tiers du pétrole mondial transporté par voie maritime. L'Iran a menacé à plusieurs reprises de bloquer ce détroit en raison des tensions avec les pays du Golfe, dont son rival régional l'Arabie saoudite.

Début 2019, Oman a déclaré avoir signé un accord avec les États-Unis permettant aux navires et avions de guerre américains d'utiliser ses bases maritimes et aériennes.

Oman est un producteur de pétrole moyen, qui pompe environ 1 million de barils par jour (Mb/j). Il n'est pas membre de l'OPEP (mais participe à l'accord de réduction de la production au sein de l'OPEP+).

Une politique étrangère modérée

Les pays occidentaux ont recouru à plusieurs reprises à la médiation d'Oman, notamment pour l'accord sur le nucléaire iranien, dont Washington a annoncé son retrait en 2018. Oman a aussi servi de médiateur entre Téhéran et Washington pour la libération de détenus, notamment celle de trois randonneurs américains détenus en 2009 en Iran, qui les avait accusés d'espionnage.

Ayant à la fois de bonnes relations avec Téhéran et Riyad, pourtant ennemis jurés, Oman est le seul pays du CCG à ne pas avoir participé à la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen contre les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran. Plus de cinq ans après le début de ce conflit, Oman demeure un terrain neutre où les belligérants ont tenu des pourparlers de paix.

Plus controversé, le sultanat a été le premier pays du Golfe à recevoir le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en octobre 2018, bien que les deux pays n'aient pas de relations diplomatiques. L'Égypte et la Jordanie sont les seuls pays arabes à avoir officiellement établi des liens diplomatiques avec Israël.

Un système de succession unique

Selon la Constitution, le successeur du sultan Qabous, qui n'a pas eu d'enfant, doit être un membre de la famille royale, "musulman, adulte, rationnel et fils légitime de parents musulmans omanais". Un conseil de la famille royale doit, dans les trois jours suivant la vacance du trône, choisir le successeur.

Selon des experts, plus de 80 personnes de la famille du sultan peuvent potentiellement lui succéder. Si la famille ne parvient pas à s'entendre sur un nom, la personne choisie par le sultan Qabous, dans une lettre adressée à la famille royale et censée être conservée dans un coffre-fort, lui succédera.

La nomination du successeur sur la base de cette lettre doit être supervisée par des hautes instances du sultanat.

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