Parc nucléaire : la prolongation de réacteurs après 60 ans doit être rapidement justifiée, insiste l'ASN

  • AFP
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EDF doit étudier et justifier sans attendre l'hypothèse d'une prolongation de ses réacteurs actuels au-delà de 60 ans, a indiqué lundi le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk, en insistant sur une nécessaire "anticipation". "L'ASN souhaite que l'hypothèse d'une poursuite de fonctionnement des réacteurs actuels jusqu'à et au-delà de 60 ans soit étudiée et justifiée par anticipation par EDF d'ici fin 2024", a affirmé Bernard Doroszczuk, lors de ses vœux à la presse.

Cette échéance doit permettre "une instruction approfondie débouchant sur une prise de position de l'ASN d'ici fin 2026 sur cette éventuelle possibilité de poursuite d'exploitation", alors que le parc nucléaire vieillit.

La plupart des réacteurs français ont été construits dans les années 1980 et approchent la quarantaine d'années, leur durée de fonctionnement initialement prévue. Le gendarme du nucléaire a acté en 2021 le principe de l'allongement de la durée de vie des plus anciens au-delà de 40 ans, avec des travaux.

Le Parlement doit légiférer, au mieux cet été, sur les objectifs énergétiques du pays, et la part dévolue à chaque type d'énergie, ce qui leur permettra ainsi d'acter, ou non, la relance d'un programme nucléaire souhaité par le gouvernement. En février 2022, Emmanuel Macron a annoncé vouloir doter la France de six nouveaux réacteurs EPR2 avec une option pour huit autres, pour accompagner la sortie des énergies fossiles et la croissance des besoins en électricité.

Pour le président de l'ASN, "les réflexions et le débat engagés sur les nouvelles perspectives nucléaires doivent porter sur l'ensemble du parc et pas seulement sur les nouveaux réacteurs". "Dans le cadre du débat actuel sur le nucléaire, les questions de sûreté et de radioprotection doivent être, selon l'ASN, revues globalement par anticipation et de manière systémique pour l'ensemble des installations nucléaires", a expliqué le président du gendarme du nucléaire en France.

La question d'une éventuelle prolongation des réacteurs les plus anciens, mis en service à la fin des années 1970 et dans les années 1980, doit être envisagée "avec au moins 10 ou 15 ans d'anticipation", c'est-à-dire "dans les 3 à 4 ans qui viennent", a-t-il expliqué.

Ces réflexions doivent également être menées sur "le fonctionnement et l'avenir du cycle du combustible et la gestion dans des conditions sûres des déchets associés", a souligné Bernard Doroszczuk.

Commentaires

Houyo

"une instruction approfondie débouchant sur une prise de position de l'ASN d'ici fin 2026 sur cette éventuelle possibilité de poursuite d'exploitation"
Oui bien sur. Et si cette "éventuelle" poursuite d'exploitation n'est pas accordée, on ira expliquer aux français qu'il n'y aura pas assez d’électricité dans le pays pour quelques dizaines d'années. L'ASN est donc tout à fait libre de prendre des décisions difficiles si elle le juge nécessaire... Tout va bien, on peut avoir confiance.

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